Contre les expulsions, pour la réquisition : retour de la manifestation du 23/03.

Retour de la manifestation du 23/03, dans le cadre de la campagne LOGEMENT porté par les collectifs El Manba, habitant.es 100 rue de la République et Soutien Saint Just, soutenu par Un Centre Ville pour Tous, collectif du 5 novembre, Parastoo, Collectif des Habitants Organisés du 3e, Réseau Hospitalité Marseille.

No eviction without accomodation ! Pas d’expulsions sans relogement !

A une semaine de la fin de la trêve hivernale, une centaine de personnes se sont rassemblées au 1 place Sadi Carnot pour soutenir la lutte des habitant.e.s du 100 rue de la république, menacées d’expulsion,ainsi que pour dénoncer la situation catastrophique du logement à Marseille et ses nombreux logements vides alors que des milliers de gens sont à la rue.

Cette manifestation s’inscrit dans une campagne plus large, signée par plusieurs collectifs, pour demander la reconnaissance de l’Etat d’urgence logement à Marseille. Reconnaitre l’Etat d’urgence logement à Marseille permettrait à la Mairie de mettre enfin en place de vraies mesures pour lutter contre le non-accès au logement, comme l’application de la loi de réquisition de logements vides et la mise en place d’arrêtés anti-expulsion. Mesures qui avaient déjà été promises dans le programme d’engagement politique du Printemps Marseillais en 2020. Ces mesures permettraient aux personnes les plus précaires d’accéder à un logement stable et digne et ne plus vivre à répétition des expulsions, des remises à la rue qui les maintiennent durablement dans la précarité. Il s’agit donc d’exiger de la Mairie des mesures fortes en terme de logement pour une ville qui, malgré l’élection du nouveau conseil municipal, ne voit que trop peu d’évolutions des politiques en faveur d’un logement pour tous et toutes.

Face à des pouvoirs public qui font la sourde oreille aux nombreuses alertes sur la détérioration de l’accès logement à Marseille, plusieurs collectifs et habitant.e.s sont réunis pour une manifestation du 1 place Sadi Carnot aux Reformés, pour rejoindre un rassemblement nationale contre l’absence de place en hebergement d’urgence.

Sur la porte de l’immeuble du 1 place Sadi Carnot deux banderoles sont accrochées, rappelant l’ histoire du bâtiment et de ses anciens occupant.es ."50 personnes expulsées pour des travaux urgents, 6 mois plus tard muré et toujours vide".

En effet, le 1 place Sadi Carnot, est symbolique de l’ensemble de la rue de la République où, depuis maintenant plus de 10 ans, les bâtiments, renovés en façade, sont laissés vides. Les grands propriétaires : administrations publiques, collectivités locales, état, mais aussi banques, compagnies d’assurance, professionnels de l’immobilier, s’en mettent plein les poches et repoussent toujours un peu plus loin une partie de la population avec des loyers élèvés inaccessibles, et des achats de locaux gardés bien au chaud en attendant le jackpot plutôt que de les louer.

Devant le 1, place Sadi Carnot, les prises de paroles commencent, le texte d’appel de la campagne logement (https://mars-infos.org/stop-exuplsions-go-requisitions-6264), signé par les collectifs El Manba, Parastoo, les habitant.es de 100 rue de la République, le collectif des habitant-es du 113-115, le CHO3 (Collectif des Habitant.es Organisées du 3eme), le réseau hospitalité Marseille, l’Association des Usagers de la Pada, l’Association Mot à Mot, L’Association soutien 59-St Just est lu par les habitant.es du 100 rue de la République.

