Cet essai a été inspiré en partie par l’un-e de nos camarades alors que nous discutions des échecs de la non-violence en tant que tactique et philosophie. Iel a dit quelque chose comme “J’ai été élevé-e par des radicaux des années 1960 et 1970. Si vous étiez membre des Black Panthers et que vous vous faisiez prendre, vous aviez fait une erreur.” Ce zine est le produit d’une variété de conversations entre anarchistes noirs dans l’après-rébellion George Floyd, bien que bon nombre de ces courants de pensée aient existé avant.
Nous avons trois questions auxquelles nous espérons répondre dans ce zine.
Qu’est-ce que l’Anarchisme Insurrectionnel ?
Pour celles et ceux qui ne sont pas familiers, “l’anarchisme” ne signifie pas “chaos” et “insurrection” ne signifie pas “destruction aveugle”. L’anarchisme est le concept d’autonomie sociale se traduisant étymologiquement par “anarkhos” en grec signifiant “absence de dirigeants”. Par conséquent, selon les mots de l’aîné Lorenzo Kom’boa Ervin, “les anarchistes sont des révolutionnaires sociaux, qui recherchent une fédération coopérative de communes décentralisées sans état, sans classe, volontaire et basée sur la propriété sociale, la liberté individuelle et l’autogestion autonome de la vie sociale et économique.”
Lorsque nous discutons de l’anarchisme insurrectionnel, nous discutons d’une tendance au sein du mouvement anarchiste qui se concentre sur l’insurrection comme pratique révolutionnaire principale. L’insurrection signifie les phénomènes sociaux de rébellion sans équivoque ; la redistribution énergique de la propriété privée, des terres, et la justice par les masses opprimées. Le concept d’attaque et de conflictualité constante avec les forces autoritaires est au cœur de l’anarchisme insurrectionnel. Les anarchistes insurrectionnels ne croient pas que nous pouvons simplement construire un “dual power” ou “voter” pour notre chemin vers la liberté. Les institutions qui soutiennent actuellement le capitalisme racial et toutes les autres forces de domination doivent être brisées. Il ne peut y avoir de révolution sans révolutionnaires qui doivent s’engager dans des actions militantes contre l’Etat et le Capital.
Enfin, les anarchistes insurrectionnels accordent de l’importance à l’activité autonome des masses. Sans négliger l’organisation, les anarchistes insurrectionnels comprennent que les insurrections en tant que phénomène révolutionnaire sont sociales et non militaires. L’activité autonome des exploités et des opprimés entraîne la révolution, pas les actions des partis léninistes ou des syndicats soi-disant révolutionnaires. Les insurgés insistent sur le caractère informel de la révolution et de l’organisation. La révolution pour détruire ce monde se produit depuis la base et inclut tout ou ne se produit pas du tout. Nous définissons ici les termes de l’anarchisme insurrectionnel avant de nous lancer dans notre critique afin de clarifier pour les lecteurs non familiers et d’éviter toute confusion.
Pour un Anarchisme Noir Insurrectionnel
“C’est notre devoir de lutter pour notre liberté.
C’est notre devoir de gagner.
Nous devons nous aimer et nous soutenir.
Nous n’avons rien à perdre à part nos chaînes.”
- Assata Shakur
Le moment critique
Il est impératif que nous développions une position anarchiste insurrectionnelle noire. L’histoire de la lutte noire dans ce pays est une histoire de révolte par tous les moyens nécessaires. C’est une histoire d’attaques constantes des masses noires contre les puissances capitalistes et coloniales qui ont asservi les Noirs. 2020 a rappelé à beaucoup d’entre nous cette histoire et cet héritage. Malgré cela, de nombreux libéraux noirs espèrent effacer la rébellion de George Floyd de nos mémoires. De nombreux membres de la “gauche” noire espèrent faire de même afin de nous embrigader dans les mêmes organisations vieilles de 50 ans qui n’ont rien produit d’autre que des manifestations symboliques et des conférences inutiles.
Notre histoire
Allant encore plus loin, beaucoup des membres les plus réformistes et autoritaires de la gauche noire souhaitent réduire l’histoire des Noirs et des radicaux noirs à une simple organisation formelle. Malgré l’élévation de personnalités telles qu’Assata, iels qualifient toute sorte d’activité rebelle noire comme étant “trop rapide” ou “pas prête” ou se plaignent de l’ultra-gauche “ruinant” leurs plans de révolution malgré les actions rebelles de la jeunesse noire en été de 2020. Iels ne veulent pas que les Noirs étudient les tactiques de l’Armée de libération noire. Ils souhaitent effacer Kuwasi Balagoon et ses manières rebelles. Ils souhaitent effacer comment Assata Shakur a été libérée. Iels veulent effacer la grève générale des Esclaves. Iels veulent ignorer les Marrons. Iels veulent juste que nous participions à leurs campagnes réformistes pour “Defund the Police” ou “Community Control of the Police”.
