La forêt de Hambach est devenue ces dernières années le symbole de la lutte contre le charbon en Allemagne. Occupée depuis six ans par des militants écologistes, elle est promise à la destruction par son propriétaire, la compagnie d’énergie RWE, qui souhaite exploiter son sous-sol riche en lignite. Sur les 4.100 hectares que comptait la forêt à l’origine, il n’en reste plus aujourd’hui que 200. À la suite du feu vert de la justice allemande, RWE entend en raser la moitié à partir du 1er octobre. Le gouvernement régional de Rhénanie-du-Nord-Westphalie a lancé la semaine dernière l’évacuation de la Zad, officiellement pour « risques élevés d’incendie ».
Il s’appelait Steffen. Proche des milieux écologistes allemands, il couvrait depuis déjà plusieurs mois la vie des habitants de la Zad de Hambach. Ces militants s’opposent à la destruction de la forêt millénaire de Hambach, dans l’ouest de l’Allemagne, menée par la compagnie électrique RWE pour étendre une mine de charbon géante à ciel ouvert.
Ce mercredi 19 septembre, cela faisait sept jours que le jeune photojournaliste suivait l’évacuation surdimensionnée — 3.500 policiers, canons à eau, chevaux, hélicoptères — des quelque 150 militants de la Zad et de leurs 51 cabanes perchées dans les arbres. Peu avant 16 heures, il a chuté d’un pont suspendu entre deux cabanes, à 14 mètres de hauteur. Gravement blessé, il a été transporté en urgence à l’hôpital de Cologne mais n’a pu être réanimé et est décédé.
Selon le porte-parole de la police régionale, un policier serait venu au pied de l’arbre pour donner à Steffen M. une carte mémoire d’appareil photo. Le journaliste serait tombé en tentant de la remonter via un système de câbles et poulies. Le collectif Hambi Bleibt donne pourtant autre version des faits.
Communiqué des occupant.e.s de la forêt : Un journaliste est tombé d’un arbre et est mort – les activistes exigent un arrêt immédiat de l’intervention dans la Forêt de Hambach
Un ami qui nous a accompagné dans la forêt depuis longtemps en tant que journaliste, est tombé aujourd’hui à Beechtown d’un pont suspendu de plus de 20 mètres de haut et est décédé. En ce moment-là, la police et RWE ont tenté d’expulser le village de cabanes dans les arbres. L’SEK était en train d’arrêter un activiste près du pont suspendu. Notre ami y était apparemment en route quand il est tombé.
Nous sommes profondément bouleversé*s. Toutes nos pensées et tous nos désirs sont avec lui. Notre compassion va à tous les parent*s, ami*s et personnes qui se sentent concerné*s.
Nous exhortons la police et RWE à quitter la forêt tout de suite et à mettre fin à cette opération dangereuse. Aucune autre vie ne peut être mise en danger.
Ce qu’il faut maintenant, c’est un moment de repos.
Même si cela est difficile pour vous en ce moment, tout comme il est difficile pour nous de donner une telle indication factuelle : Nous recommandons, afin de protéger tous les activistes, de ne faire aucune déclaration et surtout de ne faire aucun témoignage devant la police. L’accident doit et va être assumé et réévalué, mais la police n’est pas l’endroit pour le faire. Leur intérêt est de blâmer les activistes.