Vendredi 13 novembre, des terroristes de l’État Islamique ont assassiné 129 personnes à Paris et blessé 352 autres parce qu’elles avaient commis le "péché" d’écouter de la musique, de faire la fête, d’être vivantes. Après la sidération et la nausée, c’est de la révolte que nous éprouvons contre les individus qui ont détruit ces nombreuses vies.
Nous souhaitons aux rescapé-e-s et aux proches des victimes décédées de trouver du courage et de l’énergie pour reconstruire leurs existences.
Comme tous les intégristes religieux, les islamistes haïssent les femmes. Il ne s’agit pas d’une manifestation parmi d’autres de la haine morbide qu’ils éprouvent contre les personnes, les émotions, les expressions et toutes les manifestations de vie qui contredisent leur vision du monde, mais de son fondement même. Car de cette haine découle la volonté de réduire au statut d’objet, de détruire, d’annihiler tout ce qui pourrait exister hors d’un principe divin de domination masculine exclusive.
Daesh, dont la fortune est estimée à 2 200 milliards de dollars, a publiquement institutionnalisé les viols en série commis par ses membres contre des femmes et des petites filles Yazidies depuis août 2014, les réduisant à l’état d’esclaves sexuelles pour attirer de nouveaux candidats au djihad : le proxénétisme assumé comme outil de recrutement.
Les islamo-fascistes qui ont commis les attentats du 13 novembre ont entre autre pour objectif d’attaquer les quelques droits fondamentaux, souvent mal appliqués, que l’État français a cédé aux femmes au prix de longues luttes, vitales et existentielles. Ces luttes ne sont pas terminées, car si nos conditions de vie sont sans commune mesure avec celles des femmes qui survivent dans les territoires contrôlés par les milices et les armées islamistes, les violences et les discriminations faites aux femmes actuellement en France, avec la complicité de l’État et de ses institutions, sont encore massives. Mais ce n’est pas assez pour les terroristes de Daesh...
Cependant, tomber dans une haine et une violence en retour fondées sur la confusion et des amalgames entre les musulman-e-s modéré-e-s qui se positionnent en faveur de la laïcité et les prêcheurs obscurantistes dont le but est de convertir le monde entier (par la manipulation, la force ou la terreur), serait nous abaisser à leur niveau.
Tant qu’elles ne commettent aucune violence, les personnes aliénées à la religion nous inspirent davantage de respect que les dieux auxquels elles se soumettent. L’islam n’a pas à être considéré ni traité comme une religion « à part » que ce soit pour alimenter une rhétorique raciste ou pour interdire le blasphème. Comme toutes les religions, l’islam doit être critiqué. Il faut également combattre l’amalgame qui empêche beaucoup de gens d’envisager qu’on puisse être d’origine, de culture ou de nationalité Africaine ou Orientale tout en étant athé-e, voir anti-théiste et ne pas avoir envie d’être qualifié-e de « musulman-e ».
L’extrême-droite occidentaliste (Front National, Bloc identitaire, Riposte « laïque », etc...) se nourrit de ces confusions qu’elle cultive pour répandre sa propagande raciste et antisémite. Pudiquement rebaptisé « anti-sioniste », voici une haine bien partagée avec l’extrême-droite orientaliste dont les organisations terroristes islamistes sont la branche armée.
Mais le point commun fondamental entre toutes les extrêmes-droites quelles que soient leurs inspirations culturelles et/ou religieuses est la défense de la suprématie masculine qui sert à justifier les violences extrêmes commises contre les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s : mariages forcés, exécutions punitives, viols, crimes d’honneur, grossesses imposées, mutilations génitales, prostitution...
En dépit des prétentions affichées, l’État français participe lui aussi à la reproduction de ces violences patriarcales, en particulier envers les femmes, les enfants et les homosexuel-le-s demandeuses d’asile et sans-papiers qui fuient les persécutions et les lois patriarcales en vigueur dans leur pays d’origine (tels la charia ou le code de la famille de l’État algérien). Le fait est que les hommes bénéficient d’une plus grande marge de manœuvre, ne serait-ce que pour envisager l’exil.
Car ces personnes, femmes et enfants victimes de violences au sein de leur famille, de leur communauté, de leur pays, ne peuvent souvent même pas sérieusement envisager de s’échapper de leur village, voire du domicile du « chef de famille » où elles sont recluses.
Lorsqu’elles parviennent à s’enfuir, à leur arrivée en France au terme d’un chemin où elles meurent plus nombreu-se-s que les hommes, risquant davantage le viol, ou la capture par des réseaux esclavagistes, les persécutions spécifiques subies par elles ne sont pas officiellement reconnues comme des raisons valables pour obtenir l’asile politique : elles sont criminalisées, soumises à des tests osseux, condamnées à des amendes, enfermées dans des camps de rétention, renvoyées à leurs bourreaux... Celles dont le titre de séjour dépend de leur situation maritale et qui subissent des violences conjugales sont piégées, condamnées à espérer qu’elles seront toujours en vie le jour où elles trouveront éventuellement une issue dans un système où tout est fait pour qu’elles rencontrent davantage d’obstacles et de portes closes que de mains tendues.
Les nations et leurs frontières servent à délimiter les territoires appartenant aux hommes, pour les hommes et par les hommes. La France ne fait pas exception à l’accord tacite et ancestral qui constitue l’un des piliers sur lesquels s’est construit le patriarcat.
L’escalade sécuritaire, avec sa multitude de dispositifs liberticides, ne nous protégera pas contre le terrorisme. Au contraire, elle vise en réalité, à donner les moyens à l’État de nous ficher et de nous surveiller davantage pour pouvoir nous interdire de manifester, de nous rassembler et d’organiser notre combat contre toutes les dominations.
Elle relève toujours du même virilisme cynique qui menace gravement nos libertés fondamentales, ces mêmes libertés que les islamistes rêvent d’anéantir.
Seule la constance des luttes, et particulièrement des luttes féministes, libertaires et émancipatrices, saura faire obstacle à cette escalade mortifère