Il n’y a pas d’institution raciste
Christophe Castaner, 8 juin 2020
L’institution policière est structurellement raciste - on le sait.
Des policiers à titre individuel sont racistes, commettent des actes ou ont des propos racistes - on le sait.
Que la police et l’IGPN couvrent systématiquement les policiers en cas d’enquête - on le sait aussi.
Alors que des policiers à Marseille utilisent de manière routinière un terme raciste, en l’occurrence « négroïde », ce n’est malheureusement pas surprenant. Ça le devient un peu plus quand on apprend qu’il est utilisé dans des documents officiels, des procès-verbaux versés aux dossiers d’instruction depuis 2011 « par des policiers marseillais de différents services : la direction inter-régionale de police judiciaire, la sûreté départementale, la brigade criminelle ».
Cela veut dire que ces keufs se sont sentis à l’aise de l’utiliser à l’écrit, sur un document officiel qui porte leur nom, sachant très bien qu’il ne seraient pas sanctionnés. Cela veut dire que leur supérieurs ont au minimum cautionnés ces écrits racistes. Police raciste
Ces procès verbaux se retrouvent dans les dossiers des personnes inculpées déférées au tribunal. Cela veut donc aussi dire qu’ayant vu ces propos policiers racistes, les procureurs ont choisi de ne pas engager de poursuite pour propos racistes, les avocats se sont tu, et les juges n’ont pas daigné les relever. Justice complice
« Constatons qu’il s’agit de deux jeunes hommes négroïdes », « le véhicule est conduit par un individu corpulent de type négroïde », « le premier passant devant la caméra est de type négroïde » ou encore « le passager est de type négroïde ».
Extraits de PV consultés par Médiapart
Le 29 mai, en comparution immédiate, « une magistrate du tribunal de grande instance de Marseille a tenu à rappeler fermement “qu’il est inadmissible d’employer le terme “négroïde”. Ce n’est pas la première fois que je le vois. Il est régulièrement utilisé dans les procès-verbaux. Il faut que la police cesse. C’est un terme raciste” ».
Et comme toujours, une fois le fait raciste dénoncé, le silence :
- La direction générale de la police nationale (DGPN), au courant des fait, reconnaît que c’est un terme raciste, mais ne souhaite pas commenter le fait qu’elle n’ai rien entrepris.
- La présidente de l’audience de comparution immédiate, n’a pas souhaité faire de commentaire.
- Le ministre de l’intérieur Christophe Castaner n’a pas non plus souhaité répondre.
Seule Isabelle Gorce, présidente du tribunal de Marseille, a essayé d’« excuser » le terme : « l’emploi du terme “négroïde” par les policiers relève davantage d’un manque de vocabulaire, d’une pauvreté du langage. Il ne faut pas y voir la manifestation claire d’un préjugé raciste ». Au-delà de l’évident mépris de classe de la juge envers les policiers, qui manqueraient de vocabulaire, faut pas non plus nous prendre pour plus con que les keufs ! À bosser toute la journée à envoyer des gens en taule, on aurait pu espérer de la part d’une personne « avec du vocabulaire » une excuse un peu plus fouillée, ou mieux, qu’elle s’excuse d’avoir toléré cela !
La municipale n’est pas en reste
Le Point révélait en 2018 que le numéro 2 de la police municipale de Marseille publiait des messages islamophobe sur Facebook. Le patron de la « Mumu », Marc Laboutz, avait promis qu’il serait sanctionné ; deux ans plus tard, toujours rien !
Des paroles racistes aux actes, il n’y a qu’un pas ! Que semble sur le point de franchir cet officier de la municipale au racisme anti-Roms décomplexé, qui appelle à s’armer et à aller les attaquer.
Un policier municipal, considéré comme d’« ultradroite » et particulièrement virulent contre les Roms, qu’il assimile à des « rats », appelle les citoyens à s’armer pour se protéger eux-mêmes et demande aux chasseurs de prendre les armes pour défendre la France qui serait, selon lui, « en train de mourir ». Commentant en se filmant certaines de ses interventions en service, on l’entend dire en voix off : « Maintenant, y en a ras le cul. Maintenant, à chaque fois que je vais passer [devant un campement de Roms, NDLR], je vais ameuter tout le monde, il faudra m’abattre, car je ne vais pas m’arrêter. Marseille, on est le 28 mai 2020. »
Le Point
Comment expliquer alors que ce keuf abject soit toujours en poste, armé, dans nos rue ? Parce que que convoqué par sa hiérarchie, on lui a juste demandé de supprimer ses publications. Pas de sanction, ni même de procédure disciplinaire engagé pour faire semblant de prendre le problème au sérieux. Mais non, l’institution policière ne souffre pas de racisme systémique...