Les habitant.es du 100 rue de la République dénoncent les conditions d’hébergement du 115, dans les cas rares où le 115 offre une solution (seuls 2 appels sur 500 au 115 aboutissent à une place en hébergement d’urgence). Ils décrivent des lieux d’accueil insalubres, sans espace pour faire la cuisine,souvent en mixité, où les violences sexuelles et les vols sont une réalité. Les lieux ne sont quasiment jamais nettoyés et non sécurisés pour les enfants. Des nuits d’hôtels sont proposées à des familles avec des enfants en bas âge avec un seul lit pour toute la famille. La durée moyenne de la prise en charge est de 15 jours et des familles entières sont remises à la rue à la fin de trêve hivernale. Ces chiffres déjà au dessus de la moyenne nationale risquent d’empirer avec la suppression de 700 places au 115 en 2022.

Les habitant.e.s poursuivent leur prise de parole en expliquant qu’iels n’ont pas d’autres solutions que d’occuper des bâtiments vides.

On dénombre entre 5 000 et 9 000 personnes qui vivent en squat à Marseille... et n’ayant pas d’autres choix, souvent, que de payer tout de même un loyer à des marchands de sommeil sans scrupules...
Ielles dénoncent aussi les nombreuses expulsions subies depuis leur arrivée à Marseille. Ielles subissent une répression croissante entre les arrêtés d’expulsion démultipliés ces dernières semaines et leur mise en œuvre imprévisible, rapide et parfois violente de la police.
Ielles demandent, une nouvelle fois, à la mairie qu’ielles ne soient plus expulsé.e.s sans solution de relogement digne et durable, un endroit où ielles peuvent cuisiner, où les enfants ont la place de jouer, faire les devoirs et fréquenter régulierement l’ecole, ou ielles peuvent avoir une vie de famille.

Le cortège démarre avec énergie, sur la rue de la république, des slogans sont lancés et repris ardemment par la foule. "No eviction without accomodation" "so so so solidarité" "des logements sont vides, squattons la ville".

Un arrêt est fait devant la mairie avec de nouvelles prises de parole. Les habitant.e.s de la rue de la République étaient déjà venues à plusieurs reprises devant la Mairie, lorsqu’elles habitaient au 1, place Sadi Carnot pour demander des relogements dignes, demande laissée sans réponse. Ielles ont essayé également d’interpeller les élu.es sur leur situation, notamment en envoyant une lettre et un mail qui reste à ce jour sans réponse. Un habitant rappelle : "nous ne sommes pas des animaux, même votre chien dort sous un toit". La non-réponse des élues laisse croire à l’indifférence et le mépris d’une mairie qui pourtant déclare un programme tourné vers des mesures sociales et d’accueil inconditionnel.

Enfin, toujours sous les slogans et la fumée de fumigènes colorés, le cortège remonte la Canebière et rejoint les Réformés, où commence un rassemblement pour dénoncer les dysfonctionnements du 115, organisé par plusieurs associations. Chômeureuses, précarisées, squatteur.euses, sans-abris, collectifs et associations demandent aux pouvoirs publiques de prendre leur responsabilité quand à la situation catastrophique du 115 et de l’hébergement d’urgence à Marseille, qui, avec 14 000 sans-abris et 700 moins de place en région PACA, sont loin de pouvoir répondre à la fameuse phrase "un toit un droit"...

Plusieurs prises de parole y relatent des situations très variées, non prise en compte de situation médicale, pas le droit de venir avec un animal de compagnie, foyer où l’on ne peut pas rester la journée et surtout l’éternelle angoisse de savoir si ce soir il y aura un lit quelque part ou si il faudra dormir à la rue.

Nous demandons à la Mairie de Marseille l’arrêt des expulsions sans relogement digne, non à l’expulsion du 100 rue de la République !

Nous demandons à la Mairie de reconnaître l’État d’urgence du logement à Marseille et de réquisitionner les bâtiments vacants pour loger les personnes à la rue, à commencer par le 100 rue de la République !

* La réquisition des logements vides, est en effet possible par une loi que la mairie pourrait appliquer pour empêcher la spéculation immobilière, pour résoudre les problèmes de mal-logement et de non-logement. Pour en savoir plus sur les compétences des maires pour lutter contre les expulsions : https://www.droitaulogement.org/face-aux-expulsions-les-competences-des-maires/.

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