L’insurrection qui vient
Nous recherchons un conflit sans médiation et sans compromis avec l’État et le capital. Il est tout à fait clair que l’été dernier, les masses noires ont prouvé qu’elles n’étaient pas intéressées par le “Defund” ou le “Community Control”, choisissant plutôt de combattre les flics et de piller les entreprises. Nous rejetons la non-violence et le compromis. Selon les mots de l’aîné George Jackson : “Nous devons accepter l’éventualité de mettre les États-Unis à genoux ; accepter la fermeture des sections critiques de la ville avec des barbelés, des transporteurs de flics blindés sillonnant les rues, des soldats partout, des mitraillettes pointées au niveau de l’estomac, de la fumée noire se déployant contre le ciel à la lumière du jour, l’odeur de la cordite, les perquisitions maison-par-maison, les portes défoncées, la banalité de la mort.”
Nous avons tous vu le Third Precinct de Minneapolis réduit en cendres. Nous rejetons l’arrestation “tactique”. Nous rejetons les manifestations et les marches symboliques qui conduisent continuellement à plus de violence de la part de la police sans rien en retour. Nous partageons une conviction fondamentale selon laquelle l’insurgé noir devrait chercher à démanteler tous les systèmes oppressifs, même au sein des organisations et des scènes dites “radicales”. Vivre l’anarchie signifie vivre par principe. Vivre par principe signifie que nous démantelons les systèmes (du mieux que nous pouvons) dans ce monde en ce moment.
L’importance de l’attaque
Bien qu’il y ait eu des organisations telles que les Salish Sea Black Autonomists qui ont lié le radicalisme noir et l’anarchisme insurrectionnel, nous pensons qu’il est continuellement important de souligner à quel point l’attaque et la conflictualité sont au cœur de toute politique anarchiste noire sérieuse et intéressée par le changement révolutionnaire. Avec le regain d’intérêt pour les formes radicalisme anarchiques noires avec les travaux de William C. Anderson, Zoe Samudzi, les Anarkatas et Lorenzo Kom’boa Ervin, nous pensons qu’il est important que les anarchistes noirs ne tombent pas dans le piège de croire que seule la préfiguration suffira à la révolution.
Nous devons attaquer physiquement la structure du pouvoir blanc par tous les moyens nécessaires. Il ne suffit pas de construire simplement des coopératives appartenant à des Noirs. Même si nous croyons que le travail des membres de Cooperation Jackson est important, il ne suffit pas de simplement construire des coopératives pour “se retirer” du capitalisme quand la réalité est que l’État pourrait facilement réprimer ces “communes” par des lois ou simplement par la force pure. Il n’y a pas de chemin menant hors de ce cauchemar capitaliste, si ce n’est par une attaque, une lutte, une expérience et une introspection sans relâche.
Sur la prétendue “Aide Mutuelle”
Nous constatons qu’il est important pour nous de critiquer la résurgence de “l’aide mutuelle” comme pratique. Une grande partie du travail “d’aide mutuelle” qui se fait n’est en réalité qu’un travail de redistribution avec une étiquette radicale. Bien que nous ne soyons pas opposés à ce type de travail par principe car il aide à construire des relations entre révolutionnaires, le problème est que la véritable entraide en tant que concept est plus présente dans les communautés queer noires organisant des GoFundMe les unes pour les autres que dans les organisations radicales faisant ce qui équivaut à de la charité avec une étiquette de gauche. Nous postulons que si l’acte d’aide mutuelle ne contribue pas au développement d’une économie de subsistance révolutionnaire, alors ce n’est pas “l’aide mutuelle” qui est inclusive de la société et doit être critiquée.
Malheureusement, la plupart des actes “d’aides mutuelles” qui se produisent actuellement ne sont pas de nature mutuelle. Plus que cela, ça ne confronte pas le pouvoir. Nous croyons que la mutualité de l’aide mutuelle est essentielle ainsi qu’un élément insurrectionnel. Par exemple, beaucoup à gauche ont rejeté le pillage de masse qui s’est produit en 2020 comme étant des actions de criminels ou étant “apolitique” alors qu’en fait, les Noirs libérant des ressources et des marchandises des entreprises sont bien plus révolutionnaires que la plupart des “organisations” faites par des formations de gauche ou abolitionnistes dans ce pays. L’expropriation des capitalistes créera la base de notre économie de subsistance. Nous devons penser à la bravoure et à la solidarité révolutionnaires que ces actes ont inspirées alors que nous nous tournons vers la propriété militante, les réclamations de terres et les expropriations de capitaux à l’avenir. Nous devrions nous tourner davantage vers ces types d’exemples d’aide mutuelle plutôt que vers un modèle plus axé sur les ONG caritatives. Notre critique de l’aide mutuelle rejoint notre critique du “dual power” ou de “l’économie solidaire”.
Seule, l’entraide ne suffit pas pour affronter et détruire le capital. Nous ne pouvons pas simplement “nous retirer” du capitalisme. Nous devons devenir ingouvernables. Les communes noires doivent naître de l’insurrection noire comme nous l’apprend notre aîné Lorenzo Kom’boa Ervin.
Contre l’Insurrection Blanche
Nous dédions cette section à la mémoire d’Antonio Mays Jr qui a été assassiné par un gauchiste blanc à la soi-disant CHAZ. Nous dédions également cette section à Michael Reinhoel, Eric G. King et David Gilbert. Nous encourageons les révolutionnaires blancs en Amérique à suivre vos exemples révolutionnaires. S’il doit y avoir une révolution réalisée, il doit y avoir moins de paroles, plus d’action.
