Quand la justice de classe s’attaque aussi aux antifas marseillais ... Soutien aux 3 du Prado, et aussi à tou-te-s les autres !

Ce jeudi 2 février 2023 près du Prado à Marseille quelques deux cents manifestant’es s’étaient rassemblées pour protester contre l’ouverture à marseille d’un local du parti d’extreme droite "reconquête". La police était présente en masse, et a décidé de charger la foule plusieurs fois sans raison apparente et d’arrêter trois personnes. La justice les accusent d’hypothétiques "violences sur agent dépositaire de l’autorité publique" et du bien connu depuis les gilets jaunes "groupement en vue de...". Elles ont fait une longue garde à vue, puis sont passées devant la procureure sous le régime de "comparution immédiate différée" puis sont parties en détention provisoire. Leurs avocates ont fait une demande de remise en liberté, et ielles sont sorties quelques jours plus tard, elles sont en attente de leur procès prévu pour le 27 février 2023 [PROCES DESORMAIS EN MARS]

L’action des flics nous rappelle des histoires récentes sur Marseille de flics excités qui ont envie de casser du "gaucho". "Cassez vous sales gauchos" avaient dit les flics aux Chartreux en octobre dernier quand ils étaient venus en masse interrompre violemment une fête. On se rappelle des interventions musclés le soir du carnaval 2022, un défouloir pour la Bac (brigade anti-criminalité) venue taper dans tous les sens, ou encore l’arrestation par la police municipale en mode cow boys de gens soupçonnés de dégradation de caméras de video surveillance et la longue garde-à-vue humiliante qui s’en est suivie, tout cela sans suite judiciaire valable.

Les flics veulent montrer qu’ils tiennent la ville, et leur proximité avec l’extrême droite n’est un secret pour personne.

Les procureurs soutiennent et suivent les cow-boys : les personnes sont à chaque fois poursuivies pour des motifs montés de toutes pièces, fantasmagoriques. Dans un cas, les camarades seraient "une bande organisée" , dans un autre cas le rassemblement serait "un groupement en vue de...", "les militant.e.s" anti-gentrification en décembre auraient agi "en réunion". Ces suppositions sont des montages juridiques et policiers pour criminaliser et réprimer sans frein... des montages de "circonstances aggravantes" comme dit la loi qui permettent aux flics de prolonger les gardes-à-vue jusqu’à 96h, et qui permettent aux juges d’emprisonner tranquilles.

Chaque jour à l’intérieur de ce tribunal de Marseille, la Justice joue son cinéma et envoie des gens en prison sans qu’ielles aient de réelle occasion de se défendre, de parler, de se battre.

La comparution immédiate est un mode de jugement qui s’est normalisé alors qu’elle était conçue comme une exception. Le principe est simple : on juge la personne directement après sa garde-à-vue, alors qu’elle n’a pas dormi et à peine mangé depuis 48 heures (parfois plus), que l’avocat-e n’a eu accès au dossier que deux heures maximum avant l’audience et que les faits sont parfois douteux et peu probants ! Pour s’imaginer le truc, il faut savoir qu’une audience de compa immédiate à Marseille dure en moyenne 28 minutes, qu’importe les années de prison que la personne risque. Et ça peut aller jusqu’à 20 ans. C’est l’abattage ! Dans ce court temps, les personnes accusées et leur avocat.e.s n’ont que 2 minutes pour s’exprimer, les traducteur.ices n’ont que quelques secondes (quand iels sont là et parlent bien la même langue que la personne poursuivie). Un simulacre de justice basé sur des préjugés, et du mépris. Le seul moyen d’y échapper et d’avoir de meilleures conditions de procès : demander le report de l’audience pour préparer sa défense, mais à une seule condition : prendre le risque d’être placé en détention provisoire jusqu’à la date du jugement. À Marseille, quasiment toutes les demandes de report sont soldées par un placement en détention provisoire. Les rares exceptions concernent des personnes "bien insérées" dans la société qui ont la malchance de se retrouver là (car le fonctionnement de la justice leur permet d’échapper à la répression à bien des occasions). Bref, la détention provisoire est un pré-jugement qui vise à punir les pauvres.

Actuellement , parmi les 70 000 personnes en prison en France, un tiers ne sont pas encore jugées - soit-disant "présumées innocentes" mais pourtant enfermées en attente de leur procès, alors même que la surpopulation carcérale atteint parfois plus de 200%. Loin de pallier à ce phénomène, la construction de nouvelles prisons décidée en 2015 va juste permettre aux tribunaux de continuer à les remplir à l’aide de procédures expéditives comme la comparution immédiate. (sur ce plan de nouvelles prisons voir le blog : https://nibetonnimaton.noblogs.org/ )

Le placement en détention provisoire des 3 du Prado a été, à juste titre, dénoncé par nombreuxses d’entre nous. Mais gardons en tête qu’il s’agit là du fonctionnement quotidien de la justice, qui enferme les indésirables sans se questionner ! Cette décision est en effet politique, mais au même titre que toutes celles qui chaque jour conduisent à l’enfermement des pauvres, des sans-papiers, des personnes racisées, etc. Ne légitimons pas la logique profondément classiste de la comparution immédiate. L’ensemble des politiques pénales sont des choix politiques. Alors, cessons les différences entre délit politique et délit de droit commun et rallions-nous toustes contre le fonctionnement de cette justice qui perpétuent les oppressions !

L’égalité emmerde la légalité ! Et que crève la taule.

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