Solidarité inconditionnelle avec les manifestants inculpés pour soit-disant "tentative d’homicide"

L’Etat, jamais à court d’idées pour réprimer toujours plus durmement le mouvement social, accuse désormais certains manifestants de "tentatives d’homicide" sur flics là où il n’y a que "tentative de balayette" ou incendie de voiture. La solidarité doit aller à tou.te.s les manifestant.e.s inculpé.e.s depuis le début du mouvement, et à ceux-là en particulier... Exigeons leur libération immédiate ainsi que l’arrêt des poursuites !

Voici quelques extraits de textes qui circulent sur internet à ce propos...

Solidarité avec le copain de Nantes

Ce samedi 14 mai, un lycéen nantais de 18 ans a été mis en examen pour « tentative d’homicide sur personne dépositaire de l’autorité publique » après une garde à vue de 48 heures. Il a été immédiatement incarcéré sur un mandat de dépôt criminel. Cette inculpation est très grave, sans aucune comparaison possible avec les habituels « outrages et rébellion » et autres « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique » qui s’accumulent dans les audiences de comparutions immédiates. Elle inscrit les faits dans une procédure « criminelle » qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion à perpétuité…

Les faits ont été relatés par la presse nationale comme étant d’une « violence » extrême. En fait, un commandant de police qui n’avait pas réussi à reculer assez vite après une charge de ses CRS a été pris à partie par un groupe de manifestants qui lui ont asséné plusieurs coups. Le gradé a visiblement eu le nez fracturé et on a dû lui faire une quinzaine de points de suture. Par ailleurs, il n’y a pas d’éléments précis qui peuvent attester de la participation du jeune inculpé aux coups donnés. Tout reste donc très flou.

Ce qui ne l’est pas en revanche, c’est l’acharnement violent et méthodique déployé par les forces de police contre les manifestants depuis le début du mouvement. Passages à tabac (particulièrement à Nantes et à Rennes), coups de matraque, utilisation de grenades « désencerclantes » qui blessent en cas d’impacts directs, tirs avec leurs nouveaux flash-ball à hauteur de visage pour crever des yeux, etc. Tout le monde aura déjà pu apprécier l’efficacité de ces armes sur des images et vidéos diffusées sur Internet.

On entend répéter en boucle, « un commandant de police blessé »… Si cela vaut plusieurs années de prison, comment « comptabiliser » les multiples yeux crevés par des flash-ball, comment « évaluer » la mort de Rémi Fraisse et celle d’Amine Bentounsi abattus froidement par la police, pour ne citer que deux exemples… Et dans ces cas où ce ne sont pas des « tentatives » mais bien des « homicides », la justice prononce toujours des non-lieux ou des acquittements. Et là, l’Etat ne prend même plus la peine de faire croire que la justice en est une.

Oui, une bonne partie de la jeunesse n’a pas envie de se soumettre au pouvoir (qu’il soit financier, policier, militaire, politique) dont la règle est de voler les vies du plus grand nombre au profit de quelques-uns. Elle crie haut et fort depuis quelques semaines ce refus d’un monde d’exploitation. Et ils sont gentils ces manifestants de ne pas répondre plus violemment à cette déferlante d’uniformes qui vise à décourager la majorité des participants au mouvement en cours et à faire déserter manifestations et occupations.

Nous exigeons la libération immédiate de ce jeune homme. De toutes façons, il y a peu de chance qu’il échappe à un procès, mais au moins qu’il l’attende dehors et non pas emprisonné comme tant d’autres le sont déjà ; nous savons combien les peines sont plus sévères pour les accusés qui comparaissent menottés que pour celles et ceux qui comparaissent libres. Et qu’il ne serve pas de cadeau de la justice à des syndicats de police bien contents de se voir « aimés » par leurs collègues en robe noire. Qu’il ne serve pas non plus d’exemple repoussoir à une jeunesse qui refuse le monde qu’on lui prépare.

Il est partie prenante du mouvement actuel au même titre que tous les manifestants et grévistes qui y ont pris part. On ne le laissera pas tomber.

