Une Putain de mobilisation pour la journée mondiale de lutte contre les violences faites aux Travailleur.se.s du sexe
17 décembre 2021 - 18h - La Plaine
Cette date du 17 décembre prend racine en 2003, jour où un rassemblement de commémoration pour des femmes travailleuses du sexe assassinées fut organisé à San Francisco. Pour cette occasion nous appelons à une putain de mobilisation et prenons la rue en souvenir de nos mort.e.s (assassiné.e.s et suicidé.e.s) mais aussi pour montrer nos forces et notre détermination à lutter contre toutes les violences qui nous sont faites.
Nous dénonçons la stigmatisation stagnante du travail du sexe qui règne au sein de cette société hypocrite. Il est temps de mettre fin à ces normes moralisantes, pathologisantes et infantilisantes. Que les discours haineux et la violence qui nous assassinent cessent.
Nous dénonçons les amalgames entre la traite d’humain et la prostitution, les argumentaires abolitionnistes autour de la soi-disant exploitation des travailleur.se.s du sexe, et le complexe des sauveurs qui pensent mieux savoir que nous nos réalités.
Nous dénonçons soit disant féministes et leur abolitionnisme avec leurs propos transphobes, transmisogynes, classistes et racistes tout comme la Marlène Schiappa qui pense protéger des violences sexistes alors qu’elle ne véhicule que de sales idéologies oppressives.
Nous dénonçons tout.e.s ces voisin.e.s et citoyen.ne.s vigilant.e.s qui menacent et repoussent les collègues en les obligeant à se déplacer toujours plus à l’écart et loin des regards. Les entrainant à travailler dans des conditions encore plus dangereuses et précaires.
Nous dénonçons cette loi toujours en place de pénalisation des client.e.s qui nous précarise. Il est temps de reprendre le pouvoir et la parole, nous sommes concerné.es nous décidons ! Faisons taire les marionnettistes ridicules que sont les dirigeants et les médias.
Nous dénonçons les sites qui suppriment les cagnottes et paiement en ligne ainsi que les comptes professionnelles de certaines TDS ajoutant de + en + de précarité dans leur travail. Certaines osent même rembourser les clients... La preuve même de la non-reconnaissance de notre travail !
Nous dénonçons les faux clients qui usurpent les identités des collègues et utilisent leur image sans leur consentement.
Nous dénonçons cette société comme complice des agressions et assassinats de nombreuses travailleuses du sexe. Celle là même qui juge pour proxénétisme et enferme les collègues qui s’entraident.
Nous dénonçons le harcèlement que les collègues subissent dans la rue, sur les réseaux et jusqu’à chez elles/eux qui les poussent au suicide.
Nous dénonçons le silence dans lequel nous sommes enfermé.e.s, et la non prise en compte des agressions que nous subissons en tant que putes, femmes, trans, précaires, tox, sans-papiers.
L’année qui vient de passer fût le témoin d’une précarisation des TDS face à la crise sanitaire. Beaucoup d’entre nous ont dû changer leur mode de travail pour continuer à travailler, comme s’adapter aux horaires des couvres-feux pour échapper aux contrôle de flics et aux amendes ou accepter tous les clients quitte à se mettre en danger, les propositions étant trop rares pour se permettre le " luxe" de faire le tri.
La " gestion" de la crise a entraîné une baisse du nombre de clients, une réduction des tarifs et beaucoup plus de négociations de la part des clients en terme de pratiques, de conditions et de tarifs.
Ce texte a été écrit par des travailleuses et travailleurs du sexe indoor, camworker, qui sont en situation régulière, il est notre expertise. Il n’est pas représentatif de tout ce que les travailleuses et travailleurs du sexe peuvent vivre au quotidien.
Pour nos salopes endiablées et encorsées, en joggings ou en escarpins
Pour notre puterie enflammée et étincelante que leur morale n’abattra jamais
Pour nos adelphes de toutpart qui brillent dans leur solidarités
Pour nos auto-orga et notre envie de mettre fin au cis-teme et aux normes
Nous portons un message de feu ravageur à travers tous les paysages de cette société oppressive et tente de faire taire l’indisciplinée putasserie que sont nos vies.