De notre point de vue, les milieux anarchistes insurrectionnels aux États-Unis sont majoritairement blancs dans leur composition et leur analyse. Leur analyse raciale ne reconnaît pas vraiment les capacités insurrectionnelles des masses noires, et leurs tentatives sont souvent fétichisantes. La plupart des analyses et théories anarchistes insurrectionnelles se concentrent sur l’Europe comme principal exemple de révolte. Lorsque les milieux insurrectionnels tels que les garçons blancs d’Ill Will se concentrent sur la révolte noire, iels minimisent la dynamique raciale des émeutes en qualifiant tout de “multiracial”.
Sans une bonne compréhension de l’expérience du fait de vivre en tant que noir, il ne peut y avoir de compréhension de la façon de nourrir la révolte noire au-delà de ses premières étapes. Inutile de dire que cette expérience et ce leadership doivent être dirigés par celles et ceux qui vivent entre les marges du capitalisme racial ; femmes, personnes trans, lesbiennes, gays et autres groupes sexuellement et racialement opprimés. Au-delà de cela, nous comprenons le caractère juvénile de l’insurrection car ce sont les jeunes qui vivent dans nos villes qui ont le plus à gagner des premières étapes de notre révolution. Bien que le caractère de la rébellion de George Floyd de 2020 ne se limitait pas aux seuls participants Noirs, les insurgés blancs cherchant à universaliser la révolte noire sont les “All Lives Matter” du mouvement anarchiste.
Nous risquons d’être accusés de perpétuer le mythe de “l’agitateur blanc de l’extérieur” en écrivant cet essai, mais la réalité est que la blanchité et la négrophobie continuent même pendant une émeute et après celle-ci. Il est anti-matérialiste d’ignorer ces réalités en suggérant qu’une fois que nous descendons tous dans la rue, toutes nos actions sont les mêmes aux yeux de l’État. Ces insurgés blancs ne parviennent pas à comprendre comment leur propre blanchité continue d’exister au sein et au-delà de l’émeute, choisissant plutôt de croire que la race est magiquement transcendée lorsqu’iels cassent un vitre. Les insurgés blancs ne parviennent pas à s’engager dans la longue histoire de l’histoire insurrectionnelle noire dans ce pays en essayant d’importer des stratégies et des tactiques d’autres révoltes ici aux États-Unis… s’il vous plaît, fermez-la à propos de la France.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’éléments de lutte dans des endroits comme la Palestine et le Rojava ou les luttes d’Amérique centrale et du Sud contre l’État et la police. Notre oppression est similaire dans sa forme et sa structure et ainsi, nos méthodes de résistance seront également similaires. En effet, nous pensons que les insurgés blancs ont très peu à nous apprendre sur notre lutte. Par exemple, la peur et la critique des armes à feu lors des manifestations qui ont émergé l’été dernier d’un certain nombre de publications et de rapports “anarchistes” en témoignent. La lutte armée a toujours fait partie de l’activité insurrectionnelle noire. De plus, cela n’a absolument aucun sens de lutter contre la violence de l’état de du fascisme en utilisant des moyens de violence moindres que les leurs.
Rappelons-nous que l’Amérique possède la plus grande quantité d’armes civiles à la disposition du public dans le monde “développé”. En fait, la lutte armée est au cœur des documents fondateurs et du développement culturel de ce pays. Nous prévoyons d’utiliser chaque élément de la création américaine pour la détruire. Pourquoi ne demande-t-on pas pourquoi George Washington, Lincoln, même Staline, Mao et les anarchistes blancs du monde entier utilisent la lutte armée ? Il n’y a pas de changement au pouvoir ou à la domination, à part avec la force. Intuitivement, nous sommes bien conscients de l’existence et de la “préparation pour l’apocalypse” des milices d’extrême droite et des groupuscules fascistes qui ont l’intention de poursuivre notre extinction. Nous sommes également conscients de l’infiltration de ces fascistes accélérationnistes dans nos soi-disant agences d’application des lois fédérales, étatiques et locales et dans l’armée nationale. Donc, nous ferons la guerre contre la suprématie blanche sur tous les fronts. La gauche blanche peut croire que soit nous avons un désir de mort, soit que nos vies sont inutiles et nous sommes déterminés à prouver le contraire.
Les anarchistes blancs qui parlent de “guerre symétrique” ou de “violence horizontale” reflètent une incompréhension, peut-être délibérée, de l’histoire et du pouvoir dans ce pays. Ce pays a déjà connu une guerre civile dont les vestiges forment les fondements de la guerre culturelle actuelle. Les rébellions de 2020 ont fait remonter à la surface la méfiance historique des anarchistes blancs envers les méthodes insurrectionnelles noires, à savoir les armes à feu lors des manifestations/actions directes. Nous leur recommandons de prendre un moment pour réfléchir au fait que, aux États-Unis, les Noirs ont été et continueront d’être contraints d’affronter les Blancs qui continuent d’agir comme agents de l’État. Nous avons l’intention de faire comme nos ancêtres et d’utiliser tous les moyens disponibles pour combattre ces personnes, quelle que soit la peur des armes à feu de certains anarchistes blancs.
