Une vague inquiétante …

Alors que la manifestation FN s’est retrouvée ridiculisée ce samedi à Valence avec 30 manifestant.e.s pour une centaine de militant.e.s antifascistes, à Crest dans la Drôme, l’ambiance était toute autre.

Le carnaval « sous haute surveillance » comme l’avait annoncé Mr Julien Combelles, journaliste corrompu du Dauphiné Libéré, a été bien entouré. Plus d’une dizaine de camions de CRS, des gendarmes et des gardes mobiles postés à chaque coin de rue, à chaque rond-point, et des mandats de perquisition pour fouiller les voitures arrêtées. À l’inverse, le lendemain, dimanche 8 avril, le rassemblement anti-occupation d’un lieu ouvert en centre ville de Crest, un Centre Social Culturel Autogéré nommé AdvitamDeternam, plutôt constitué de têtes blanches et quelques identitaires lyonnais, n’était que peu surveillé. Pendant que celleux-ci étaient sous « protection », les personnes ayant quitté les lieux se sont fait suivre par les forces de l’ordre, jusqu’au lieu où elles se sont réfugiées. Rappelons que la semaine précédente les menaces de mort et autres intimidations à coup de fusil faites aux occupant.e.s n’avaient absolument alerté personne et certainement pas les flics. Les « bon.ne.s citoyen.ne.s » et leurs acolytes fascistes prônant le respect et la protection de la propriété privée et de la légalité ont donc pu se réapproprier les lieux illégalement en toute tranquillité.

La question de la propriété privée a l’air d’être un sujet sensible pour les locaux - et moins locaux - qui ont pris cet événement en grippe jusqu’à se rassembler. Ces dernières années, la ville de Crest a vu plusieurs structures sociales fermer ou être délocalisées dans les villes adjacentes. Une grande partie de la ville est inoccupée. Ce n’est pas un cas isolé. Pour autant, beaucoup de personnes luttent pour trouver un logement, dorment dans la rue, se démènent chaque jour pour payer des loyers indécents, alors que ces maisons sont vides !!!

Mais qui travaille avec qui ?

Julien Combelles, le journaliste qui a allumé la mèche, formule que « la pauvre crestoise qui est propriétaire de ce bien ne dort plus depuis 72h » (voir article du 4 avril dans le Daubé Libéré), mais la réalité est tout autre.

La maison occupée est vide depuis plus de 7 ans. Cette propriétaire ne vit pas à Crest mais à Poissy. Sa maison ?? Elle n’a jamais habité dedans. Elle en a plusieurs autres, dont une villa luxueuse avec piscine juste au dessus, qui est une des ses résidences secondaires. Ce n’est donc pas une « pauvre crestoise » qui s’est fait « violer son domicile » (repensons au sens de ce mot d’ailleurs ...), mais une personne qui laisse vide ses biens, alors qu’elle pourrait les proposer à la location, bref qui est dans une pure logique spéculative. Le groupe de personnes qui a tenté d’occuper ce lieu, l’a fait pour mettre en lumière qu’il y a bien trop de bâtiments vides, et bien trop peu de propositions en face pour résoudre le problème du mal logement et du manque de structures sociales adéquates. Bien entendu, il n’est pas question d’aller occuper, voler, « violer » des maisons habitées ! Quel en serait l’intérêt ? Nous ne sommes pas face à une situation de vol, mais bien de résistance ... c’est peut-être aussi cela qui crée la situation de ces derniers jours. En parallèle, le carnaval populaire qui a investi la rue ce samedi 7 avril en lieu et place de Crest était effectivement surveillé. La municipalité a mis en œuvre des moyens démesurés pour « encadrer » ce carnaval. Quelles images se dessinent dans la tête des habitant.e.s ?

«  Un carnaval sous haute surveillance  » déclare Julien Combelles dans le daubé du 6 avril. C’est lui même qui avait attaqué l’événement de l’année passé, en révélant ces fameux chiffres que l’on lit encore aujourd’hui : plus de 10 000€ de dégradations, notamment sur les caméras de vidéosurveillance. Caméra qui ont été recouvertes par des cartons ! Ne nous laissons pas berner. De la même manière que les flics bossent pour les identitaires, les journalistes transmettent la parole des gouvernants véreux. Nous parlons de surveillance ? Qui protège qui ? Quand aucune suite n’est donnée à des intimidations au fusil. Quand dans la soirée, l’un des carnavaliers est passé à tabac par les policiers eux-mêmes, voici la réponse des forces de l’ordre. Cela sans compter les multiples arrestations sans suite. La vocation de ce carnaval : reprendre la rue, se sentir enfin libre de crier, de danser, de rire, sans oppression, sans toute l’oppression qui nous berce chaque jour, sans nous laisser le choix d’autres chemins. La tradition du carnaval l’a pourtant emporté ce samedi 7 avril. Si nos mémoires sont trop courtes, ne laissons ni les identitaires, ni les flics, ni les journalistes donner le ton et raconter ce que bon leur semble. La vague fascisante qui s’est soulevée ces quelques jours ne doit pas rester dans l’ombre. Posons-nous la question : est-elle représentative de ce que voulons donner comme ton à nos vies ? Est elle représentative de la réalité ?

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