Le projet de la guérilla moderne professionnelle
- Espoir des peuples opprimés du 21ème siècle -
Aujourd’hui, s’écrit le 65e jour de la résistance héroïque de la guérilla dans les zones de défense de Medya. Le 23 avril, l’armée d’occupation turque a lancé un assaut total sur les régions de Metîna, Zap et Avaşîn contrôlées par la guérilla. Cette opération de grande envergure a été baptisée "Claw Lightning et Claw Thunderbolt". C’est une opération qui s’inscrit directement dans la spirale des 6 dernières années dans laquelle la dictature fasciste AKP-MHP de Turquie fait tout pour briser la volonté de liberté et de résistance du peuple kurde et de toutes les forces antifascistes de la région. Cette attaque est la continuation de la guerre dans les villes du Kurdistan du Nord en 2015 et 2016, de l’invasion à Efrîn en 2018, Girê Spî et Serêkaniyê en 2019, ainsi que des guerres d’agression contre les guérillas dans les régions de Xakurkê et Heftanîn.
Le concept de " les mettre à genoux " :
Déjà en octobre 2014, au plus fort de la résistance à Kobanê contre Daech et alors qu’un cessez-le-feu prévalait en Turquie et au Nord-Kurdistan depuis Newroz 2013, les dirigeants de l’État turc ont mis en place le plan " les mettre à genoux " (Plana Çokdanîne). Ce plan consiste à mettre à genoux le Mouvement de la liberté kurde et en premier lieu son avant-garde, le PKK. En conséquence, toutes les ressources militaires, financières-économiques et politico-diplomatiques dont dispose l’État turc sont mobilisées depuis 6 ans. Erdoğan et le gouvernement AKP-MHP voient dans cette guerre le seul moyen de se maintenir au pouvoir et de concrétiser leurs aspirations impériales.
A la fin de l’été 2014 les habitantes du Rojava et leurs forces de défense YPG et YPJ se sont héroïquement dressées contre l’avancée de l’Etat-Islamique. Au même moment, alors que les Peshmerga du PDK abandonnaient leurs positions sur toutes les lignes de front, les guérilleros du HPG et de l’YJA-Star au Sud-Kurdistan/Nord de l’Irak se sont précipités au secours des Yezidis de Şengal dans une opération héroique et ont mis fin à l’avancée des gangs islamistes sur Kirkouk, Maxmur et Hewler. Inspirées par la révolution au Rojava et la résistance contre Daech, des millions de personnes à travers le monde sont descendues dans la rue et ont déclaré leur solidarité ave la guerilla. Un nouveau mouvement internationaliste a émergé.
Au Kurdistan du Nord (Turquie), lors du soulèvement d’octobre 2014 (du 5 au 9), les peuples ont fait trembler de peur et d’angoisse les dirigeants de la Turquie pendant quelques jours. Les institutions de l’État et du gouvernement se sont enflammées et les soldats n’osaient pas sortir de leurs casernes. L’année 2014 a été une année de confrontation dure et le mouvement révolutionnaire en est sorti grandi et est devenu plus fort et plus grand jour après jour. Le Rojava a résisté avec succès et a gagné le cœur de nombreuses personnes à travers le monde, au Bakur (Kurdistan du Nord) et en Turquie les masses se sont organisées, le projet du HDP a été mis en action, au Kurdistan Sud la guerillas a gagné une popularité longtemps inédite grâce à son intervention désintéressée et pleine d’abnégation contre l’Etat-Islamique.
L’État turc avait espéré profiter de la période de cessez-le-feu pour adoucir le mouvement et affaiblir ses principes idéologiques, mais au lieu de cela, la lutte armée a attiré plus de monde qu’elle ne l’avait fait depuis longtemps. Rien qu’en août 2014, Murat Karayilan a déclaré que plus de 1 000 hommes et femmes avaient rejoint la guérilla en l’espace d’un mois seulement. La résistance à Kobanê est restée inébranlable malgré la supériorité apparente des bandes djihadistes. Notamment grâce au fait que les guérilleros et des centaines de jeunes du Nord se sont mis en route, ont traversé la frontière vers Kobanê, ont rejoint la résistance directement sur les lignes de front et ont, donné leur vie pour empêcher à tout prix la chute de Kobanê.