Idris Robinson parle directement de cette peur blanche dans sa lettre ouverte à Michael Reinohel (qui a tué un fasciste à Portland) :
Ce que révèle le double standard concernant votre situation, c’est à quel point la violence en Amérique aura toujours nécessairement une dimension profondément raciale. Et c’est précisément cela — le noyau terrifiant de la violence racialisée — qu’ils essaient de réprimer lorsqu’ils se mentent à eux-mêmes et aux autres lorsqu’ils disent que leur problème avec ce que vous avez fait est une question de stratégie ou de tactique. Je veux dire, donnez-moi une pause : dans un pays qui est littéralement saturé de violence, des tireurs de masse aveugles aux policiers meurtriers, personne ne peut honnêtement prétendre que les quelques coups que vous avez tirés pourraient d’une manière ou d’une autre être interprétés à tort comme une escalade. Il n’y a tout simplement aucun moyen d’éviter la spirale de la violence qui a commencé au moment même où les premiers navires en bois ont atteint les côtes de l’Atlantique.
La gauche blanche de l’ère actuelle doit non seulement accepter le fait que certains de leurs membres, soi-disant amis et idoles, devront être réprimés par la violence révolutionnaire s’iels agissent comme des mandataires violents de l’État. , fascistes ou racistes. Ceux qui ne comprennent pas notre lutte peuvent considérer cette position comme de “l’aventurisme”, mais ce n’est que du bon sens d’atténuer la violence racialisée avec un front uni de contre-violence qui transcende les frontières raciales psychologiques et sociales du colonialisme de peuplement aux étapes ultérieures du conflit armé. En d’autres termes, nous cherchons à généraliser le conflit armé parmi les peuples nord-américains unis contre l’État, tous les États jusqu’à ce que les machines hégémoniques et les points de production du consumérisme de la classe dirigeante soient réduits en cendres.
Greg Jackson critique la gauche blanche dans son “Authoritarian Leftists : Kill the Cop in Your Head” dans le monde de la négrophobie, la blanchité est la loi et l’ordre et les blancs sont suppléés (transformés en flics) par l’État, ce qui signifie que leurs actions sont un résultat de la “façon naturelle des choses”. Les communes et les zones autonomes dirigées par des Blancs reproduisent les actions de l’État à plus petite échelle. C’est ce à quoi Jackson fait allusion dans son essai. Les vrais “camarades” blancs savent que l’importance de l’autonomie des Noirs tue le flic dans votre tête. Ainsi, Nous lutterons contre les “zones autonomes” dirigées par des Blancs car elles reproduisent l’état et la négrophobie comme le montre 2020 au lendemain de la rébellion de George Floyd, lorsque dans la zone autonome nommée CHAZ, deux garçons noirs ont été abattus dont un tué. Ce n’est pas du tout une insurrection. Les insurrections nécessitent des réseaux profonds d’attention et d’amour, sinon elles s’éteindront avant de pouvoir se transformer en un mouvement révolutionnaire. Ces zones autonomes négrophobes dirigées par des blancs doivent être attaquées avec la même férocité que nous attaquons les flics et les milices blanches. Il va sans dire que les gauchistes blancs qui tuent les Noirs et réimposent la suprématie blanche sur des espaces soi-disant libérés sont nos ennemis.
Les soi-disant anarchistes ou gauchistes noirs qui couvrent les tendances violentes et négrophobes de la gauche blanche doivent également être considérés comme des ennemis. Le tokenisme existe dans les espaces anarchistes. Nous en avons marre que les gens prétendent que leurs groupes sont multiraciaux et sans problème parce qu’iels ont un anarchiste noir symbolique. Il est étrange que les anarchistes et la gauche dans un sens plus large semblent moins bien comprendre le tokenisme que les libéraux, bien que cela témoigne de l’échec de toute orientation politique anarchiste blanche envers la race. Il est clair que l’anarchisme existe en tant que scène plutôt qu’en tant que mouvement révolutionnaire lorsqu’il existe de multiples projets “anarchistes »” à majorité blanche dans des villes à majorité racisée. De plus, publier un livre anarchiste noir ou avoir un anarchiste noir dans un projet ne signifie pas que votre projet anarchiste n’est pas colonial. Si vous êtes un anarchiste noir couvrant les frasques des anarchistes blancs, vous devriez arrêter. Peu nous importe que ces personnes soient vos “amis”. S’iels réimposent la suprématie blanche aux Noirs même en tant “qu’anarchistes”, ce sont des ennemis.
La gauche blanche, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, doit collectivement donner la priorité au bien-être du reste du monde plutôt qu’à son propre racisme et privilège culturel. C’est le travail de tous les autres groupes d’affinité opprimés à travers le pays de s’assurer qu’iels n’ont d’autre choix que d’agir dans notre intérêt. Nous ne sommes pas nos aînés. Nous n’avons ni le temps ni la patience d’attendre que la gauche blanche acquière la capacité morale de devenir de vrais révolutionnaires alors que nous sommes massacrés comme des chiens dans la rue. Soit vous aiderez la révolution en tant que camarades, soit nous vous attaquerons en tant qu’ennemis jusqu’à ce que vous le fassiez.
Alors, que faut-il faire ?
