Communiqué des occupant.e.s du théâtre de la Criée

En ce lundi 15 Mars, nous, étudiant.es, intermittent.es et professionnel.elles de la culture, déclarons rejoindre lemouvement national d’occupation des théâtres en investissant, jour et nuit, La Criée, CDN de Marseille.Nous ne pouvons plus tolérer le silence insultant du gouvernement.

Nous ne pouvons plus admettre l’écrasement de nos droits, espoirs et ambitions. Nous ne pouvons plus parler, penser ni créer sans lieu pour s’entendre, sans espace pour être entendus. Il faut redonner aux acteur.ices de la culture la place qui leur est due. Une telle exclusion n’est plus tolérable.

Étudiant.es de l’ERACM, des CFA des métiers du spectacle, élèves des conservatoires de région et professionnel.les de la culture, nous serons dans le théâtre et hors du théâtre pour créer et crier haut et fort,tous.tes ensemble, contre la farce qui nous est imposée. Le bâton vient de frapper son troisième et dernier coup sur le plancher encore neuf des scènes abandonnées, voici venu le moment où nous prenons la parole pour être entendus. Nos revendications n’ont pas changé, puisque le gouvernement refuse de répondre aux demandes pressantes exposées par tous.tes les technicien.nes et artistes militant.es.

Nous exigeons :

  • La réouverture des lieux de culture dans le respect des consignes sanitaires ;
  • Une prolongation de l’année blanche, son élargissement à tous.tes les travailleur.ses précaires, extras et saisonnier.ères entre autres, qui subissent les effets, à la fois de la crise et des politiques patronales,ainsi qu’une baisse du seuil d’heures minimum d’accès à l’indemnisation chômage pour les primo-entrant.es ou intermittent.es en rupture de droits ;
  • Des mesures d’urgence face à la précarité financière et psychologique des étudiant.es touché.es par la crise sanitaire ;
  • La mise en place d’un revenu pour les moins de 25 ans afin qu’elles.ils puissent se loger, se nourrir et vivre dignement ;
  • Un plan d’accompagnement des étudiant.es du secteur culturel en cours d’études et à la sortie pour leur permettre d’accéder à l’emploi. La proposition d’un prolongement du temps d’études et d’éligibilité aux fonds d’insertion ;
  • De toute urgence, des mesures pour garantir l’accès à tous.tes les travailleur.euses à l’emploi discontinu et auteur.rices aux congés maternité et maladie indemnisés ;
  • Un retrait pur et simple de la réforme de l’assurance chômage ;
  • Un financement du secteur culturel passant par un plan massif de soutien à l’emploi en concertation avec les organisations représentatives des salarié.es de la culture ;
  • Des moyens pour garantir les droits sociaux – retraite, formation, médecine du travail, congés payés - dont les caisses sont menacées par l’arrêt des cotisations.

Nous occupons l’intérieur pour qu’il se passe des choses à l’extérieur. Nous rejoignons cette mobilisation nationale pour que tous les lieux de culture deviennent la place d’une prise de parole commune à tous.tes les oublié.es, invisibilisé.es et précarisé.es par les décisions politiques illogiques, dangereuses et inutiles. Mettre la culture à l’arrêt c’est ajouter à la contrition du masque, l’enfermement de la pensée sensible. Ne pas répondre à la précarité c’est perdre la force, la joie et la richesse de celles et ceux qui permettent la force, la joie et la richesse. Ouvrir les théâtres c’est redonner vie à la parole et aux questionnements qui disparaissent au profit d’annonces brutales et d’exigences de résignations.

Nous ne nous résignerons pas. L’art a cela de beau qu’il ouvre à la fois le cœur et la tête.
Ouvrons. Occupons.
Les occupant.es du CDN - La Criée, Théâtre National de Marseille.

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