Suites de la manifestation à Calais contre les frontières

Suite à la manifestation pour l’ouverture des frontières de samedi 23 janvier à Calais et à l’occupation d’un ferry, la police a procédé à 15 garde à vue. Huit personnes sont déférées ce lundi devant le tribunal de Boulogne sur mer pour l’occupation du ferry et risquent jusqu’à six mois de prison et une amende, un rassemblement est prévu devant le tribunal à 13h30. Trois italiennes sont en centre de rétention avec des obligations de quitter le territoire français.

Le procès est reporté au 22/02. Les six migrants sont placés en détention jusqu’au procès pour défaut de représentation, les deux militants sont placés sous contrôle judiciaire avec interdiction de se rendre dans la région.

Lundi 25 janvier

  • Huit personnes dont six migrants, ont été déferrées ce soir au Tribunal de Boulogne-sur-mer (ils passeront devant le procureur certainement, avec possibilité de comparution immédiate). Un rassemblement de solidarité est appelé pour 13h30 devant le tribunal.
  • Trois personnes d’origine italiennes sont au centre de rétention de Lille, avec une OQTF (obligation de quitter le territoire français)
  • Quatre gardés-à-vue (avec des papiers français) ont été relâchés ce dimanche en début de soirée

Dimanche 24 janvier

11h30 : D’après les dernières infos de la nuit, le migrant évacué par les pompiers à proximité de la jungle aurait eu un infarctus suite à des coups de matraques (sur la tête ou la nuque), mais ne serait pas en danger. Pas de mort donc (ouf !).

D’après la presse locale, il y aurait entre 31 et 35 arrestations (dont 15 garde-à-vue d’après le ministère). Les charges retenues seraient "intrusion sur une zone sécurisée et intrusion sur le navire [pour certains]".
Un point info est prévu à Paris ce dimanche, 17h au métro La Chapelle, pour faire le point sur la manif et les arrestations.

Samedi 23 janvier

19h 30 : Au moins 9 soutiens et 2 migrants arrêtés. Un homme est resté au sol environ 20 minutes sans bouger et sans assistance autre que les flics. Les flics locaux parlent de "malaise cardiaque".

18h 30 : Migrants et soutiens occupent un ferry dans le port de Calais. On ne connait pas leur nombre. Il y aurait des arrestations mais la situation est très floue. Les flics ont fait un gros périmètre de sécurité autour du port.

17h 10 : Les migrants et des soutiens tentent de percer un barrage policier qui les empêchait de revenir à la jungle. Ils envahissent les quais d’embarquement des ferries. Gaz lacrymogènes de la part des flics

14h 40 : Au moins 4000 personnes sont présentes à Calais en solidarité avec les migrants. Ces derniers sont très remontés suite aux attaques des fascistes d’avant hier. L’ambiance reste toutefois très bonne.

14h : Près de 400 personnes sont montées de Paris en solidarité avec les migrants.

Aux dernières nouvelles, une large partie de la jungle risque de se faire expulser violemment d’ici peu. Les ami-es anglais ont publié un appel à soutien et à action.

EXPULSION A VENIR ET MANIFESTATIONS, APPEL A SOUTIEN

Depuis octobre 2015, l’État construit un camp fermé à l’intérieur de la jungle existante, pour loger 1500 résidents. Le 5 janvier, la municipalité de Calais a annoncé qu’il ne tolèrerait seulement 2000 personnes vivant dans la jungle, et a commencé à forcer les gens à aller dans ce nouveau camp de conteneurs, à côté du camp Jules Ferry (également situé dans la jungle et accueillant 500 personnes). Ces camps contrôlés par l’État sont prévus pour les 2000 personnes « tolérées » par la municipalité de Calais.

La dernière fois qu’il y a eu 2000 personnes vivant dans les jungles à Calais c’était il y a quasi un an, en mars 2015. Depuis, les chiffres de la jungle ont constamment augmenté pour arriver entre 4000 et 6000 personnes, et tout le monde a été forcé de se rendre à un endroit : la jungle qui existe aujourd’hui.