L’Envolée

Solidarité avec les 4 de Paris

Communiqué du Groupe de Défense Collective (Defcol) au sujet de l’arrestation de quatre personnes pour l’affaire de la voiture brûlée.

Quatre personnes ont été arrêtées et leurs domiciles perquisitionnés dans l’enquête sur la voiture de police incendiée lors de la manif du 18 mai. Ces quatre personnes ont été mises en examen samedi pour :

  • Tentative d’homicide volontaire
  • Violences volontaires en réunion sur personne dépositaire de l’autorité publique
  • Dégradations de bien publique en réunion
  • Participation à un attroupement armé

Le parquet a demandé leur placement en détention. A leur demande, les mis en examen ont obtenu un délai de quelques jours avant de passer devant le juge des libertés et de la détention (JLD). Mais (magie du droit) elles sont quand même passées devant le JLD qui les a incarcérées pour la durée de ce délai. Bref, elles sont en prison.

Comme cela a été dit par un des avocats, les quatre manifestants ont été ciblés sur la base de leur seul fichage. Certains d’entre eux avaient reçu des arrêtés d’interdiction de manifester qui avaient été annulés par le tribunal administratif le mardi matin. Le lien est évident et direct : il s’agit pour l’Etat de justifier ces arrêtés a posteriori par la garde-à-vue des personnes fichées.

Par ailleurs, les flics ont annoncé par des fuites dans la presse de possibles arrestations et perquisitions supplémentaires dans cette affaire. Il est difficile de dire s’ils mettront ces menaces à exécution mais l’idée est que toute personne fichée est potentiellement une cible. Il s’agit évidemment d’une mesure d’intimidation générale qui concerne de nombreux manifestants.

Les motifs de la garde à vue (qui comprenaient aussi l’association de malfaiteurs) et des mises en examen sont de ce point de vue révélateurs : l’attroupement armé, la bande organisée, l’association de malfaiteurs sont des manières commodes pour criminaliser la manifestation. Comme on a pu aussi l’entendre dans la bouche des juges lors de certaines audiences, le simple fait d’être présent dans une manifestation devient une raison suffisante pour être incriminé.

L’association de malfaiteur a par exemple été utilisée dans l’affaire des dégradations à Rennes, avec une perquisition dans un local syndical et la mise en examen de vingt personnes. Le parquet avait demandé leur mise en détention. Ils sont sortis avec un contrôle judiciaire.

Enfin, la qualification des faits en « tentative d’homicide » est évidemment un motif sensationnaliste, destiné à frapper les esprits et à alimenter la propagande de la presse. Le même procédé a été utilisé à l’encontre d’un manifestant nantais lui aussi placé en détention provisoire.

Lors des perquisitions, le Parisien rapporte que des « tracts antifascistes » ont été saisis. Les flics tentent de faire passer la possession de ces objets pour des preuves de culpabilité.

La répression s’adresse au mouvement social dans son ensemble. Il est nécessaire de se montrer solidaires de toutes celles et tous ceux qui sont visés.

Defcol


Tout ça pour une voiture ?

Retour sur une manif mouvementée.

On entend tout et n’importe quoi en ce moment sur la journée du 18 mai, et au sujet de cette fameuse bagnole de flics. Que les journaleux de tout bords en fassent leur beurre, tant mieux ou tant pis, cela ne nous concerne plus tellement. Le souci est que certains, qui étaient paraît-il là pour les mêmes raisons que nous, contribuent à la confusion au moment où des personnes subissent la répression. Je vais donc raconter ce que j’ai vu de cette journée.

