Comme nous l’avons déjà écrit ici, Stéphane Ravier est au sein du FN un des tenants de la ligne dure, plus proche de celle de Jean-Marie que de celle de Marine, et qui n’hésite pas à utiliser les services de divers groupuscules d’extrême droite comme les Identitaires, les royalistes de l’Action française ou encore les nationaux-bolcheviques et autres anciens de troisième Voie tendance Malliarakis (ne pas confondre avec le groupuscule de Serge Ayoub). Une stratégie que résume bien un des proches de Ravier, Christophe Pietrucci, dans une interview au journal le Ravi : « On n’est pas d’accord sur tout mais on se retrouve sur l’essentiel ». Sa proximité avec les militants du Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore (MNPA) est en encore un exemple édifiant…
Le Mouvement Populaire pour une Nouvelle Aurore (MNPA) a défrayé la chronique en septembre 2014 en profanant à Marseille la statue du responsable de la FTP MOI Missak Manouchian. L’histoire du MPNA est indissociable de celle de son président fondateur, Olivier Bianciotto alias Olivoi 13.
Issu de la mouvance skin et du milieu ultra, Bianciotto s’est présenté longtemps comme apolitique, fréquentant même les lieux tenus par la mouvance antifa. Son engagement au sein des Jeunesses Nationalistes Massilia (JNM) clarifie les choses, mais son expérience chez les adeptes de Gabriac et Benedetti tourne court après que les antifas ont déboulé au local où devait se tenir la deuxième réunion organisée par les JNM… Il suit alors la mode lancée par les Bonnet rouges et en novembre 2013 il est interpelé, bourré, avec cinq de ses camarades dont David Guichard alias Bello (dont nous reparlerons plus loin), devant le radar fixe de la commune des Pennes Mirabeau auquel ils venaient de mettre le feu. Bien qu’agent de sécurité chef de poste incendie, il a du mal à faire croire qu’il s’agissait d’un exercice d’entraînement ! Petit détail croustillant : à une époque, Bianciotto était le responsable du PC sécurité du palais de justice de Marseille…
Il finit par se convaincre qu’il lui faut créer son propre groupe, plutôt que de recevoir des ordres, et en juin 2014, on voit apparaître le sigle MPNA et un site internet du même nom.
Les premières actions fleurent bon la nostalgie pétainiste : commémoration des victimes des bombardements américains de 1944 à Marseille, cérémonie à la mémoire du maréchal Pétain… Bianciotto pousse la nostalgie vichyste jusqu’à se faire tatouer le devise de l’État Français « travail famille patrie », le tout rehaussé d’une jolie francisque !
Autre terrain privilégié pour le MPNA : la lutte contre l’homosexualité. À Avignon, les militants marseillais montent donner un coup de main aux Jeunesses nationalistes locaux pour le déploiement d’une banderole homophobe lors du défilé de la gay pride. La même action à Marseille débouche sur une distribution de gifles administrées par les antifas locaux, et l’action se solde par une fuite éperdue dans la cité phocéenne.
L’été étant propice aux voyages d’études, Bianciotto et certains de ses petits camarades participent à l’université d’été du Réseau identités [1] qui se déroule au château de Lignières. Bianciotto est l’un des trois intervenants d’une table ronde consacrée au « militantisme jeune », aux côtés d’un des fils Roudier et d’un responsable de la Ligue francilienne.
Puis, en septembre, c’est donc la « fameuse » action visant la statue de Missak Manouchian, au cours de laquelle on peut voir et entendre Bianciotto déclarer « Manouchian grosse merde, on ne veut pas de ça à Marseille ». L’enquête policière prend son temps, alors que beaucoup de gens savaient qui se cachaient derrière le sigle MPNA : Bianciotto et ses amis ont ainsi le loisir de monter tranquillement à Paris participer en octobre à la « Manif pour tous », mais en décembre, les flics décident de siffler la fin de la récréation, et Bianciotto est interpellé, mis en garde à vue et reçoit une convocation pour le tribunal correctionnel pour y être jugé début janvier 2015. À l’issue du procès, il est condamné à 100 heures de TIG ainsi que son camarade Guichard.
Mais entre la profanation de septembre et le début des ennuis début décembre, le MPNA et son président ne sont pas restés inactifs. On les retrouve ainsi le 1er décembre 2014 au cimetière de Marignane pour une cérémonie organisée par l’ADIMAD [2] « en hommage aux combattants de l’Algérie Française » i.e. les militants de l’OAS autour de la stèle érigée en 2005 pour leur rendre hommage. Le président J.F. Colin, ancien para qui a rejoint l’OAS, ancien membre de l’Œuvre Française et ex-candidat FN, dresse dans son discours le tableau du « spectre hideux de la France algérienne » et la cérémonie se conclue par l’appel aux morts de l’OAS.
Cet anniversaire est devenu le rendez-vous traditionnel de toute l’extrême droite régionale : outre les anciens de l’OAS, on y retrouve majoritairement des militants et des cadres du FN, dont son leader local actuel Stéphane Ravier. Ce dernier n’a manqué aucune des cérémonies, sauf, bien entendu, durant les deux ans pendant lesquels la stèle a été enlevée suite à une décision de justice. Cette année, Ravier était accompagné de deux de ses adjoints, Paul Rabia et Vincent Georgi.
Mais le FN n’était pas seul, et la nouvelle génération faf était là aussi, représentée par le Front de la Jeunesse Nationaliste, ex JN de Toulon, et par le MPNA [3].
Après la cérémonie a eu lieu une petite séance de photos souvenirs : on est entre soi, seuls les militants purs et durs restent pour partager ce moment si particulier aux côtés des « stars », dont Stéphane Ravier, sénateur maire, militant de longue date qui réussit l’exploit d’être aujourd’hui une des étoiles montantes de la génération Marine sans rien renié ni rien oublié des « fondamentaux » de l’extrême droite traditionnelle. Bianciotto et ses copains du MNPA posent ainsi aux côtés de notre cher Stéphane, qui déclarera bien sûr par la suite qu’il ne savait pas qui étaient ces charmants jeunes gens… Se serait-il fait piéger ? Difficile à croire, vu les liens tissés avec divers groupuscules d’extrême droite tout aussi folkloriques que le MPNA. Ravier sait en effet jouer des symboles et pratique avec excellence le clin d’œil de connivence : ainsi, lors d’un récent conseil municipal, il n’a pas hésité à reprendre la thématique du « grand remplacement » de Renaud Camus, banalisée par le Bloc Identitaire. Ravier sait bien que le Front est un géant avec une grosse tète et de petites jambes, que les groupuscules qui se trouvent dans son environnement peuvent lui fournir des cadres, des candidats, mais aussi les colleurs d’affiches ou les gros bras qui lui manquent encore…
Quant au MNPA, les ennuis ne sont pas finis : Bianciotto et Guichard doivent encore passer en procès pour l’incendie du radar d’une part, et d’autre part le webmaster du site n’a rien trouver de mieux que de commenter la décision de justice du style « Même pas mal » et de réécrire les mêmes insultes à l’égard de Manouchian,provoquant illico une nouvelle plainte des associations arméniennes…
Un nouveau crépuscule ?
La Horde