Nous publions ce communiqué suite à une série d’agressions sexistes violentes commises par la Jeune Garde Lyon (JGL) et des militants de leur réseau national contre des camarades féministes antifascistes. Depuis plusieurs semaines, des communiqués officieux relatent des versions mensongères des faits et somment les organisations politiques de prendre position contre les femmes de notre coordination, et par extension contre les organisations mixtes au sein desquelles elles militent. Jusqu’alors, nous avions décidé de ne faire circuler que dans nos cercles restreints notre version des faits. En tant que militantes révolutionnaires, nous sommes en effet très critiques des pratiques dites de "call-out", qui consistent à publier en ligne des propos ou agressions commises au sein du milieu militant.
En effet, nous considérons que cette méthode se révèle souvent problématique dans la mesure où elle entérine une rupture entre la société et notre milieu et qu’elle n’est efficace que pour protéger un secteur politique circoncis au détriment d’une lutte contre un système de domination qui excède de loin les sphères militantes. Nous nous sommes visiblement trompées puisque certaines organisations, sans avoir pris contact avec nous, prennent position en faveur des agresseurs. Nous avons donc décidé, pour défendre les victimes et faire face aux traditionnelles pratiques sexistes consistant à faire passer les victimes de violences pour des coupables, de rétablir la vérité publiquement de façon à ce que nul ne puisse ignorer les faits et prétendre prendre position sans connaître les tenants et les aboutissants de ces agressions.
Le dimanche 17 avril, au lendemain d’une altercation entre un membre de la JGL et un sympathisant du milieu antifasciste lyonnais, des hommes de la JGL se sont lancés dans une expédition punitive. Sur leur chemin, ils ont croisé notre camarade, féministe antifasciste lyonnaise, qui a tenté de dialoguer avec eux. Refusant de discuter, trois hommes se revendiquant explicitement de la JGL l’ont violemment frappée, lui assénant plusieurs coups à la tête. Nous avons dénoncé le caractère éminemment sexiste de cette agression dans un mail à l’attention des organisations avec lesquelles nous avons l’habitude de travailler. En parallèle, une version mensongère des faits a circulé, émanant d’auteurs inconnus, passant sous silence le caractère sexiste de l’organisation, et appelant à se désolidariser de la GALE, groupe antifasciste lyonnais aujourd’hui en voie de dissolution par Gérald Darmanin.
Cela ne s’est pas arrêté là puisqu’en tant que collectif féministe non-mixte, nous sommes désormais accusées d’agression sexiste par la JGL. Cette accusation a d’ailleurs mené des organisations nationales à prendre parti pour la JGL et à couper tout lien militant avec les femmes suspectées d’agression. Remettons donc les pendules à l’heure : quand des femmes se défendent et protègent une femme face à des personnes violentes et virilistes c’est de l’autodéfense féministe, pas une agression sexiste.
Rétablissons donc à nouveau les faits : quelques jours après l’agression sexiste de notre camarade, à Paris, plusieurs militantes de notre coordination ont demandé des comptes à Raphael Arnault, porte-parole et dirigeant de la JGL. Il a refusé avec mépris toute discussion, le ton est monté et quelques coups ont été échangé entre des militantes de notre coordination et des femmes de la JG Paris. Enfin, ce 1er mai à Lyon, des militantes de notre coordination ont interpellé des militant.e.s JG (en majorité des hommes) qui ont refusé à nouveau toute discussion et se sont positionné-e-s en ligne face à elles avant de les frapper lorsque le ton est monté. Quelques heures plus tard, en réaction à cette nouvelle agression sexiste, un nouvel affrontement, en mixité cette fois, a éclaté entre militants lyonnais autonomes et la JG.
Nous constatons sans surprise qu’en tant que femmes antifascistes organisées au sein d’une coordination, dont l’un des objectifs est justement de combattre les violences sexistes, nous soyons renvoyées à des logiques de domination masculine : une campagne de silenciation et d’invisibilisation est menée contre nous par nos agresseurs. Elle touche aujourd’hui l’ensemble des organisations auxquelles nous appartenons. Nous refusons collectivement de nous taire et tenons à exprimer de nouveau notre soutien sans faille à notre camarade agressée le 17 avril ainsi qu’à toutes celles qui, en demandant des comptes, ont subi la violence sexiste des militants de la JG.
Nous déplorons que l’agression d’une femme par trois militants de ses rangs soit soutenue par la JG qui non seulement refuse de s’expliquer, frappe à nouveaux des femmes lorsque celles-ci demandent des comptes, colporte des mensonges et travaille à la division de notre camp à l’heure où l’extrême-droite continue de progresser. Il est devenu rituel de déplorer le virilisme des milieux antifascistes, reste que, visiblement, ceux qui frappent des femmes finissent toujours, contrairement à leurs victimes, par trouver du soutien.