Madame Brigitte Morosof-Pietri est médecin. Elle fait partie de l’équipe du SAMU à la Timone et est médecin coordonnateur de l’hôpital de la Conception. Ses amis Facebook se nomment Chenoz, Fructus, Moraine... ça vous dit quelque chose ? Et oui, en plus de son boulot de médecin-urgentiste, madame Brigitte Morosof-Pietri était également conseillère municipale pendant 6 ans à Marseille. D’ailleurs c’est son ami Chenoz qui a relayé samedi 08/12 un de ses posts sur sa page facebook. Sur le dit-post, madame Morosof-Pietri nous explique qu’elle a « les noms et les âges » de ces « anencéphales dégénérés » qui « encombrent les urgences pour de la bobologie ». En d’autres termes, madame Brigitte Morosof-Pietri nous explique qu’elle va balancer tous les noms des manifestants qui viennent se faire soigner à la Timone en marge des manifestations, car elle en a simplement marre de voir son lieu de travail saturé par des idiots qui se plaignent pour un rien !
Le premier problème, c’est que madame Brigitte Morosof-Pietri semble avoir oublié que, selon l’article R.4127-4 du code de la santé publique : « Le secret professionnel, institué dans l’intérêt des patients, s’impose à tout médecin dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre tout ce qui est venu à la connaissance du médecin dans l’exercice de sa profession, c’est-à-dire non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu’il a vu, entendu ou compris ». En d’autres termes, madame Brigitte Morosof-Pietri semble avoir oublié que selon la loi et l’ordre des médecin, l’intérêt public prime sur ses petits problèmes d’appréciation personnelle. Or, cet intérêt public veut que chacun puisse être convenablement soigné et ait la garantie de pouvoir se confier à un médecin, même s’il est dans une situation sociale irrégulière/marginale, pour bénéficier de ses soins, sans craindre d’être trahi ou dénoncé.
Alors madame Brigitte, dites-nous donc ce qu’il vous arrive ? S’agit-il d’une tentative déguisée de vous faire virer de l’ordre des médecins pour obtenir une retraite anticipée ? Ou bien d’une décompensation en bonne et dûe forme ? Entre les deux, mon cœur balance...
Le second problème de madame Brigitte Morosof-Pietri, c’est que son agacement personnel semble avoir brouillé ses capacité de diagnostique et d’analyse de la situation. Pour un médecin urgentiste, ça craint ! En effet, Brigitte se plaint des manifestants qui viennent se faire soigner dans SES urgences pour des bobos. Malheureusement pour madame Brigitte, on a fait un petit relevé de la situation des blessés. Et parmi ces blessés on trouve : une personne inconsciente prise en charge par les pompiers, une personne avec un trauma crânien important infligé par la BAC, opérée en neurochirurgie et encore hospitalisée à l’heure où nous publions cet article, une personne avec un genoux et une cheville cassée, sans parler des arcades sourcilières et des fronts ouverts, des quelques mâchoires défoncées et autres plaies provoquées par les tirs de flashball sur les tête, aux visages, sur les thorax et sur les pieds.
Alors oui, madame, vous avez raison, les urgences étaient pleines de victimes des violences policière. Mais le fait que vous reléguiez au rang de bobos les comas, fractures, trauma crâniens et opérations en neuro-chir, ça en dit long sur le traitement que nous réserve vos services à l’hôpital de la Timone. Parce que, ne l’oubliez pas Brigitte, la santé, pour l’instant, c’est encore un service publique !
Quand à monsieur Gérard Chenoz qui poste sur son compte Facebook ce magnifique message d’appel à la haine : « Il faut casser les casseurs ! ce n’est pas comme cela qu’on manifeste ». S’est-iln vraiment demandé comment peut-on manifester, nous, quand la mairie et les pouvoirs publics refusent d’entendre nos voix ? S’est-il vraiment demandé comment peut-on manifester quand lui et ses collègues choisissent de construire un mur à 400 000 euros et de rénover une place à 20 millions plutôt que réhabiliter des logements qui s’écroulent sur nos têtes ? Comment peut-on manifester quand nous mourrons dans nos taudis à cause de leur politique de logement, que nous sommes expulsés manu militari sans perspective de relogement dans nos immeubles ? Comment peut-on manifester quand la mairie nous propose des relogements au deuxième étage sans ascenseurs, alors que nous sommes handicapés, quand la mairie refuse de nous faire une autre proposition quand on lui fait remarquer qu’on ne pourra pas monter ces escaliers, que les agents municipaux nous disent qu’on abuse ? Comment peut-on manifester quand la même mairie refuse de payer les obsèques de nos morts et les coûts des rapatriement des corps ? Comment peut-on manifester quand, lorsqu’on descend dans les rues pour exposer notre rage, notre impuissance et notre désarrois, leur police nous reçoit à coup de tabassage, flashball et lacrymo ? Expliquez-nous monsieur Gérard comment vous manifesteriez vous, dans ce contexte...
Alors c’est vrai que face à la violence des 8 morts et des 2000 personnes à la rue, face à la destruction de nos vies par vos politiques, la violence que monsieur Chenoz dénonce, elle nous parait exagérée et la vitrine de leur mairie, elle fait pas le poids !
Les casseurs c’est eux !