La FI recalée pour plagiat

Où la politicaillerie ne fait même pas l’effort de soigner ses tentatives de récupération politique...

De mercredi à dimanche avait lieu chaque jour un rassemblement devant le MUCEM, à l’occasion de la semaine de l’exil, pour dénoncer la non-prise en charge des mineur.es isolé.es à Marseille par le Département, et sa présidente Martine Vassal. L’appel, lancé par des collectifs, associations et syndicats [1] en était relayé dans leur communiqué, que l’on peut consulter joint à l’article ci-dessous.

Or le mardi 25 septembre, le Groupe d’Action de la France Insoumise (GAFI) « Politique et solidarité avec les exilés » se fend lui aussi d’un communiqué étrangement similaire… Plagieurs de bas étages, les « insoumis » se sont contentés de copier-coller quelques morceaux choisis du communiqué original, sans en citer la provenance (voir au pied de l’article) .

Pour parachever ce travail classique d’invisibilisation des personnes et collectifs réellement engagés dans les luttes le GAFI se fend d’un autre événement Facebook, plutôt que de relayer celui déjà existant [2], et d’une petite publication Facebook post-action de récupération et de promotion de leur candidat aux européennes. Le tout assorti de quelques photos, prises par un.e photographe dont le parti pris artistique dénote une curieuse attirance pour les stickers et autres macarons, au détriment des premiers concernés du rassemblement.

Dans le même registre, mais plus amateur niveau com’, l’élu PS Benoit Payan a tenté de s’afficher lui aussi au rassemblement, avant de se faire promptement dégager par des militant.es alors qu’il essayait de tenir la banderole du collectif pour les mineur.es afin de se faire prendre en photo par une de ses acolytes.

Copié-collé-capté

Ci-dessous le communiqué original, en gras les parties reprises par la FI. On notera sans surprise que les paragraphes relatant les luttes menées par les mineur.es exilé.es et leurs allié.es figurent au nombre des parties omises.

Mineur.es isolé.es exilé.es en danger, le CD 13 hors la loi
[Pour un accueil digne des mineurs isolés à Marseille et dans le département - version insoumise]

Rassemblement mercredi 26 septembre à 18h30 sur l’esplanade du MUCEM, au moment de l’ouverture de la semaine consacrée à l’Exil.

Selon la loi et le Code de l’Action Sociale et des Familles, toute personne se déclarant mineure et isolée doit être hébergée et nourrie par le Conseil Départemental (CD)
en attendant l’évaluation de sa minorité et de son isolement. Le juge des enfants prononce ensuite une Ordonnance de Placement Provisoire (OPP) qui enjoint le CD de placer le jeune dans un foyer où il ou elle sera pris.e en charge, c’est-à-dire nourri.e, logé.e, soigné.e, accompagné.e dans sa scolarité et sa formation.
Il y a encore aujourd’hui à Marseille, de l’aveu même du CD, environ 300 jeunes, dont plus de 150 bénéficiant de cette décision de justice qu’est une OPP, qui ne sont toujours pas pris.es en charge. Certain.es sont mis.es à l’abri dans des hôtels plus ou moins salubres, les autres dorment dehors. Et seul.es ceux et celles qui sont hébergé.es à l’hôtel reçoivent des tickets repas. Ceux et celles qui ne sont même pas à l’abri n’ont aucun moyen de subsistance. Très peu sont scolarisé.es, aucun.e n’est accompagné.e au quotidien. Ceux et celles toujours en attente d’évaluation, ou déclaré.es majeur.es ont encore moins accès à leurs droits.

Face au silence du Conseil Départemental, et de sa Présidente Martine Vassal, en réponse à nos nombreuses interpellations, nous avions été contraint.es en novembre 2017 d’occuper une église sur le Vieux-Port avec 65 mineurs isolés délaissés pour alerter l’opinion publique sur leur situation. Il y avait alors 93 mineurs avec OPP à la rue. Dix mois plus tard, après deux réunions avec les décideurs, des échanges de courriers et d’innombrables contacts avec les professionnel.les des services concernés, force est de constater que la situation a empiré. Les jeunes eux-mêmes ont à maintes reprises tenté de se faire entendre, en se réunissant devant les locaux de l’ASE, ou devant le Conseil Départemental, et ont été reçu.es… par la police.

Le Conseil Départemental 13 est dans l’illégalité la plus flagrante, pénalement responsable de leur abandon. Il a été maintes fois condamné par la Justice à de lourdes astreintes, sans que la situation évolue. Les carences graves sont multiples, dans les domaines de l’hygiène élémentaire, de la santé, de l’éducation, de l’accompagnement socio-éducatif et psychologique.

Le CD 13 ne fait qu’amplifier les restrictions à l’accueil et à l’accompagnement des étrangers votées dans les lois successives qui régissent le statut des étrangers et demandeurs d’asile.
Mme Vassal a récemment déclaré que c’était à l’Etat de « prendre le problème » en charge, au prétexte qu’il s’agit de « politique migratoire ». Ce qui veut dire en clair que pour elle ces jeunes sont d’abord des étranger.es avant d’être des mineur.es, contrairement à ce que dit la loi, et que les migrations sont un problème. C’est ignorer superbement toutes les qualités de volonté et de ténacité de ces jeunes qui ont traversé le désert, les geôles de Lybie et la Méditerranée, faute sans doute de les côtoyer au quotidien. C’est ignorer toutes leurs richesses, c’est profiter de leur patience, c’est mépriser leurs souffrances. C’est surtout entretenir le discours et les pratiques de refus d’accueil de l’Etat de la part de la responsable, en titre et en droit, de leur protection.
Qui oserait abandonner dans la rue, sans aucun moyen de subsistance, des centaines de mineur.es français.es ?

Nous exigeons la prise en charge immédiate, effective et globale de tou.tes ces mineur.es exilé.es, comme l’exige la loi.

Premiers signataires : Collectif El Mamba, l’association Katilla, RESF 13, Médecins du Monde PACA, LDH Marseille, Emmaüs St Marcel, l’UJFP, Sud Education, 13, Sud CT 13, la CGT PJJ sud-est, Survie PACA, CALME, le Forum Civique Européen, et le Syndicat des Avocats de France.

Notes :

[1Le Collectif El Mamba, l’association Katilla, RESF 13, Médecins du Monde PACA, LDH Marseille, Emmaüs St Marcel, l’UJFP, Sud Education, 13, Sud CT 13, la CGT PJJ sud-est, Survie PACA, CALME, le Forum Civique Européen, et le Syndicat des Avocats de France.

[2La fonction « partage semble pourtant leur être connue, au vu des republications de la page Bouches-du-Rhône Insoumises et du candidat aux européennes Bernard Borgialli

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