Cette réalité à laquelle le gouvernement d’Erdoğan a été confronté en 2014 l’a amené à conclure que seule une suppression complète de la partie la plus dynamique de la révolution, le peuple du Kurdistan du Nord, et une annihilation de l’avant-garde de ce mouvement de liberté pouvaient garantir son existence et son pouvoir. Le peuple, la guérilla, la direction organisationnelle et idéologique du PKK doivent être "mis à genoux".
En conséquence, Abdullah Öcalan a été une nouvelle fois placé en isolement complet sur l’île-prison d’Imrali à partir d’avril 2015. Toutes les mesures ont été prises pour empêcher le HDP d’entrer au parlement lors des élections de 2015, mais évidemment sans succès, et le 24 juillet 2015, l’armée d’occupation turque a finalement entamé la phase de guerre, qui dure maintenant depuis 6 ans, en lançant une attaque tous azimuts contre les zones de défense de Medya contrôlées par la guérilla dans le sud du Kurdistan/Nord de l’Irak. Les guérilleros ont répondu en dissolvant le cessez-le-feu, qui n’avait de toute façon été déclaré qu’unilatéralement jusqu’alors. Le peuple a proclamé une auto-administration autonome et démocratique dans plusieurs régions du Kurdistan du Nord et a fondé les Unités civiles d’autodéfense, YPS. Ni le peuple ni les guérilleros ne se sont laissés subjuguer et mettre à genoux, au contraire ils et elles continuent à tenir bon, à défendre leur dignité. Beaucoup de choses se sont passées depuis, mais la guerre continue sans relâche.
Le Kurdistan du Nord, le Kurdistan du Sud et le Rojava (Kurdistan occidental) sont liés dans cette guerre, même s’ils ont été séparés de force par des frontières physiquement tracées, et c’est ce que nous devons toutes comprendre. La lutte dans les différentes parties du Kurdistan ne peut être considérée séparément. Sans la guérilla, la révolution au Rojava n’aurait jamais été possible. Les guérilleros ont défendu Kobanê en 2014/2015 et n’ont jamais cessé d’assumer la défense de la révolution au Rojava et de se sacrifier lorsque cela était nécessaire. La guérilla est garante de l’autonomie de la révolution au Rojava.
La situation et les événements dans toute la région, aussi bien dans les différentes parties du Kurdistan que les États occupants et les pays voisins sont indissociablement liés. C’est l’une des raisons pour lesquelles la lutte et la situation dans la région sont si incroyablement compliquées. Cette réalité prouve l’énorme potentiel d’une révolution possible et réussie dans cette région.
Avec l’objectif de détruire la guérilla, l’armée d’occupation fasciste turque a lancé son opération contre la région de Xakurkê en 2018, son opération contre Heftanîn en 2019 et en 2020, et récemment elle a voulu porter un coup dur au centre de la guérilla en envahissant la région de Gare ce printemps.
Gare - La vengeance et la victoire de la guérilla
La région montagneuse de Gare est un endroit stratégiquement important pour la guérilla. Contrairement à Metîna, Avaşîn, Zap, Heftanîn et Xakurkê, par exemple, Gare n’est pas situé à la frontière avec le territoire turc, mais plus à l’intérieur des terres, au sud. A cet égard, Gare a toujours eu l’avantage pour la guerilla d’offrir un espace pour le travail d’organisation, le travail éducatif, etc. et ce, malgré les attaques aériennes et la surveillance des drones. Le 10 février de cette année, l’armée d’occupation turque a lancé une opération de grande envergure pour envahir la région de Gare. Initiée et accompagnée par des bombardements massifs et une surveillance aérienne de toute la zone, l’armée turque a envoyé des centaines de ses forces spéciales avec des hélicoptères depuis le Sud, c’est-à-dire de la zone du PDK. Dès le premier jour, elles ont tenté de s’emparer des sommets stratégiques de la région, mais ont échoué lamentablement en raison de la réponse directe de la guerilla. Partout où l’armée turque déposait ses soldats, malgré des heures de bombardements préalables, les guérilleros étaient sur le terrain et frappaient les envahisseurs de plein fouet.
Le plan est évident. Ils voulaient avancer dans l’une des zones centrales de la guérilla avec cette opération éclair surprise, pour y établir un pied-à-terre permanent. Pendant des jours, toute la zone a été bombardée depuis les airs sans interruption. Dans la grotte, où se trouvaient des prisonniers de guerre, des soldats turcs et des officiers du MIT, l’armée turque a finalement utilisé des gaz toxiques, tuant à la fois ses propres agents et les combattantes de la guérilla, menés par Şehîd Şoreş, qui résistaient depuis des jours.
