Mardi 23 mai, à la sortie d’un tekos, Greg se tape un contrôle, a priori pas ciblé, bippe sur les ordis des gendarmes mais repart. Le lendemain, à plus de 100 km de là, il est réveillé par une trentaine de keufs et embarqué au commissariat de Limoges. On lui notifie alors 3 Mandats d’Arrêt Européens (MAE), émis par la justice italienne en mars 2023 pour une peine de 2 ans et 2 mois.
Greg refuse d’être remis aux autorités italiennes. Une audience publique a lieu le 30 mai, devant la Chambre d’Instruction de la Cour d’Appel de Limoges, pour statuer sur la validité des MAE et son extradition. Une dizaine de personnes est présente et peut le saluer. Le délibéré est rendu le 1er juin, la Chambre d’Instruction demande un complément d’informations à l’Italie. Une nouvelle audience est fixée le 22 juin pour argumenter sur les nouveaux éléments reçus d’ici là.
La situation actuelle de Greg n’est pas isolée. Les Etats, ici italien, attaquent sans relâche tout ce qui dépasse, tout ce qui résiste, les actes de révolte, la débrouille et les pratiques de solidarité. Le recours au Mandat d’Arrêt Européen se généralise ces dernières années, les opérations se multiplient, polices et justices européennes resserrent les liens et augmentent leurs capacités de coordination, renforçant le contrôle généralisé et la répression, notamment des luttes.
Les condamnations pour lesquelles sont émis les MAE contre Greg concernent des faits ayant eu lieu entre 2013 et 2017. En vrac : un port d’arme lors d’une fouille de véhicule, une altercation avec un pseudo-journaliste faf lors d’une rassemblement de soutien devant le CIE (aujourd’hui CPR, équivalent italien du Centre de Rétention Administrative) de Turin, et l’empêchement d’un contrôle de police devant l’Asilo Occupato (squat anarchiste turinois) lors d’une soirée de soutien...
Greg est donc enfermé depuis deux semaines à la maison d’arrêt de Limoges, vieille taule en centre-ville, surpeuplée à 230 %. Il est toujours au quartier arrivant et s’entend bien avec son codétenu.
Au dire d’autres détenus, les délais d’étude des différentes demandes de permis (visites et contacts téléphoniques) sont particulièrement longs à Limoges, pour tout le monde. Son statut inhabituel (ni prévenu, ni condamné) ne simplifie pas la chose. Le fait est que pour le moment tout est encore bloqué, et que les courriers arrivent au compte-goutte dans les deux sens.
Pour lui écrire :
(glissez une enveloppe timbrée pour faciliter la réponse)
Gregoire Poupin - Ecrou n° 24587
M.A. de Limoges
17b place winston churchill
87032 LIMOGES CEDEX 1 - France
Faisons lui sentir notre solidarité.
Nique les frontières, nique la taule, nique ce monde !