Nous devons commencer à nous rendre compte que seule la communauté s’occupera efficacement de la question. Pas le système capitaliste raciste, avec sa police, ses tribunaux et ses prisons répressifs. Nous seuls avons la psychologie et la compréhension pour y faire face ; maintenant nous devons développer la volonté. Personne d’autre ne s’en soucie. — Lorenzo Kom’boa Ervin
Nous croyons au changement évolutif et révolutionnaire. Le changement évolutif signifie nous préfigurer nous-mêmes et nos camarades immédiats vers des changements organisationnels que nous pouvons faire au quotidien vers notre objectif final d’abolition révolutionnaire de l’État. Nos changements évolutifs ouvrent la porte à une ouverture insurrectionnelle une fois que l’événement catalyseur se produit. Le changement révolutionnaire est l’accumulation d’actions par l’ensemble du peuple qui aboutit à un mouvement de masse dans le but de diriger toutes les ressources de l’humanité vers l’abolition de l’État, du capitalisme, de l’autorité et de la domination, simultanément. Elle implique l’ensemble de l’humanité dans une conflictualité constante avec des forces d’oppression au niveau interpersonnel, communautaire, national et international.
L’insurrection est un événement social, ce qui signifie qu’elle a des implications sociales qui dépassent les frontières internationales. Ainsi, alors que les chaînes de l’empire et du militarisme sont attaquées et détruites dans cet État-nation, il devrait être d’autant plus clair dans d’autres États-nations comment attaquer et détruire l’État-nation. Si l’Amérique tombe, le gestionnaire du capitalisme international et de l’oppression coloniale tombe aussi.
La position insurrectionnelle Noire cherche à reproduire la destruction quotidienne du “3rd Precinct” et la prise de contrôle d’une “Attica” toutes les heures, jusqu’à ce que le projet américain soit mort et que la terre ait été récupérée parceux à qui elle a été volée. En d’autres termes, elle recherche une rébellion sans fin et une contre-violence sans compromis pour déconstruire notre monde violent en un monde pacifique dont il est issu. Puisque l’État et les fascistes n’hésiteront pas à utiliser toutes les armes à leur disposition pour atteindre leurs objectifs, nous ferons de même pour parvenir à l’abolition complète de l’Amérique en tant qu’État-nation au sens social, économique, politique et culturel.
Afin d’empêcher l’isolement des révolutionnaires noirs et indigènes et la concentration ultérieure de la répression par l’État répressif et les populistes fascistes sur nos communautés, le mouvement nécessitera les actions courageuses de révolutionnaires de toutes les couleurs, croyances et âges, mais surtout des révolutionnaires blancs. Nous disons cela à cause de votre incapacité historique à agir. Nous nous référons aux paroles de la “Lettre ouverte à la gauche blanche aux États-Unis” de la Black Liberation Army.
Il ne faut donc pas s’étonner que la gauche blanche des nations occidentales modernes soit inhibée par son propre besoin de légitimité bourgeoise, par son propre racisme culturel et par le processus même de cooptation de la classe ouvrière occidentale. La somme de ces parties s’additionne à la faillite révolutionnaire de la gauche blanche traditionnelle dans les nations capitalistes modernes.
Nous croyons que pour toute action entreprise par les anarchistes blancs, les socialistes, les communistes et tout ce que vous vous appelez tous être vraiment “révolutionnaire”, non seulement iels doivent attaquer la structure du pouvoir blanc aux points de pression du capital en solidarité avec d’autres forces d’assistance , mais iels doivent attaquer la structure du pouvoir blanc à la maison. Cela signifie créer la rupture psychologique avec la blanchité et le privilège nécessaires pour établir de nouvelles relations entre les êtres humains et la nature elle-même. En d’autres termes, pour préserver la vie d’innombrables personnes de couleur opprimées à travers le monde, vous devrez tous trahir votre privilège blanc pour devenir un infiltré blanc avec l’intention d’éliminer votre ancienne famille, vos amis et vos compatriotes qui refusent le changement.
Les peuples du tiers-monde n’ont pas le temps d’attendre les “conversations difficiles” que vous avez eues durant l’été 2020 alors qu’en ce début 2022 nous avons enduré de nombreux procès-spectacles depuis le soulèvement de 2020 illustrant la volonté de la justice américaine d’éviter de nouvelles rébellions par le masses en condamnant des meurtriers infâmes comme Chauvin et Potter tandis que le reste des flics s’en tirent tous les jours avec des meurtres et des agressions. Cela signifie que les révolutionnaires blancs organisent leurs propres équipes antifascistes pour combattre l’État et le racisme fasciste au-delà de la simple organisation de contre-manifestations. Dans l’exemple de Michael Reinhoel, tirer pour tuer.
Nous ne croyons pas aux solutions étatiques. Nous ne soutenons pas non plus les efforts visant à “s’emparer” du pouvoir d’État. Chacune de nos méthodes est un moyen pour l’abolition de l’État. Nous privilégions les méthodes d’organisations décentralisées basées sur des affinités communes. Une fois qu’ils sont formés, nous devrions développer ces réseaux parmi les groupes locaux pour en faire des réseaux nationaux et internationaux de résistance auto-organisée, souterraine et de surface. Nous préférons prendre des décisions dans une série de votes et obtenir un consensus destiné à susciter la compréhension et à établir la solidarité entre les camarades de notre réseau et de nos communautés. Nous encourageons l’échange de compétences, d’arts et de métiers et en explorons de nouveaux pour éventuellement enseigner aux autres alors que nous créons de nouvelles structures pour l’emploi et l’auto-organisation au sein de nos communautés. Nous allons devoir développer nos propres syndicats et apprentissages autonomes pour confronter l’état et le racisme blanc.
