A l’heure où nous écrivons ce texte, cela fait une quarantaine de jours qu’une révolte populaire gronde dans tout l’Iran, suite à la mort de Jîna Mahsa Amini, une jeune femme de 22 ans faisant partie de la minorité kurde, assassinée par la police des mœurs à cause d’un voile mal porté. Mal porté, car contrairement aux Téhéranaises de classe sociale plus élevée, qui portent souvent leur foulard de manière plus relâchée, Jîna n’avait pas les codes qui lui auraient permis d’éviter la police des mœurs (lieux à éviter, comportement adéquat, argent, contacts...). Dès la médiatisation du meurtre de Jîna, sa famille a été menacée, des pressions ont été exercées sur l’hôpital dans lequel elle se trouvait, et les journalistes ayant médiatisé l’affaire ont été arrêtées, le tout dans le but d’étouffer la nouvelle de son assassinat et les soulèvements qui allaient suivre.
En effet, la révolte qui a lieu en Iran ne concerne pas seulement le port du voile, comme nous l’assènent les médias occidentaux. Elle va bien au delà. C’est une révolte sociale, économique et politique, contre la vie chère, le racisme, la corruption, et la répression. L’Iran dans toute sa diversité ethno-religieuse , se soulève pour mettre fin au régime dictatorial de Khomeni et des mollah.
Pourtant, le traitement de la plupart des médias français de la situation en Iran, est à l’image d’une islamophobie décomplexée, mettant en opposition des femmes iraniennes retirant leur voile, et des femmes françaises qui décident de le porter, dans le contexte d’une loi séparatisme qui stigmatise les musulman.es de France. Ces médias portent une lourde responsabilité dans la banalisation de discours islamophobes et masque la complexité de la situation en Iran. Nous rappelons que le contexte français n’est pas celui d’Iran, et que partout, les femmes se battent pour la libre disposition de leur corps, incluant le choix de porter un foulard ou de l’enlever.
En tant que féministes antifascistes et antiracistes, nous ne pouvons penser notre lutte sans solidarité internationaliste. Nous soutenons toutes les luttes de libération des peuples contre les régimes dictatoriaux, fascistes et fascisants. Nous soutenons la lutte des femmes et minorités de genre en Iran et partout ailleurs, contre les régimes patriarcaux, et militons pour la libre disposition de nos corps, pour le respect de nos choix, de notre intégrité et de notre dignité.
En soutien à toutes les femmes et minorités de genre en lutte, ici comme ailleurs, contre le patriarcat, les violences sexistes et racistes. Contre l’instrumentalisation de nos combats, nous appelons à un cortège féministe, antifasciste et internationaliste le 25 novembre, à 18h30 sous l’ombrière du Vieux-Port.