Au bout de 4 jours, cependant, la très moderne armée turque, la deuxième armée de l’OTAN, a été vaincue et contrainte de battre en retraite. À cet égard, le 14 février 2021 marque une victoire historique pour la guérilla. Une fois de plus, ce sont les guérilleros qui ont défendu le Rojava. "Pourquoi cela ?", se demandent peut-être certains aujourd’hui. Qu’est-ce que l’un a à voir avec l’autre ? Après tout, Gare est dans le sud du Kurdistan/le nord de l’Irak, et le Rojava est dans le nord de la Syrie. C’est exact, mais ce n’est pas le point décisif ici. À Gare, on s’est vengé de l’occupation d’Efrîn, de Girê Spî et de Serêkaniyê. Les milliers de combattantes tombées, les femmes, les enfants et les hommes assassinés par l’État turc et ses sbires ont été vengés à Gare.
Le mythe et la propagande selon lesquels les guérilleros sont impuissants face à la supériorité de l’État ont été brisés une fois de plus et ont été démasqués. Gare a été une victoire pour nous toutes au Kurdistan mais aussi dans le monde entier. Une victoire pour toutes celles d’entre nous qui marchent côte à côte avec la résistance antifasciste et prennent part au combat contre le fascisme turc et ses collaborateurs internationaux de différentes manières.
Même si l’État turc essaie de cacher et de détourner la vérité par des mensonges et de la propagande, même s’il essaie de briser la résistance par des campagnes militaires larges et massives actuellement encore en cours contre la guérilla, il ne pourra pas annuler notre victoire, la victoire de la guérilla à Gare. L’armée turque a été mise à genoux à Gare et en ce moment même, elle est mise à genoux tous les jours dans les montagnes, à Metîna, à Zap, et à Avaşîn.
Pour ne pas être embarrassée, l’armée turque recourt à ses forces paramilitaires, aux gangs islamistes venus de Syrie, à l’utilisation des gardes de village (milice réactionnaire de contre insurrection) et aux sbires du PDK. Moins de soldats turcs, dont le moral de combat est brisé, sont envoyés au front, mais d’autres forces sont envoyées à la place comme chair à canon.
Dans ce contexte, le PDK joue un rôle central. Depuis des mois le PDKcherche à encercler les zones de guérilla par le Sud et à provoquer une escalade qui entraînerait une guerre intra-kurde fatale. Et même si le PDK mérite d’être tenu responsable de ses crimes, une telle escalade servirait pleinement les intérêts et les objectifs du fascisme turc. La situation est grave et la guerre est dans une phase critique, décisive. L’État turc en est également conscient et ne néglige donc rien pour pouvoir avancer. Des armes chimiques et des gaz toxiques sont également utilisés par l’armée turque à Metîna, Zap et Avaşîn pour s’emparer des tunnels de défense et des grottes de la guérilla. Malgré tout cela, la guérilla continue de résister depuis plus de 60 jours. En même temps, il est intéressant de noter que la propagande de l’État fasciste turc, qui accompagne normalement toute opération militaire, a été relativement modeste et réservée cette fois-ci. De toute évidence, la décision a été prise de ne pas faire trop de bruit afin d’éviter un éventuel embarras comme celui de l’opération sur Gare.
Le concept de la guérilla moderne
Depuis 65 jours, les jeunes femmes et hommes du HPG et de l’YJA-Star résistent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Face à une armée ultra moderne de l’OTAN, qui a reçu le feu vert pour sa campagne de destruction de la part de ses partenaires de l’OTAN, les Etats-Unis et l’Europe, et qui est soutenue par les collaborateurs du PDK au Sud-Kurdistan. Les guérilleros n’ont rien d’autre que leur volonté de résister et de gagner contre le fascisme. C’est cette volonté et, avec elle, la réalisation du projet de "guérilla moderne" du 21e siècle qui font que, même après 65 jours, l’État turc n’a toujours pas de gains territoriaux significatifs à enregistrer. La victoire à Gare et la résistance ininterrompue de la guérilla sont le résultat de la détermination révolutionnaire de la guérilla apoïste, ainsi que de la restructuration et de la réorganisation de ces dernières années en une guérilla moderne et professionnelle. La capacité du HPG et de l’YJA-Star à conserver leurs territoires dans le sud du Kurdistan jusqu’à aujourd’hui et à continuer à être actifs dans toutes les régions du nord du Kurdistan est principalement liée à cette professionnalisation.