Nous observons actuellement ce qui peut être considéré comme une guerre de faible intensité chez les jeunes de nos communautés. Nous devons initier la création de forums et d’espaces sûrs pour discuter des interventions menées par la communauté pour dissuader, rediriger et réduire l’activité violente et criminelle dans notre communauté, à quel point la haine, le désespoir et la désolation qui affligent notre communauté seront convertis en joie armée contre révolutionnaire l’État et le capitalisme.
Nous observons qu’il faut cultiver une culture révolutionnaire pour fournir une contre-hégémonie aux thèmes dominants de la violence intracommunautaire et du vol de personnes proposés par les rappeurs réactionnaires Lil Durk, King Von, Pooh Shiesty, Dolph, Nudy, d’autres célébrités dans leur musique, et même les célébrités sportives. Ces célébrités ont reçu des privilèges et ont été soutenues par la structure du pouvoir blanc pour une raison. Cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas les pleurer ou profiter de leurs arts et talents, mais que nous devons comprendre leur but et leur fonction. Il y a une raison pour laquelle le rap est passé d’une forme d’art intrinsèquement conflictuelle, underground et contre-culturelle à une forme d’art qui a été cooptée et produite en masse pour le profit et pour les Blancs.
Une vie réactionnaire de drogue, d’argent, et de renommée peut être appétissante pour certains, mais nous devons en quelque sorte inventer des moyens de rendre l’insurrection à venir plus attrayante pour la jeunesse noire. Nous pouvons construire de nouveaux futurs basés sur nos propres rêves et communautés. Nous devons développer un nouveau sens de soin mutuel et trouver des solutions à la violence par tous les moyens nécessaires. Qu’on le sache, nous pouvons attaquer l’État et la suprématie blanche et construire notre communauté simultanément. Le crime “Black-on-Black” est une invention blanche, tout comme le “crime” lui-même. Abolissons le système judiciaire criminel. Libérez tous les prisonniers politiques. Liberté pour Larry Hoover. Liberté pour Tay-K. Liberté pour Palestine.
L’inaction est une approbation implicite d’un génocide sanctionné par l’État. Par exemple, en décembre 2021, les Noirs représentaient 29,6 % de la population de Chicago, mais nous représentions plus de 80 % de tous les homicides. Les soi-disant “hispaniques” représentent 28,8 % de la ville et seulement 13 % de tous les homicides. Les Blancs représentent 50,0% de la ville et seulement 3,8% de tous les homicides. Nous observons que la grande quantité de ressources en matière de santé mentale et d’éducation, d’options alimentaires saines et d’opportunités après l’école se trouvent dans les communautés blanches.
Ces ressources doivent être saisies et redistribuées dans toutes les communautés mal desservies au cours de l’insurrection pour le bénéfice de tous. Sinon, elles doivent être détruites pour qu’elles ne profitent à personne. La violence révolutionnaire doit se propager dans les quartiers aisés des banlieues afin de créer un nouveau champ de conflit pour l’État. Il faut comprendre que la police municipale du comté et d’État, et par extension, l’armée, sont ce qui maintient cet arrangement violent en place, par la force et donc, ils doivent être détruits par la force. Nous devons construire des réseaux de protection et de mouvement à l’intérieur et à l’extérieur de nos communautés.
L’histoire nous dit de nous méfier de la gauche blanche inactive. Nous croyons que l’inaction est une complicité avec la suprématie blanche. En fait, nous pensons qu’il s’agit d’une inaction intentionnelle et volontaire en raison de la caractérisation des mouvements collectifs de libération par les Blancs depuis que nous avons été amenés ici en tant qu’esclaves. Tout au long de notre séjour sur ce continent, un statu quo avec les Noirs victimes de violence raciale via les propriétaires d’esclaves et plus tard la police a été tout à fait acceptable.
Nous comprenons que nous sommes toujours des esclaves dans ce système et vous le comprenez également. Un échec de la gauche blanche à organiser une contre-violence à la suprématie blanche en coalition avec nous aura pour conséquence que les Noirs n’auront d’autre choix que d’agir avec force sur la communauté blanche. Si rien ne se fait, nous prouverons que nous sommes tous des humains qui peuvent vivre et mourir par la violence tout de même et au même rythme. Selon les mots de l’aîné George Jackson, “Notre engagement est d’armer, nos ennemis sont les institutions et toute personne ayant des intérêts en leur maintien, même si cet intérêt n’est qu’un salaire. Si la révolution signifie la guerre civile, nous l’acceptons, et plus tôt ça commencera plus tôt ce sera fait.” C’est notre promesse, au cas où un mouvement révolutionnaire contre la classe dirigeante serait rendu impossible par les masses blanches à travers le pays.
Les jeunes Noirs qui s’inscrivent dans le système universitaire américain doivent accepter l’université comme une machinerie suprémaciste blanche et travailler pour mettre un terme à ses opérations. Nous devons rapporter toutes les informations utiles des universités à nos communautés pour éduquer, organiser et faire de la propagande auprès des jeunes et des plus âgés que nous. L’université, tout comme l’État lui-même, ne sert qu’au développement ultérieur de la classe néocoloniale des Noirs et à la cooptation des mouvements menés par le bas. L’université américaine, qu’elle soit “historiquement noire” ou non, est le gouffre de la “gestion de crise” qui ne trouvera jamais de solutions réelles aux problèmes qu’elle crée. C’est un cloaque de prêts étudiants et d’exploitation des travailleurs.
