Ci-dessous les deux communiqués de presse des habitant.e.s du Raccoon, et de l’Assemblée Générale des étudiant.e.s de la faculté St-Charles.
Communiqué de presse des habitants et habitantes de la maison occupée/expulsée du "Raccoon"
Aujourd’hui, nous les habitants et habitantes du Raccoon (maison occupée située Place Thiers à Marseille) avons été violemment expulsés à partir de 6h30 du matin.
Ce squat, ouvert depuis 2014, a accueilli des dizaines de personnes sans logement sans distinction d’âge, d’origine, hommes ou femmes, avec ou sans papier. Il a été la maison d’une grande famille, accueillant ces derniers jours plus de 60 personnes. Par son intervention aujourd’hui,la préfecture nous a tous renvoyés à la rue ! La plupart d’entre nous sommes ce qu’on appelle des "demandeurs d’Asile" : nous avons fui nos pays en quête de liberté et de protection, et pour cela nous continuerons à garder la tête haute.
Nous dénonçons fermement le comportement violent et scandaleux de la police, lors de l’expulsion de notre maison, ponctuée de propos racistes tels que « Rentrez dans votre pays ! » ou « La France n’a pas besoin de vous ! ». Nous avons le même sang qui coule dans nos veines : mais aujourd’hui nous sommes en colère car nous n’avons pas été traités comme tels.
Nous disons que l’État français ne respecte pas les droits des demandeurs et demandeuses d’asile. Il ferme arbitrairement l’accès aux démarches d’asile, nous déplacent et nous refoulent dans d’autres pays européens ou des pays tiers malgré les conflits qui y ont court.
Pas de papiers, pas de maison ! Il ne respecte pas non plus le minimum d’accueil fixé par les lois européennes, nous refusant les places en CADA (centre d’hébergement pour demandeurs d’asile) auxquelles nous avons droit, mais se défaussant au vu et au su de tous sur les solutions de logement alternatif dans des squats comme le Raccoon, vers lesquels il n’a jamais hésité à envoyer directement des demandeurs/euses d’asile ou des mineurs isolés. Il finit par nous expulser avec mépris au gré de son calendrier politique. Nous souhaitons travailler, étudier : ces droits nous sont eux aussi systématiquement refusés.
Par ces méthodes, l’État pratique une politique de découragement,d’isolement et de déshumanisation des étrangers. Notre avenir est précaire et incertain. Nous ne savons pas où nous allons dormir ce soir.
Mais nous avons la volonté de rester soudés et de trouver un nouvel espace où habiter tous ensemble ici. Nous revendiquons la liberté de s’installer et de vivre comme tout le monde.
Nous apportons un soutien mutuel aux étudiants qui luttent eux aussi contre des lois antisociales, sécuritaires et racistes.
Ouvrez les universités ! Ouvrez les frontières !
Communiqué de Presse
Assemblée Générale des Etudiants de Saint-Charles
L’Assemblée Générale des Étudiants de Saint Charles se mobilise depuis le mois de décembre contre les réformes en cours dans l’enseignement supérieur et l’Éducation (Loi ORE, ParcourSup, remise en cause de l’arrêté Licence, réforme du BAC). Nous demandons au gouvernement le retrait de la loi ORE, et exigeons des financements suffisants pour que le service public soit capable d’accueillir tous les étudiants et bacheliers dans la filière de leur choix.
Le mouvement étudiant monte partout en France et notamment à Marseille. Depuis le 5 avril, deux amphis sont occupés au sein de l’Université d’Aix-Marseille par des étudiants mobilisés. À Aix et à Saint Charles, de nouvelles actions ont été votées en AG pour la semaine prochaine.
La logique libérale qui touche l’université touche également tous les services publics : santé, transports, éducation, justice... Face à ces réformes, de plus en plus d’individus et d’organisations font converger leurs luttes, comme cela s’est bien vu dans les mobilisations du 22 mars.
C’est dans ce contexte de montée du mouvement social qu’a eu lieu ce matin l’expulsion par la police de la maison occupée le Raccoon, à Marseille. Cette expulsion fait écho avec la politique sécuritaire du gouvernement (réforme du CESEDA, loi asile et immigration, circulaire du ministère de l’intérieur exigeant des associations qu’elles signalent les personnes en situation irrégulière).
Le Raccoon, accueillait depuis 4 ans des personnes sans abri et/ou en situation irrégulière. L’expulsion a eu lieu alors qu’un très grand nombre de logements restent inoccupés dans le centre de Marseille et que la préfecture ne propose aucune solution de relogement aux personnes expulsées. De plus, la fin de la trêve hivernale laisse la porte ouverte à d’avantage d’expulsions.
Dans le cadre de la convergence des luttes, l’Assemblée Générale des Étudiants de Saint Charles exprime sa solidarité envers les personnes expulsées du Raccoon. Nous demandons conjointement avec le collectif El Manba que des solutions de relogement soient proposées aux personnes expulsées ainsi que l’ouverture de places supplémentaires dans les centres d’accueil de Marseille.
L’AG des étudiants de St Charles et les habitant.e.s du Raccoon donneront une conférence de presse samedi 7 avril à 16h à la Fac St Charles pour expliquer leurs situations et leurs revendications communes.