Le concept de la guérilla moderne ne se base plus uniquement sur les tactiques de guérilla classiques, mais se professionnalise sur tous les points de la guerre et de la révolution. La guérilla moderne doit être ferme dans ses convictions idéologico-politiques, déterminé à construire le socialisme du XXIe siècle : guérilla de la modernité démocratique, guérilla de la société démocratique et écologique et de la liberté des femmes. La guérillera moderne doit être un soldat : C’est-à-dire être disciplinée, organisée et structurée. La guérilla moderne doit connaître l’ennemi et se connaître soi-même, se déplacer en fonction des circonstances et des conditions, et être spécialisée dans l’armement dont elle dispose. Les principes fondamentaux de la guérilla classique sont toujours d’actualité, mais la guérilla moderne s’organise en fonction de l’évolution constante des capacités techniques des États et des dirigeants.
Par conséquent, la guérilla moderne trouve ses propres réponses créatives aux caractéristiques toujours changeantes de la guerre d’aujourd’hui. Bien que la quantité ne perde pas de son importance, dans la guerre moderne, la qualité prime sur la quantité, et cela est particulièrement vrai pour la guérilla.
L’une des principales raisons pour lesquelles le Mouvement de libération kurde continue d’être internationalement criminalisé, politiquement, diplomatiquement, économiquement marginalisé et isolé, pour lesquelles les États-Unis et l’Europe soutiennent et financent par tous les moyens la guerre de la Turquie contre le PKK, pour lesquelles Abdullah Öcalan continue d’être maintenu en isolement et pour lesquelles le Rojava ne bénéficie pas d’un statut officiel au niveau international, est la force rayonnante que pourrait avoir au XXIe siècle une guérilla réussie contre un État de l’OTAN.
Les impérialistes ont peur que le modèle de "guérilla moderne et professionnelle" du 21e siècle ne devienne un exemple et un modèle pour d’autres peuples et luttes sociales dans le monde. Imaginez, s’ils ont déjà de si gros problèmes avec la guérilla au Kurdistan et ne parviennent pas à détruire le PKK depuis plus de 40 ans, que se passerait-il si 2, 3, de nombreux mouvements de guérilla moderne émergeaient dans différentes parties du monde ? Et si 2, 3, ou de nombreux mouvements de combat adoptaient ce modèle ?
La situation de la Turquie, la guerre au Kurdistan, et l’OTAN
L’OTAN dirigée par les États-Unis craint un tel scénario. Une guérilla socialiste battant une armée de l’OTAN au 21ème siècle ? Un scénario d’horreur pour les dirigeants capitalistes. Après tout, n’était-ce pas il y a seulement 30 ans que le drapeau du socialisme était censé être enterré ? N’ont-t-ils pas proclamé la fin de l’histoire ? La réponse douloureuse pour les capitalistes est la suivante : Au Kurdistan, dans la guerre contre l’OTAN, dans la résistance contre le fascisme turc, l’histoire continue à se faire avec assurance ; ceux que l’on croyait morts sont toujours vivants.
Nous connaissons l’histoire de la guerre spéciale de l’OTAN au XXe siècle, au cours de laquelle tout a été fait dans le monde entier pour liquider, détruire, assimiler et libéraliser les mouvements communistes et socialistes. La Turquie a été et reste également un lieu oú la politique de guerre spéciale est intense.
Coups d’État, pogroms, presse monopolisée, tortures, massacres, exécutions extra-légales, terreur paramilitaire, arrestations massives, mensonges, drogues, prostitution, corruption, chantage, etc. - tout cela fait partie des outils de l’État turc, du répertoire répressif pour le maintien au pouvoir de chaque membre de l’OTAN. Ceci n’est pas nouveau, mais devient plus palpable par les révélations publiques du mafieux contre-révolutionnaire Sedat Peker - qui partage depuis un certain temps sur Youtube une partie de ses connaissances au grand public, concernant les manigances de l’État profond en Turquie et la participation de différentes personnalités à ces manigances. Il est évident qu’un grave conflit de pouvoir au sein de l’État turc se cache derrière cette affaire, et il est également clair qu’Erdoğan doit être mis sous pression. Mais cela montre la situation critique dans laquelle se trouve la Turquie. L’économie est en chute libre depuis des années, et sans les injections financières régulières de l’UE et des États-Unis, la Turquie n’aurait probablement plus été capable de se tenir debout aussi facilement.