La seule alternative à la révolution pour les masses est la mort. Le génocide prolongé des masses opprimées réagit à la crise politique, sociale et économique de COVID-19 et au lent effondrement de ce système. Le temps du changement est venu.
Nous devons commencer à construire un dual power. Nous voulons être clairs sur le fait que si le dual power est construit doit être lié à l’insurrection. Les coopératives ou projets de gauche qui ne servent pas la révolte spontanée des masses noires ne sont que des projets futiles. Nous le voyons avec le fait que la plupart des “infrastructures” construites par les gauchistes étaient inutiles pour le soulèvement de George Floyd. Le dual power, tel que défini en termes anarchiques, est la stratégie de construction de contre-institutions auto-organisées pour combattre les institutions capitalistes décadentes actuelles. Accent mis sur la partie combat de cette phrase.
Au fur et à mesure que nous construisons nos groupes d’affinité, nous devons proposer de nouvelles alternatives à la structure de pouvoir actuelle pour commencer à construire. Nouveaux systèmes de justice, jardins potagers frais, divertissement communautaire, défense communautaire, etc. À mesure que les institutions seront détruites, de nouvelles structures consensuelles, horizontalisées et autogérées prendront leur place. En même temps, nous devons commencer à squatter à main armée nos maisons et nos centres communautaires pour nous défendre de la gentrification et des déplacements forcés. Cela finira peut-être par être inévitable, mais nous devrons également trouver des endroits appropriés pour les communautés au cas où nos maisons seraient détruites par les bombes militaires des capitalistes. Si c’est arrivé à MOVE en 1985, cela peut arriver et cela arrivera aujourd’hui. Nous devons construire des réseaux de solidarité et créer des solutions anarchiques aux problèmes rencontrés par ceux qui cherchent refuge à la frontière du sud. Nous devons faire tout cela en même temps et la minorité anarchiste révolutionnaire peut immédiatement commencer à agir dans ces domaines.
Nous devons surtout nous préparer à une escalade de la répression et également de la résistance si une grève générale se développait parmi les masses noires au cours de la prochaine insurrection.
Nous devons avoir du soutien et de l’amour envers nos potes qui sont enfermés à l’intérieur de la prison pour avoir fait les sacrifices ultimes pour la révolution. Nous devons également trouver des moyens astucieux d’aider à leur libération. La construction de réseaux de soutien (nous n’utilisons pas d’entraide car nous estimons que ce terme a été majoritairement coopté) est un acte insurrectionnel s’il est fait d’une manière qui ne médiatise pas le conflit avec l’État.
Beaucoup de nos camarades ne peuvent pas risquer d’être arrêtés, blessés ou tués parce qu’iels aident autrui ou qu’iels ne peuvent pas descendre dans la rue en raison d’un handicap. Si les insurrections se veulent sociales et non militaires, pourquoi la plupart des formations et théories insurrectionnelles semblent-elles ne pas inclure les plus marginalisés de notre société ? Tout le monde doit participer à une insurrection, et cela nous oblige à centrer les plus marginaux.
La perspective de la violence révolutionnaire
Cette section est dédiée à Sandra, Rekia, Breonna, Korryn et bien d’autres que nous avons perdues trop tôt. Nous vous aimons. Nous nous battons en votre mémoire.
Je ne me fais aucune illusion. Les mots sont ou ne sont pas compréhensibles selon leur situation réelle. Nous ne leur donnons de l’espace et de la crédibilité que s’ils rentrent dans nos schémas et nos certitudes. Les mécanismes de défense deviennent automatiques et empêchent la réception même du message. S’il n’en était pas ainsi, les illuministes auraient définitivement changé le monde il y a deux cents ans. –Alfredo Bonanno
Ne vous méprenez pas, nous avons l’intention d’utiliser toutes les méthodes à notre disposition pour créer un nouveau monde. Cela signifie, au sens littéral, changer nous-mêmes, le monde qui nous entoure et les conditions de ces changements par tous les moyens nécessaires. Nous comprenons le potentiel révolutionnaire de la violence au cours de l’insurrection et de la révolution qui suit et nous comprenons également la propension réactionnaire à la violence dans l’ère actuelle du fascisme, de l’oppression raciale, sexuelle et culturelle. Nous comprenons que historiquement l’un des outils à notre disposition a été l’utilisation des armes dans la lutte. Il est important de noter que ce n’est pas le seul outil à notre disposition mais un développement continu et une synthèse des luttes actuelles et passées.
En effet, à la fois la vie et le sang de nos jeunes actuels, nos aînés, et nos ancêtres ont été sacrifiées pour donner l’impulsion économique à l’organisation corporatiste actuel de la classe dirigeante et l’impulsion sociologique pour le racisme, le sexisme, l’homophobie et la transphobie omniprésents qui sévissent dans notre société actuelle. Ce système ne se soucie pas de nos vies, de nos familles, de nos potes, de nos espoirs et de nos rêves que nous entendons protéger par les armes alors que nous attaquons chacun des principaux points productifs du capital. Ces stratégies se développeront à mesure que les rébellions futures se transformeront en insurrections plus longues, à mesure que la société évoluera vers une condition favorable à la révolution qui se fomente parmi les masses des peuples dépossédés.
