Je ne me souviens même plus des « raisons » pour lesquelles nous manifestions, si ce n’est que le parcours habituel était celui sagement contrôlé des centrales syndicales : du vieux-port à Castellane... Ce n’est qu’une fois arrivé à la fin que l’information à commencé à tourner : « Macron est à la mairie ! » Quelques jets de lacrymos plus tard, la tentative de départ en manif’ sauvage est coupée-court. C’est donc par le biais de la presse bourgeoise que j’ai pu apprendre, annoncé en grande pompe, et sous un œil positif, que le président de la république française rencontrait le maire pour parlementer sur la venue d’épreuves des Jeux Olympiques de Paris 2024 à Marseille.
Si quelques tracts contre la candidature olympique parisienne semblent avoir circulé à Paris, la venue partielle des jeux à Marseille semble ne s’être quant à elle faite justifier dans le langage du pouvoir que sous la forme d’une politique de décentralisation. Il fallait bien pouvoir continuer la liste commencée en 2013 avec la Capitale européenne de la culture : capitale du sport en 2017, de la gastronomie en 2019, Hôte de la biennale d’art Manifesta en 2020, et même une seconde fois capitale de la culture en 2018, même si personne ne sait au fond de quoi Marseille-Provence était alors la capitale ? C’est que ça doit faire bien sur le papier à en-tête, et celui là s’annonce déjà aux couleurs de Paris 2024.
Si les tensions locales autour des questions d’aménagement sont déjà houleuses, il semble encore y avoir une certaine passivité quant au passage de la mégamachine olympique à Marseille. C’est dans longtemps, et d’autres chantier de destruction semblent déjà se profiler, comme la percée du boulevard urbain sud à travers la pinède du Roy d’Espagne. Mais lorsque le chapitre local de l’organisation ATTAC a invité l’auteur Frédéric Viale pour présenter son livre Miracle ou mirage sur les Jeux Olympiques de Paris, illes l’ont fait un jeudi à 16:30, devant une pièce presque vide.[1] Ne pas faire de vagues ?
Une attention particulière avait alors été donnée à la fiscalisation du Comité International Olympique, mais certains aspects intéressants en sont néanmoins ressortis. L’ensemble des investissements dépassant de très loin les budgets sur lesquels ils auraient été jugés désirables, une partie des infrastructures, de transports en commun notamment, commence déjà a être payée sur le budget d’aménagement d’une collectivité territoriale du « Grand Paris » qui n’existerai pas encore... Pour ce qui en sera des logements d’athlètes, c’est à l’office des HLM de Seine-Saint-Denis, dans laquelle la plupart des infrastructures devront être installées, que reviendra la charge de leur construction, sous prétextes qu’elles pourraient être plus tard reconverties en logements sociaux, encore une fois à leurs frais.[2]
Dans cette grande messe du sport-spectacle, tou.te.s les acteur.ice.s de la paix sociale semblent donc y trouver leur compte, et la gauche n’est comme toujours pas en reste. Ainsi, l’ancien bureaucrate-chef de la CGT, Bernard Thibaut, affirmait dans le journal Libération, que « les syndicats tiennent à prendre leur part dans un évènement médiatique et populaire majeur. Dans un projet comme Paris 2024, il faut une place pour chacun [les multinationales et les syndicats]. » Ceux-là étant d’ailleurs tous inscrits comme membres du comité de candidature de la ville.[3] Pour Marie-George Buffet, député communiste du département 93, « Les JO de 2024 doivent être une source d’aménagement du territoire, »[4] « pour en faire une grande fête populaire »[5] Il semble difficile d’avaler la pilule selon laquelle si des dizaine de milliers de ’’jeunes loin de l’emploi’’ seraient recherché.e.s pour devenir bénévoles aux besoin de cette grande bête festive, ce serait au nom de ’’l’égalité des chances’’. C’est bien connu, chez Pole-Emplois au moins, qu’à ramasser des cannettes écrasées de Coca-Cola, tu y décrocherai une embauche...
Si tout ça résonne donc pour certain.e.s comme un refrain cognant sur des cibles habituelles, et se préoccupant de l’appareil du développement qui le suit, plutôt que du sport-spectacle en tant que tel, ou même de son esprit de compétition sous-jacent, il s’agit pour autant d’ancrer le fait qu’il n’y a rien à attendre de tou.te.s ces acteur.ice.s, et d’engager la discussion sur cette base, fort.e.s d’autres expériences de luttes contre la mégamachine olympique.
[1] Viale, Frédéric (ed). Paris JO 2024 : Miracle ou mirage ? Libre & Solidaire, 2019
[2] Pour Marseille, les seules dépenses déjà engagées sont celles de la réhabilitation de la Corniche Kennedy (28M ) et la transformation de la Marina du Roucas- Blanc en port-olympique, estimée à 30M.
[3] Libération, Jeudi 13 avril 2017, repris du site http://www.grouchos.org/
[4] https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/tout-est-politique/tout-est-politique-les- jo-de-2024-doivent-etre-une-source-d-amenagement-du-territoire-plaide-la- deputee-communiste-marie-georges-buffet_2607742.html
[5] Dans un appel co-signé avec 14 politicien.ne.s :
https://www.leparisien.fr/sports/paris-2024-l-appel-pour-le-sport-pour-tous-24- 06-2018-7790655.php