Sur le plan intérieur, c’est l’ébullition ; le gouvernement Erdoğan-Bahceli a pu préserver son propre pouvoir pendant des années - par de fausses promesses d’une part, et une répression brutale d’autre part , mais l’histoire montre que cela ne peut pas durer éternellement. En termes de politique étrangère, la Turquie aime se montrer sûre d’elle et indépendante, mais elle dépend totalement de la bonne volonté des États-Unis et des puissants acteurs de l’UE, à savoir l’Allemagne et la Grande-Bretagne.
Même si la Turquie se présente comme militairement invincible et qu’elle s’est forgée une image ces dernières années avec une grande variété de déploiements militaires à l’étranger, comme en Arménie-Karabakh, en Libye, au nord de la Syrie et au nord de l’Irak, la guerre pèse énormément sur les forces de l’État.
La résistance du Mouvement pour la liberté des Kurdes ne laisse pas de répit à la Turquie, elle draine ses ressources économiques, politiques, diplomatiques et sociales. Le fascisme turc est au bord d’une falaise et s’accroche de toutes ses forces à la jambe des superpuissances impérialistes pour l’empêcher de glisser. Le gouvernement AKP-MHP peut ne pas le montrer ouvertement, et la presse mainstream peut peindre une image différente, mais la réalité c’est que ; comme l’a expliqué Murat Karayilan commandement général du HPG, l’Etat turc a essayé plusieurs fois ces derniers mois par le biais d’intermédiaires d’amener le PKK à déclarer un cessez-le-feu. Proposant même de laissér la guerilla libre de faire ce qu’elle veut si elle se retire du Kurdistan Nord, ceci explique très bien la situation de la Turquie.
Il est vrai que c’est une période difficile au Kurdistan. Chaque jour, de grands hommes et femmes, nos camarades perdent la vie sur les différents fronts du Kurdistan. L’OTAN, dirigée par les USA et exécutée par la Turquie, continue sa campagne de destruction contre le PKK et le Mouvement de Liberté Kurde.
Qu’il s’agisse d’une administration démocrate ou républicaine aux États-Unis, les mots peuvent être différents, mais la stratégie reste la même. Elle a a été clairement démontré juste après l’arrivée de Biden à la présidence qui à donné le feu vert à l’opération sur Gare. Récemment, la prime sur les camarades du PKK, qui existait depuis 2018, a été renouvelée et en même temps, la guerre actuellement en cours à Metîna, Zap , et Avaşîn a été validée et lancée.
Nos camarades combattantes du Kurdistan qui luttent pour la liberté traversent une période difficile. Dans les montagnes, les guérilleros vivent sous une surveillance aérienne constante, ce qui signifie la mort en cas de faux mouvement. Le bourdonnement des drones et le tonnerre des jets F-16 ne faiblissent guère. C’est précisément cette période difficile qui nous oblige, au niveau international, à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir la résistance. C’est aussi précisément cette période difficile qui est porteuse d’un grand espoir pour la destruction du fascisme turc.
Le rôle du KDP : Trahison et collaboration
Actuellement le rôle du PDK en particulier est critique. Pendant des années, il a été occupé à servir la Turquie et surtout les renseignements turcs. Sous prétexte de mener des relations politico-diplomatiques-économiques avec l’État voisin au profit de sa propre population, de grandes parties du Sud-Kurdistan ont été directement ou indirectement remises à la Turquie. Des dizaines de bases militaires turques ont été établies, et le MIT se déplace et se comporte à Hewler/Erbil, Duhok et Zaxo comme il le fait à Ankara, Istanbul et Izmir. La Turquie et en particulier l’AKP considèrent le Sud-Kurdistan jusqu’à Mossoul et Kerkuk comme une partie de son territoire à revendiquer et sont déterminés à créer « des situations de faits » dans la région d’ici 2023, date du 100e anniversaire du traité de Lausanne, qui leur permettraient d’étendre leurs propres frontières. Le plus grand obstacle à ce plan expansioniste est le PKK et sa guérilla.
