Moussa Balde est décédé dans la nuit du 22 au 23 mai 2021 dans une cellule de la zone d’isolement, appelée Ospedaletto, du Centre de Rétention Administrative (CRA) de Turin. Le 9 mai, il avait été tabassé à Vintimille par trois Italiens et après avoir été hospitalisé, il a été enfermé dans le centre de détention, ignorant son grave état physique et psychologique. Moussa, originaire de Guinée, a été détenu en tant que personne non européenne en situation irrégulière, et il en est mort, enfermé dans une cellule. La mort de Moussa n’est ni une "fatalité", ni le résultat d’une chaîne de dysfontionnements, mais la conséquence du racisme structurel du système dans lequel nous vivons.
Moussa Balde et sa famille ne sont pas seuls
Le 14 octobre à 9 heures, se tiendra au palais de justice d’Imperia la première audience concernant les trois Italiens qui, le 9 mai 2021 à Vintimille, ont agressé Moussa Balde à coups de pieds, de poings, de (...)
Deux ans plus tard, la situation à Vintimille, même si c’est insupportable à admettre, s’est encore aggravée. Après presque huit ans de fermeture des frontières par le gouvernement français, qui a causé la mort directe d’au moins 42 personnes à cette frontière et dévasté la vie de milliers d’autres, les violences subies par les personnes en transit ne cessent d’augmenter. Rien qu’au cours des deux derniers mois, il y a eu la publication d’un arrêté "anti-dégradation" qui vise les habitats informels et les personnes qui les habitent, ainsi que des opérations de police aussi spectaculaires que violentes pour celles et ceux qui sont déjà contraint.e.s de vivre dans des conditions de marginalité extrême.
Au cours des premiers mois de l’année 2023, plus de quarante mille personnes ont débarqué sur les côtes italiennes. Cela démontre l’impraticabilité et l’absurdité absolues des politiques de refoulement en mer voulues par le gouvernement Meloni. Ces derniers jours, avec l’approbation de la Chambre des député.e.s, le décret Cutro est devenu une loi, ce qui conduira à une détérioration des conditions de vie et d’accès aux droits des personnes demandeuses d’asile ou d’autres formes de protection. Avec la déclaration de l’état d’urgence directement lié à la question migratoire, les financements des fonds européens post-Covid pour la reconstruction et les nouveaux dispositifs contenus dans cette loi infâme qui porte le nom d’un massacre, le gouvernement Meloni et son ministre de l’intérieur Piantedosi visent également à créer un système de détention de masse qui bafoue les aspirations légitimes à la liberté des personnes arrivées dans le pays. Ce n’est qu’ainsi que l’on peut interpréter la volonté d’ouvrir un CRA dans chaque région d’Italie et les transformations qui sont en train de s’opérer dans le système de premier accueil.
Dans ce contexte, l’Etat français continue de déployer un dispositif de contrôle et de rejet à la frontière, en renforçant la violence raciste et arbitraire des forces de police sur l’ensemble de la zone frontalière. Parallèlement, l’Italie et la France continuent de signer des accords bilatéraux avec les pays de l’autre côté de la Méditerranée, tels que la Libye et la Tunisie, se rendant ainsi responsables de l’augmentation des naufrages et des refoulements en mer perpétrés par des gardes-côtes et des gardes-frontières payés avec l’argent européen.
Le scénario des prochains mois à la frontière franco-italienne, encore plein d’incertitudes, n’est donc en rien rassurant et nécessite l’activation de toutes les forces de solidarité. Nous ne resterons pas sans rien faire face au racisme structurel de cette Europe qui détruit des vies ! C’est pourquoi nous invitons les collectifs, les mouvements, les organisations et les individus à descendre dans la rue avec nous pour une manifestation commémorative, mais aussi de revendication, que nous souhaitons accessibles à tou.te.s, avec ou sans papiers. Nous envisageons un moment qui permette à différentes voix de se faire entendre, et nous invitons tous et toutes à apporter leurs témoignages, leurs dénonciations, leurs réflexions et leurs revendications sur ce qui se passe à Vintimille et ailleurs.
Pour Moussa Balde et toutes les victimes de la violence raciste aux frontières !
Pour la liberté de circulation pour tou.te.s !
Contre les frontières, le racisme et la violence institutionnelle !
Pour l’abolition et la fermeture de tous les CRA !
Freedom, hurriya, liberté !
Centre social La Talpa e L’orologio - Imperia
Projet 20K - Vintimille
La famille de Moussa Baldé et ses proches