L’État ne poursuit jamais qu’un but : limiter, enchaîner, assujettir l’individu, le subordonner à une généralité quelconque.
Max Stirner
Le SNU, fer de lance des nombreuses promesses du candidat Macron, soutenu dans cette initiative par tout un troupeau d’opportunistes (du sieur Dupont-Aignan à l’oracle Mélenchon), devra résorber le cloisonnement social entre les jeunes et être « un chemin d’émancipation des jeunes » [1].
Nous savions déjà :
- qu’il se reposerait sur deux phases, l’une obligatoire, l’autre non.
- qu’il serait coercitif (sans le tampon apposé pas de baccalauréat, pas de permis de conduire…).
- que sa vocation première est « citoyenne », mais que l’armée jouera un « grand rôle » [2].
- qu’il œuvrera à promouvoir un temps de cohésion et de vie collective (pas réellement la version « Nos jours heureux »).
Nous savions aussi, qu’il serait le firmament de la mixité sociale.
Nous savions aussi, qu’il serait « construit avec les jeunes et pour les jeunes » [3] .
Nous savions aussi, que quatorze organisations de jeunesse – hautement révolutionnaires à l’image de la FAGE – se prononçaient contre dès juin dernier [4].
Nous savions aussi, que la phase 2 (phase dite « volontaire ») laissait craindre le recours à une main d’œuvre bon marché dans divers secteurs (notamment à l’aide du Service Civique) pour tenter de maintenir un chiffre « bas » du chômage des jeunes.
Guitoune pour tous, tous pour guitoune.
Depuis ce 16 janvier, nous y voyons donc plus sombres.
Ce cher Gabriel Attal, le secrétaire d’État chargé de la Jeunesse, confirme une phase 1 en deux temps. Le premier se déroulant à l’aide de 14 nuits en hébergements collectifs, encadrés par encore on ne sait pas trop qui mais au minimum des militaires, et le second en mode « externat » pendant 15 jours. Une phase 1 obligatoire confirmée d’un mois !
Il annonce aussi que les jeunes ne seront pas accueillis dans leur département d’origine. Néanmoins rien n’est indiqué sur le déplacement.
Il indique que les jeunes seront regroupés en unité de vie de dix personnes, à l’aide de « conseils de maisonnées » [5] devant notamment servir à régler l’organisation du ménage et de la cuisine. Il est important d’ajouter que la jeunesse dormira soit au sein des internats de la macabre Éducation Nationale, ou au sein de bâtiments dépendant de la sacro-sainte Armée. Du fun comme perspective à ne pas en douter.
Mais ce n’est pas tout, regardons le début de programme annoncé et pas encore entièrement finalisé.
Si notre attention est retenue par des formations aux réactions à avoir en cas d’attentat (développer la psychose pour s’oublier) ou bien aux valeurs de la république, de là à parler d’endoctrinement, il n’y a qu’un pas. Le pire ? C’est qu’il y a pire.
En effet, dès leur arrivée, chaque jeune recevra un trousseau contenant un uniforme [6]. Chaque matin, le jeune sera levé à 7h et participera de 8h à 8h30 à la levée du drapeau et devra s’égosiller sur la Marseillaise. À la fin du moment intense de vie collective qui s’annonce, « une cérémonie républicaine présidée par le préfet ». Est-ce un service militaire ? Bien évidemment que non, halte à la provocation.
Enfin, ce cher Gabriel indique que 13 départements vont servir de test avec les premièr·es « appelé·es » dès ce mois de juin 2019. La région [PACA] n’échappe pas à cette phase test car [le Vaucluse] fera partie du processus d’expérimentation. Avant de conclure ajoutons que pour le moment le recensement des jeunes va être produit par les services des préfectures et que les premiers jeunes seront des volontaires (avec un objectif de 200 par département test), on peut donc douter de l’utopie de mixité. Surtout qu’est-ce qu’il se passera si les départements ne trouvent pas 200 volontaires ?
Feu aux guitounes.
Celui qui commande se déprave, celui qui obéit se rapetisse.
Elisée Reclus