Nous avions prévu de nous rendre sur la place, mais n’avions pas anticipé un tel déploiement et des contrôles aussi importants. Les gendarmes étaient présents à toutes les entrées et l’action symbolique que nous avions prévu n’a donc pu se faire, faute de risquer de perdre inutilement une belle banderole. Ce qui est toujours rageant pour les camarades qui on passé du temps à la faire.
Nous sommes donc venu les mains dans les poches, pour ainsi dire. Des gens se sont attroupés à côté du café sur la place même, et bientôt le rassemblement fut assez fort pour commencer à taquiner les gendarmes. Des poussées successives et prolongées, des slogans marrants, jusqu’à ce que l’équipe adverse, manquant de renfort pour nous arrêter, fasse usage de ses gazauses familiales. Jusque là rien de bien méchant, les gendarmes n’étaient pas casqués, il y avait beaucoup de journalistes, ce qui a dû les décourager d’être trop teigneux.

A partir de ce moment le rassemblement a reflué et bloqué le boulevard Magenta. Étant trop loin pour gêner le rassemblement d’Alliance, et ayant de toute façon la vue bouchée par les camions de gendarmes garés sur la place, la tentation était grande de partir et tenter autre chose. En effet, les gendarmes n’avaient pas bloqué les rues Léon Jouhaux et Beaurepaire. Des gens se sont alors avancés, appelant les autres à les rejoindre.

C’est à ce moment que certain.es voient le début d’une manœuvre policière pour nous faire partir d’un endroit qui les gênerait. Certain.es auraient vu un bacqueux avec un Levi’s passer les rangs de CRS, puis le même mec masqué avec un Levi’s qui tentait de faire partir la manif en sauvage, sacré témoignage. Ce que j’ai vu, c’est plusieurs dizaines de personnes appeler les autres à partir. Ceci ne s’est d’ailleurs pas fait sans mal car une ligne de gendarmes a tenté de s’interposer, mais ils étaient trop peu nombreux et déjà encerclés. Ce qui s’est probablement passé, c’est une mauvaise coordination entre CRS et gendarmes, à l’endroit où se croisaient leurs dispositifs. Nul besoin de nous ressortir cette foutue théorie de l’infiltration policière qui n’existe que dans l’esprit des conspis et des rouges qui voient le mouvement échapper à leurs petites théories étriquées.

Et quand bien même des flics auraient participé à lancer cette manifestation, quelle leçon devrait-on en tirer ? Admettons que nous étions trop gênants pour ne pas simplement rester là. Les flics auraient pu être tentés de nous faire partir de la place, mais dans ce cas pourquoi ne pas simplement faire avancer leurs lignes et nous avoir nassé.es dans la rue Jouhaux, loin de la vue de tous ? Ils étaient largement assez nombreux pour ça. Voulaient-ils aider Alliance à étoffer son propos en déclenchant des affrontements ? Il y en a assez en ce moment pour ne pas avoir à en rajouter. Le témoignage sous-entend même que les flics auraient pu être à l’origine de l’incendie de la voiture. Quand des personnes subissent de plein fouet la répression, voilà certainement une attitude responsable à avoir.

Que ces bouffons de trostkystes de Révolution Permanente-NPA s’abstiennent de donner des leçons au mouvement social, nous n’avons pas besoin de leur avant-garde et encore moins de leurs conseils de tièdes. Une bagnole de flics a été cramée en marge d’un rassemblement de condés, alors que tout contre-rassemblement avait été interdit et des membres d’associations de familles de victimes de la police harcelées ; le message est bon.

Une remarque d’ordre tactique néanmoins : une des vidéos montre le conducteur de la voiture sortir son arme de service, avant de la rengainer. Ce qui est à craindre dans ce genre de situation c’est que les flics se sentent suffisamment menacés pour faire usage de leur arme. Il serait bon de toujours prévoir une voie de fuite pour eux, au risque de subir un nouvel assassinat du type de celui de Carlo Giuliani.

Méfiance : des journalistes de France 2 tentent d’interviewer des gens pour leur faire dire que des membres d’un groupe particulier seraient responsables de l’action.

Solidarité avec les personnes arrêtées.

Erwin, groupe Regard noir

PS :

Nous n’oublions pas les camarades de Rennes poursuivis pour Association de malfaiteurs et Antoine incarcéré à Lille, ainsi que tou.te.s les autres...

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