Qu’on bosse ou pas, la loi travail on n’en veut pas

Tract provenant de banlieue parisienne, où il est question d’être contre le travail. Publié le samedi 2 avril 2016 sur le site de la coordination des intermittents et des précaires

Nous voilà enfin plein dans la rue. Des années qu’on attendait, des années qu’on essayait. On en a vu passer des trucs auxquels s’opposer. De l’impunité policière organisée à l’État d’urgence permanent, du greenwashing hypocrite de la COP21 à la loi Macron en passant par les menaces d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame des Landes, ça n’a pas manqué. On a arpenté les manifs de long en large, souvent trop seul.es ; et parfois même qu’on y était pas, fatigués ou assignés à résidence. Hé bien voilà, puisque nous sommes enfin nombreux.es, réveillé.es, au même endroit et au même moment, on ne va pas se priver de foutre un maximum de bordel.

Nous sommes contre le travail, entendant par là tous ces boulots pourris (avec ou sans CDI), où il s’agit toujours grosso modo, d’acheter, de produire ou de vendre des services et des objets inutiles, nuisibles, trop chers. Tout ça ne donne pas un sens à nos vies : ça les gâche. Être contre le travail ne nous empêche d’ailleurs pas de travailler. On bosse pour de l’argent quand il le faut, on tient des projets sans argent (journaux, cantines, lieux culturels, etc.) quand on le peut. Parfois même, certain.es trouvent un boulot payé qui leur convient. Ce n’est pas souvent mais on ne va pas se l’interdire !

On est contre le travail mais on défend quand même son code. Bizarre. C’est qu’on le connaît, nous aussi, le fameux « monde de l’entreprise ». Et qu’on sait bien ce que c’est de devoir « négocier », seul.e ou avec quelques collègues, avec son chef ou son patron. On a vécu les heures de trajet pour aller trimer, l’impossibilité de partir un peu plus tôt le jour où c’était important, la peur de faire grève au risque de se faire mal voir, la galère de se faire payer les heures sup’ au tarif légal... Alors quand le gouvernement essaye de nous faire croire qu’en supprimant un maximum de règles les patrons vont être de bonne humeur et trouver de super arrangements « gagnants-gagnants » avec leurs salariés pour ensuite pouvoir embaucher plein de monde, ça nous fait bien rigoler. Personne n’y croit d’ailleurs, car il s’agit surtout de mettre au pas les salarié.es pour le principe : simplement parce que Valls, Hollande et El Khomri croient à la loi du plus fort. Parce que l’idée d’un monde où les plus faibles s’organisent pour se défendre n’est pas du tout la leur. En prétendant « s’adapter » aux « réalités » d’aujourd’hui, ils veulent nous faire croire qu’il n’y a plus rien d’autre à faire. Désolés messieurs-dames, nous ne nous adapterons pas. Puisque vous nous attaquez, on se défend. Et défendre nos droits dans le monde du travail ne nous empêchera pas d’attaquer le travail. De le détourner, de s’y débattre, de l’éviter, de le saboter. Et de tisser des liens de solidarité, dans le travail et contre lui.

Quelques dizaines de personnes de banlieue parisienne

Précaires, chômeuses, fonctionnaires, doctorantes... qui bossent au black, en CDI ou sans salaires

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