En même temps que ce nouveau camp de conteneurs devait ouvrir, l’État a annoncé des mesures pour évacuer une grande partie de la jungle (1500 personnes). Depuis, le camp de conteneurs a ouvert et les gens ont commencé à s’y rendre lentement. L’État a l’intention qu’il soit plein à la fin du mois. Les gens qui ont été virés de la zone de construction du camp n’ont pas été les premiers à pouvoir s’y rendre.

En ce moment nous recevons beaucoup de questions à propos de quand les expulsions vont se produire ou commencer. Soyons clairs, elles ont déjà commencé ! Une date butoir a été donnée, et les gens doivent s’en aller avant le jeudi 14. A présent, une seconde date butoir a été communiquée, les résidents de la zone d’expulsion ont jusqu’au lundi 18. Une chose est claire, l’expulsion n’aura peut être pas lieu cette semaine, ni la semaine prochaine, mais elle aura lieu. La police de Calais a beaucoup d’expérience en matière d’expulsions et elle sait que la meilleure arme qu’elle a est la peur. La police sait que la tension est insupportable. Ça vous use de ne pas savoir quand un énorme bulldozer escorté par la police armée va arriver à votre porte. La municipalité de Calais sait aussi qu’un spectacle médiatique à grande échelle d’une expulsion va seulement profiter à ceux qui osent dire que l’État n’est pas une institution humanitaire ou de bienfaisance.

Ils voilent leurs menaces pour l’expulsion par la douceur de la compassion, ils commencent par offrir des espaces où dormir, limités dans un camp conçu pour piéger les gens et les priver de leur liberté. Ils continuent quand beaucoup de gens sont « relogés » dans d’autres villes ou quand la quotidienne violence policière et fasciste augmente de manière dramatique (pour plus d’infos sur les efforts temporaires de re-logement, voir ici). Ils ont continué quand l’Ofii et la police sont allés de tente en tente, faisant le compte à rebours des jours restants avant que les bulldozers ne viennent, s’assurant ainsi que les gens aient l’impression de n’avoir pas d’autre choix que de partir.

Harcelant psychologiquement et physiquement les gens pour qu’ils se fassent expulser, bien que peu veuillent partir, certains ont commencé à déménager dans d’autres parties de la jungle, ou même dans le camp de conteneurs. Peut-être que la « date butoir » va arriver et qu’il n’y aura pas de photos dramatiques, que les agences de presse manqueront leur part quotidienne de migrants battus et gazés mais le temps passe, et ça sera une expulsion, rien de moins.

Mais pourquoi expulser la jungle ? Il est crucial de se rappeler que la nouvelle jungle a été ouverte sur ordre de la municipalité de Calais en collaboration avec le gouvernement. Maintenant que le parti de Natacha Bouchart contrôle et la mairie et le conseil régional pour Calais, ils peuvent agir efficacement comme ils le veulent. Parfois cela vaut la peine de regarder en arrière, le dernier round de grosses expulsions était lent et interminable. Ils ont commencé en mars 2015 et ont continué jusqu’à la fermeture du squat de Galloo en juin 2015. Quand les expulsions des squats de la ville et de la jungle Tioxide ont commencé en mars, la police devait conduire tous les gens qui vivaient dans ces endroits en dehors de la ville dans une décharge, à côté d’une autoroute, avec peu ou pas d’infrastructures et la menace constante de la violence policière. A la place, ce qu’il s’est passé est que la jungle est partiellement devenue un espace indépendant où les gens, avec ou sans papiers, vivent ensemble pour étudier, jouer, construire, et organiser d’une manière anarchiste et autonome, manifestant et combattant pour une liberté que l’État aimerait détruire (oui, c’est aussi un espace violent, imprévisible, hiérarchique et dominateur, mais quelque part c’est intensément hiérarchique et égalitaire en même temps). La Jungle est devenue, d’une certaine manière, un bidonville auto-organisé où les gens réclament un peu de liberté dans l’ombre de la frontière. Cette liberté est une chose pour laquelle il est utile de se battre, et la chose que l’État ne peut pas empêcher !

En plus d’une autre expulsion interminable, quelques manifestations ont lieu en janvier.

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