Ephéméride des luttes : 9 février

L’éphéméride des luttes du 9 février tient à se souvenir de Nikita Kalin, tué il y a quelques années en Russie, mais aussi de toutes les explosions de rage qui ont secoué cette date dans le passé, ainsi que, parfois, d’une certain forme de joie.

1879 : En Russie, le gouverneur de Kharkov est abattu par les révolutionnaires nihilistes dans sa voiture alors qu’il revenait d’un bal.

1890 : A Roubaix, parution du premier numéro du journal anarchiste "La Bandit du Nord".

1892 : A Barcelone, une bombe explose sur la plaza Real, près du lieu où se tient une réunion de la police secrète.

1966 : En République Dominicaine, le gouvernement (pantin des USA) ordonne à l’armée de tirer sur la manifestation d’étudiant-e-s qui exigeaient le retrait des troupes américaines et de l’occupation militaire, faisant douze morts.

1976 : A Rome, le brigadier Antonio Tuzzolino est frappé de trois coups de pistolet dans les jambes par les NAP (Nucleo 29 Ottobre), car il était le responsable de la mort de la militante des NAP Annamaria Mantini le 8 juillet de l’année précédente.

1980 : A Plogoff, en Bretagne, où se déroule une grande lutte antinucléaire, c’est l’arrivée des flics pour tenter de reprendre la situation en main :
06h30 : A l’arrivée des premiers gendarmes à la chapelle où ils s’installent quotidiennement, une barricade de carcasses de voitures est enflammée.
17h : Les événements de la veille amènent 300 personnes. Le quartier est bouclé ainsi que les champs environnants. Au départ des gendarmes, ce sont fumigènes et lacrymogènes contre galets et boulons. Les forces de l’ordre répliquent avec des grenades offensives. Bilan : 15 manifestants blessés.
22h30 : Une nouvelle arrive. Les gardes mobiles quittent Pont Croix. Une demi-heure plus tard les trois camions traversent le bourg où l’éclairage public est coupé. Des jardins aux alentours, les camions se font attaquer par des pierres et des bouteilles. Des grenades lacrymogènes sont tirées en riposte. Au passage des camions une nappe d’huile de vidange et d’essence s’enflamme. Sur le retour les gendarmes arrêtent un homme seul, un marin qui revient d’une campagne. On aurait trouvé sur lui, dans sa poche, “un flèche”.
« Cette nuit Plogoff a décidé de tendre une embuscade. Du bourg à Saint-Yves, ils sont plusieurs dizaines à s’être cachés derrière les talus. 23h la patrouille arrive. Neuf camions ce soir. Juste à la hauteur de Saint-Yves, un barrage d’huile de vidange et de vieux matériaux s’enflamme. Le convoi immobilisé est pris sous une pluie de pavés, de projectiles divers. Les pare-brise des camions militaires volent en éclats, des bâches sont transpercées. Des cris retentissent dans la nuit. Nuage de lacrymogène, grenades explosives, les gendarmes se dégagent. Demi-tour Baie des Trépassés et cette fois-ci ce sont eux qui passent à l’attaque. Ils tirent sur tout ce qui bouge dans la nuit. A côté du bourg, un automobiliste reçoit une grenade lacrymogène en plein pare-brise, puis une seconde qui explose à l’intérieur. Apeuré, le conducteur s’enfuit à travers champs. Une dizaine de gendarmes s’acharnent alors sur son véhicule à coup de pieds, de crosses de fusils. Presque toutes les vitres sont cassées. A côté un autre véhicule reçoit aussi sa grenade à l’intérieur. Pare-brise cassé. C’est cette même nuit que les gendarmes mettent la main à une vingtaine de mètres de son domicile sur Eugène Coquet, un marin de commerce de Plogoff… »
In Plogoff, la révolte, collectif, Ed. Le signor, 1980.
En pleine nuit : Entre Caen et Bayaux, un train de matières irradiées est arrêté et bloqué par des antinucléaires. Des hommes en cagoule coupent les commandes de frein. Ils taguent les wagons avant de disparaître. Le “Mouvement de résistance à la nucléarisation” revendique cette action. Elle est menée en réponse à la “violence d’Etat et des nucléocrates qui imposent à la population une nucléarisation forcée avec leur armée de gardes mobiles, comme à Plogoff et Cherbourg”.
Repris de la brochure ’actions directes contre le nucléaire’.

1996 : A Londres, l’IRA Provisoire déclare la fin de son cessez-le-feu de 18 mois et fait sauter une bombe de 500 kg de nitrate d’ammonium dans un camion à Canary Wharf, sur les docks, faisant plus de 100 millions de lires de dégâts. De plus amples informations (en anglais) sur le blog BelfastChild

2009 : A Madrid, sur le Campo de las Naciones, ETA fait sauter une voiture piégée juste avant que la famille royale n’inaugure l’exposition ARCO. Grâce à des appels de prévention, toute la zone est évacuée et personne n’est blessé, mais les dégâts sont importants, tout comme le démontre le cratère de trois mètres que forme l’explosion.

2012 : A Samara en Russie, Nikita Kalin, un jeune anarchiste de 21 ans, est assassiné de 61 coups de couteau par les néonazis.

2013 : En Egypte, les émeutes insurrectionnelles se poursuivent au Caire, à طنطا Tanta, المحلة el-Mahalla, شرم الكبرى el-Kubra et الإسكندرية Alexandrie, toujours dans le souffle révolutionnaire qui touche le Maghreb depuis deux ans.

2017 : A Embrun, dans les Hautes-Alpes, un préfabriqué de RTE, qui travaille à l’installation de lignes à Très Haute Tension très contestées, est incendié dans la nuit.

2019 : A Turin, suite à une opération antiterroriste contre les anarchistes et l’expulsion deux jours plus tôt de l’Asilo occupato, un batîment occupé par les anarchistes depuis 1995, une manifestation d’environ 1000 personnes débouche sur de violents affrontements contre la police, qui durent plusieurs heures.

  • A Thessalonique, un engin explosif saute devant le siège de la Chambre de commerce italo-grecque, en solidarité contre l’expulsion de l’Asilo.

PS :

Voir de plus l’éphéméride anarchiste du 9 février.

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