À Marseille, pour visiter des calanques malmenées par le trop grand nombre de visiteurs, il faudra dorénavant réserver sa place sur internet afin d’obtenir un laissez-passer. Une fois arrivé à l’entrée, guidé par le GPS du smartphone, il n’y aura plus qu’à présenter son QR code à des agents de sécurité d’une société privée. Le randonneur ou la randonneuse connectée qui planifie en avance ses sorties pourra alors circuler. C’est ainsi que le système technicien entend gérer l’espace qu’il a totalement colonisé : en scannant le bétail humain, en le contrôlant par le numérique intégral. Vous trouverez ci-dessous un court argumentaire sur les raisons de s’opposer à l’informatisation de l’accès aux Calanques. Pour plus d’informations vous pouvez consulter notre communiqué audio, ainsi que deux courriels pour inonder les messageries du Parc National des Calanques et de la start-up Troov (en complément d’autres moyens d’action).
Primo, nous tenons à rappeler que bien des combats seraient à mener en priorité. Ne citons qu’une poignée de nuisances historiques : les boues rouges qu’Alteo défèque dans le canyon de Cassidaigne, les eaux usées de la ville de Marseille rejetées au niveau de Cortiou, les allers-retours incessants de paquebots et autres pétroliers dans la baie de Marseille, les projets d’urbanisme et leur inévitable lot de nuisances en tout genre. En considérant l’ensemble de ces nuisances, focaliser son attention et dédier une quantité d’énergie considérable à la gestion des nuisances induites pas les visites estivales de la calanque de Sugiton relève au mieux d’un naïf amateurisme et au pire d’une (ser)vile hypocrisie.
Secundo, mettre en place un permis de visite c’est décréter la fin de la nature comme pur espace d’évasion voire, osons le mot : de liberté. Improvisation, spontanéité, changement de plan ou détour imprévu n’ont plus leur place dans le monde merveilleux de nos gestionnaires-marionnettistes. Comme suspendus par des fils, nous verrions nos degrés de liberté réduits à la portion congrue : réserve en ligne, avance smartphone à la main, présente le code QR et tais-toi. Réjouissant. Par ailleurs, il est évident que cet accès conditionné à la nature sonne le glas d’une certaine forme de lâcher-prise. La parenthèse hors de la sphère socio-professionnelle quotidienne, de ses normes parfois assommantes et de ses codes établis devient de plus en plus difficile à ouvrir. Il découle inévitablement de ce genre de colonisation de l’espace naturel par la société technicienne une espèce de conformisme latent auquel la population doit accepter de se soumettre sans arrêt, sans que plus aucune césure ne soit possible.
Tertio, l’instrumentalisation de la nature et le dévoiement de la pensée écologique par des grands groupes industriels (d’intérêt privé) est tout bonnement insupportable. Bien confortablement installés sur leur piédestal technoscientifique, ces avatars décomplexés d’un capitalisme prédateur, suppôts d’un système basé sur un extractivisme outrancier, entendent tirer les marrons du feu. En considérant la nature comme un espace à conquérir et à gérer, en considérant que la destruction écologique est un marché comme un autre sur lequel il convient de maximiser les profits, quel horizon souhaitent-ils dessiner ? Après le smartphone, la smart city et les smart grids, bientôt la smart nature ? Sans nous. De notre côté, nous restons inquiet·es et incrédules face aux partenariats noués entre le Parc National des Calanques et des entreprises aussi peu soucieuses du monde vivant sensible. Pour ne citer que les plus importantes : CMA-CGM (transport maritime et logistique), Schneider Electric (électricité), Interxion (datacenters) et Ecoact (groupe ATOS).
Ne serait-il pas temps d’envisager le problème à la racine, en vue d’apporter une réponse plus satisfaisante qu’un pansement sur une jambe de bois ?
Nature et liberté !
Le Platane
leplatane@protonmail.com
Email au Parc National des Calanques
Email à la start-up Troov
Email au Parc National des Calanques
Dites non à la Smart Calanques de Sugiton
Si vous aussi vous refusez que les gestionnaires de la catastrophe dressent des barrières numériques dans les Calanques de Sugiton et des pierres tombées, alors écrivez leurs pour manifester votre profond désaccord.
Plusieurs médias peuvent être utilisés :
- le téléphone : 04.20.10.50.00,
- l’adresse postale : Parc National des Calanques – 141 avenue du Prado – 13008 Marseille,
- le courrier électronique : contact@calanques-parcnational.fr, françois.bland@calanques-parcnational.fr, zacharie.bruyas@calanques-parcnational.fr, anthony.zec@calanques-parcnational.fr
La lettre qui suit est une proposition. Libre à vous d’utiliser vos mots.
A l’attention du directeur du Parc national des Calanques,
A l’attention des gestionnaires d’une nature diminuée,
Vous nous avez imposé un permis de visite de nos calanques durant 45 jours de l’été 2022. Vous l’avez déguisé en solution de l’érosion accélérée du site pour justifier une restriction manifeste de notre liberté de circulation dans cet espace naturel.
Par le présent courrier, veuillez noter que nous pensons que cette « solution » est globalement inefficace pour le massif, injuste pour les laissés-pour-compte ou réfractaires du progrès numérique et laisse entrevoir des dérives autoritaire que le peuple chinois subit depuis 2018. De plus, nous considérons que vos liens avec des groupes industriels ne laissent rien présager de bon. La nature n’est pas un marché de plus à conquérir.
Enfin, nous ne souhaitons pas remettre en question l’espace de liberté qu’est pour nous la nature.
Pour toutes ces raisons, il nous parait essentiel de ne pas reconduire cette mesure expérimentale.
La nature ne peut être défendue au péril de la liberté.
Nature et liberté !
Email à la start-up Troov
Que fait Troov de vos données personnelles ?
Pour le savoir, il vous suffit d’envoyer le courriel suivant au service informatique de Troov (contact@troov.com)
Madame, monsieur,
Conformément à la loi Informatique et Liberté 78-17 article 49 et l’article 15 du règlement (UE) 2016/679 du 27 avril 2016, je vous contacte afin d’obtenir mes données personnelles que vous conservez.
Comme il est précisé dans l’article 15 2016/679 je souhaiterai en plus de la totalité de mes données personnelles obtenir ces informations :
- les finalités du traitement de mes données,
- lorsque les données à caractère personnel n’ont pas été collectées auprès de moi directement, toute information disponible quant à leur source.
Comme le précise la CNIL, je n’ai pas besoin de vous communiquer une pièce d’identité pour faire cette demande, sans doute raisonnable car émise de cet email et cela vous évitera par ailleurs de devoir gérer cette donnée sensible.
Nature et liberté !