Nous allons unir, inspirer et protéger notre communauté et créer des liens avec des projets révolutionnaires armés autonomes à travers le monde. Nous désirons la destruction du capital, de la police, des hiérarchies raciales et sexuelles, et toutes les formes d’oppression sexuelle et culturelle. Le mouvement insurrectionnel du futur proche s’appuiera sur les réseaux de soins susmentionnés développés à travers des expropriations révolutionnaires du capital et de la propriété pour créer des conditions favorables à la croissance d’une Commune Noire. La seule façon de commencer à protéger ces projets révolutionnaires tout en portant des coups à l’État est la compréhension et la prolifération de Joie Armée.
Par “Joie Armée”, nous entendons la lutte armée auto-organisée de la minorité anarchiste noire engagée influençant les masses noires en général et proliférant parmi elles pour fournir l’essence du feu de forêt qui brûlera éminemment la plantation américaine dans toute sa splendeur capitaliste et lancer la révolution sociale tant attendue au moment critique. En lançant cette attaque, nous avons l’intention de donner à nos enfants une chance de survivre sur cette planète indépendamment des peurs de l’Amérique blanche en général et de la gauche blanche presque inexistante en particulier ici en Amérique.
Nous comprenons grâce aux meurtres à Kenosha que l’État aidera les fascistes qui tuent des blancs qui s’opposent à leur occupation, qu’iels soient pacifique ou non. Nous encourageons les camarades non noirs dévoués à lutter contre l’oppression à leur manière tout en apprenant véritablement de la lutte et du leadership des camarades noirs. Nous devons trouver les meilleurs moyens de résister ensemble.
Cependant, nous n’hésiterons pas à utiliser les armes contre ces “alliés” qui interprètent nos actions de manière délibérément erronée pour justifier la répression de l’État ou dont les actions imprudentes causent du tort à nos communautés. En raison de la cupidité et de la négligence imprudente des capitalistes qui placent de grandes quantités de drogue et d’armes dans notre communauté, nos communautés sont déjà bien armées et compétentes dans l’utilisation des armes comme outils de destruction et de haine de soi. Ils seront amenés à voir qui sont les vrais ennemis. Les armes que les capitalistes ont créées pour nous détruire les détruiront. Les fabricants d’armes internationaux des capitalistes sont aussi nos ennemis. Il ne peut y avoir de paix tant que tous les modes de production oppressifs ne sont pas détruits. Autrement dit, notre dernière arme sera jetée et détruite lorsque le dernier capitaliste sera mort et que les méthodes de reproduction des armes à feu ne seront plus nécessaires.
Jusque-là, aucun flic n‘est’ innocent et aucun officier militaire ne sera épargné par nos balles. Nous exhortons les nouvelles milices de type klan à réfléchir à deux fois avant d’attaquer également nos communautés. Nous n’hésiterons pas à nous défendre. Nous soutenons que la violence qui a autrefois fait du capitalisme racial en général et du fascisme américain en particulier le centre culturel et économique du monde le détruira et tout ce qu’il représente depuis l’intérieur.
Conclusion
Ce document ne parle en aucun cas de la volonté objective des masses noires dans leur ensemble. C’est simplement une réflexion de quelques camarades anarchistes dans notre tentative de documenter l’anarchisme insurrectionnel et la marche à suivre vers l’insurrection telle que nous la voyons. Ce document était le produit de conversations et de luttes. Nous accueillons la critique, l’étude et la pratique. La révolution sociale dans le contexte des États-Unis viendra des actions des masses noires. Alors que les anarchistes et les insurgés doivent participer, nous comprenons que les masses noires guident le cours de l’histoire.
Nous ne saurions trop insister sur le fait que les anarchistes et les révolutionnaires noirs doivent aborder les questions critiques de la stratégie révolutionnaire dans les années à venir. Nous ne pouvons pas permettre aux anarchistes blancs ou aux avant-gardistes noirs de dicter notre façon de bouger. Nous espérons voir ce document susciter la discussion, l’organisation, et d’autres actions au sein des cercles anarchistes noirs.
Alors que de nombreux anarchistes noirs sont occupés à faire de l’anarchie, nous pensons que l’anarchiste noir a besoin de plus de réflexion et de théorisation afin d’élargir le champ de ce qui est possible. En avant pour toujours vers l’insurrection noire et la commune noire !
Une réponse à ce texte a d’ailleurs été écrite : https://medium.com/@riotforliberty/une-r%C3%A9ponse-enthousiaste-%C3%A0-la-joie-arm%C3%A9e-noire-6257a983d0f1
Références/Liste de lectures recommendées
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Assata : An Autobiography by Assata Shakur
A Soldier’s Story : Revolutionary Writings by a New Afrikan Anarchist by Kuwasi Balagoon
Revolutionary Struggle & Insurrection by Alfredo Bonnano
In Defense of Looting by Vicky Osterweil
Reparations as a Verb by Salish Sea Black Autonomists
Anarchism and the Black Revolution by Lorenzo Kom’boa Ervin
Some notes on insurrectionary anarchism by sasha k
Blood In My Eye by George Jackson
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