Guerre de Classe # 06 hiver 2017/18 : De Gaza à l’Iran et au monde entier… À bas les exploiteurs !

Dans ce texte, nous voulons mettre en lumière les événements qui ont secoué l’Iran au cours des dernières semaines, et qui vont d’ailleurs bien au-delà, dans le contexte d’une région qui, depuis longtemps et de façon constante, se trouve au premier plan de la lutte de classe mondiale...

Guerre de Classe #06 hiver 2017/18 : De Gaza à l’Iran et au monde entier… À bas les exploiteurs !

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire des luttes de classes. » [1]

Depuis la répression et la cooptation de la dernière tentative révolutionnaire mondiale dans les années 60 et 70 du siècle dernier, la domination idéologique de la bourgeoisie est presque totale dans la majeure partie du monde : le niveau d’activité organisée de notre classe est très bas et son expression quotidienne se limite à des actes de subversion individuelle ou, au mieux, à des grèves sectorielles localisées et des émeutes. Dans ce texte, nous voulons mettre en lumière les événements qui ont secoué l’Iran au cours des dernières semaines, et qui vont d’ailleurs bien au-delà, dans le contexte d’une région qui, depuis longtemps et de façon constante, se trouve au premier plan de la lutte de classe mondiale, malgré (et contre) une énorme concentration de la capacité meurtrière capitaliste qui s’y déchaîne. Nous voulons souligner la nature de classe de ces luttes et l’importance des ruptures avec l’ordre capitaliste que nos camarades en Iran expriment !

Alors que le grand conflit impérialiste, que les superpuissances mondiales et régionales mènent par procuration depuis plusieurs années en Irak et en Syrie, [2] entre dans un état d’incertitude temporaire, alors que les fractions bourgeoises, ainsi que les armées et les milices au service de leurs intérêts lèchent leurs plaies, se préparant et s’armant pour le prochain round de carnage de la chair à canon prolétarienne, et que leurs politiciens et leurs médias sont occupés à donner une nouvelle interprétation de tout cela comme étant un signe de victoire, afin de la vendre à « leurs citoyens », et qu’ils réaffirment et tiennent fermement la laisse qui attache notre classe au spectacle démocratique, le prolétariat dans cette région relève à nouveau la tête.

En décembre, des milliers de prolétaires en colère dans tout le Kurdistan irakien sont descendus dans les rues et se sont affrontés aux flics et aux unités de Peshmergas. Dans la province de Sulaymaniyah, des manifestants ont réduit en cendres le quartier général des Peshmergas ainsi que ceux des principaux partis politiques (tant du gouvernement que de l’opposition). [3] Les bureaux de ces partis ont également été incendiés dans la ville de Koye, dans la province d’Erbil. Les raisons immédiates de cette rage se trouvent dans l’état désastreux des services de base, comme l’interruption ou l’insuffisance de l’approvisionnement en eau potable et en électricité et plusieurs mois de salaires impayés, en particulier dans le secteur public. Au cours des émeutes, au moins cinq manifestants ont été assassinés par les forces répressives de l’État et des centaines ont été blessés ou arrêtés. [4]

Le 28 décembre, à Machhad et dans le nord de l’Iran, des manifestations contre le coût élevé des produits de première nécessité et des émeutes de la faim ont éclaté, qui se transformeront rapidement en une vague de lutte de classe, la plus grande en Iran depuis le mouvement de 2009.

Comme tout mouvement prolétarien, cette révolte ne tombe pas du ciel, mais elle est l’expression de mois de colère et de l’intensification de la lutte contre les conditions de vie dans le capitalisme. [5] Tout comme son homologue kurde, l’implication de l’Etat iranien dans la guerre capitaliste en Irak et en Syrie commence à paralyser sa capacité d’apaiser le prolétariat en lui jetant des miettes provenant du festin de la bourgeoisie.

Notes :

[1« […] le travail est extérieur à l’ouvrier, c’est-à-dire qu’il n’appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, celui-ci ne s’affirme pas mais se nie, ne se sent pas à l’aise, mais malheureux, ne déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l’ouvrier n’a le sentiment d’être auprès de lui-même qu’en dehors du travail et, dans le travail, il se sent en dehors de soi. Il est comme chez lui quand il ne travaille pas et, quand il travaille, il ne se sent pas chez lui. Son travail n’est donc pas volontaire, mais contraint, c’est du travail forcé. Il n’est donc pas la satisfaction d’un besoin, mais seulement un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail. » (Karl Marx, Manuscrits parisiens, 1844)

[2Ou plutôt devrions-nous dire l’expression régionale de son visage ouvertement militariste, avec d’autres « théâtres d’opérations », moins intensifs pour le moment, comme l’Ukraine, le Yémen et bientôt peut-être la Mer de Chine méridionale.

[3Les partis gouvernementaux, le Parti démocratique du Kurdistan (PDK), l’Union patriotique du Kurdistan (UPK), ainsi que les partis d’opposition Gorran et l’Union islamique du Kurdistan.

[4Des causes similaires alimentent aussi la lutte des classes en Tunisie, où des mois de manifestations de rue et des grèves des travailleurs contre le manque d’emplois, la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’essence et la réduction des prestations sociales culminent dans une nouvelle vague d’émeutes généralisées – la « célébration prolétarienne » de l’anniversaire du soulèvement de 2011 – la plus grande depuis le mois de mai 2017 (lorsque des postes de police et des stations de pompage de pétrole et de gaz d’ENI, OMV et Perenco s’embrasèrent tels des feux de joie). Les manifestations ont effrayé la classe dirigeante et l’ont incitée à faire rapidement marche arrière et à annoncer une nouvelle forme de prestations sociales et d’hypothèques garanties par l’État, tout en sévissant contre les manifestants et en arrêtant des centaines d’entre eux.

[5« Il en a résulté des rassemblements, des manifestations et des sit-ins diffus mais contigus. Les étudiants s’opposant à la privatisation et la marchandisation de l’économie ; les retraités s’opposant à la banqueroute des caisses de retraite ; les profs et les infirmières protestant contre leur conditions de vie inhumaines ; les chauffeurs de bus supportant les membres de leur syndicat ; et d’innombrables grèves dans de nombreux secteurs, des mineurs aux travailleurs du secteur de la canne à sucre. » http://libcom.org/news/iran-bread-jobs-freedom-05012018 [disponible en français sur le blog Des Nouvelles Du Front : https://dndf.org/?p=16575]

PS :

Guerre de Classe 06/2018 : De Gaza à l’Iran et au monde entier… À bas les exploiteurs !

http://www.autistici.org/tridnivalka/wp-content/uploads/guerre_de_classe_06-2018-fr.pdf

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