Le traité de Lausanne est le dernier traité international qui a délimité les frontières de la Turquie après l’effondrement de l’Empire ottoman en 1923. Erdoğan, avec l’AKP, revendique au nom de la Turquie depuis des années les territoires de l’Empire ottoman précédemment dominés. Affirmant à plusieurs reprises que la Turquie a été spoliée de ses terres à l’époque. Depuis des années, le PDK, dirigé par le clan Barzani, a ouvert la porte à la Turquie à tous les niveaux, et la Turquie se comporte à l’égard du Sud-Kurdistan comme s’il s’agissait d’un district sous son administration. Ce n’est pas nouveau : dans les années 1990, la Turquie (avec l’approbation de l’OTAN) a utilisé les peshmerga du PDK pour dissuader la guérilla de son offensive dans le Nord et pour l’épuiser par une guerre sur deux fronts. Mise à part le travail de surveillance qui, a permis à la Turquie - comme elle le dit – d’"éliminer des terroriste" , la Turquie utilise depuis des mois le PDK pour encercler et assiéger les zones de défense de Medya et pour couper les différentes zones les unes des autres. L’intention est de provoquer une guerre entre le PDK et le PKK.
Le PDK joue complaisamment avec le feu, mais il ne s’avise pas à déclarer la guerre de lui-même ; au contraire, par des provocations, des mensonges et des complots, il essaie de mettre la guérilla dans une position où elle n’a d’autre choix que d’attaquer dans le but de pouvoir accuser le PKK de déclencher une "guerre fratricide", et ainsi diffamer et délégitimer le PKK. Cette manoeuvre est fait en coordination et avec l’approbation des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Allemagne. Les puissances impérialistes ont décidé de détruire le PKK à tout prix. Le PDK lui-même s’est vendu il y a des décennies. Sa propre existence dépend de la coopération avec les occupants du Kurdistan et les impérialistes.
En résumé, nous pouvons définir le PKK et le KDP comme l’expression concrète de deux lignes politiques et idéologiques fondamentalement différentes au Kurdistan. Vu sous cet angle, le KDP est l’expression de la trahison contre son propre peuple et de la collaboration avec l’ennemi, tandis que le PKK est l’expression d’une résistance cohérente et d’un attachement ininterrompu à son propre pays et à son propre peuple. Cette distinction décrit la situation actuelle dans la région et la position des différentes forces.
La guérilla n’est pas seule. Nous la soutenons !
L’OTAN, la Turquie et le PDK poursuivent une stratégie d’isolement et de division. Géographiquement, les zones de guérilla doivent être séparées les unes des autres et le Rojava doit être isolé du reste du Kurdistan. Les différentes régions sont encerclées, marginalisées et isolées sur le plan politico-diplomatique et économique, elles font monter la pression et dressent un mur de propagande réactionnaire au niveau international. Nous nous y opposons et disons clairement que la guérilla n’est pas seule !
Tout comme nous soutenons la révolution au Rojava, nous soutenons également la guérilla, car nous avons compris qu’il n’y a pas de différence entre elles. L’une conditionne l’autre et vice versa. De même, il faut comprendre que la guerre dans le Sud-Kurdistan est à la fois une continuation de l’invasion au Rojava et une préparation à une nouvelle invasion au Rojava. Lorsque l’opération à Gare a commencé en février, on ne savait pas les jours précédents où l’État turc allait frapper et tout comme une opération contre les zones de défense de Medya était probable, une opération à grande échelle contre Şengal et le Rojava, en particulier la région entre Qamislo et Derik, était également possible. Sur le plan international, il est important de manifester de manière décisive notre solidarité avec la guérilla et d’agir activement contre le fascisme turc, ses institutions internationales, ses aides, ses partisans et ses bénéficiaires, et contre le PDK. De cette façon, nous pouvons apporter notre contribution à la révolution et adopter et représenter une position anticapitaliste et anti-impérialiste cohérente.
Au nom de la campagne RiseUp4Rojava, nous déclarons dans ce contexte notre soutien à l’initiative nouvellement formée "Defend Kurdistan" et envoyons nos salutations aux camarades impliqués.
En outre, nous envoyons nos salutations à toutes les combattantes qui résistent sur les lignes de front à Efrîn, Eyn Isa, Til Temir, Metîna, Zap, et Avaşîn !
Ensemble, nous vaincrons le fascisme turc, défendrons le Kurdistan et construirons la vie libre !
We continue to #UniteInResistance
We gonna #SmashTurkishFascism
We #RiseUp4Kurdistan
We #RiseUp4Rojava
Coordination de la campagne RiseUp4Rojava,
29 juin 2021