Le conseil régional Rhône Alpes Auvergne a adopté hier le rapport sur la sécurité de Laurent Wauquiez : expérimentation de reconnaissance faciale, multiplication des caméras, financement de l’analyse algorithmique...
Rappel :
Lundi 19 juillet, Laurent Wauquiez présentera à l’assemblée de la région Auvergne-Rhône-Alpes un projet de délibération pour lui permettre de déployer la reconnaissance faciale dans les gares, de financer l’achat de logiciel d’analyses comportementales et de multiplier les caméras de vidéosurveillance. C’est un pur projet de Technopolice, dangereux et illégal, que l’assemblée plénière du conseil régional se doit de rejeter.
Après les mensonges et les fantasmes sécuritaires de Valérie Pécresse en Île-de-France, Laurent Wauquiez veut lui aussi faire la promotion de la Technopolice dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Lundi 19 juillet prochain, jour de l’assemblée générale du conseil régional, il présentera un projet qu’il entend bien faire voter (le projet, qui nous été transmis par le groupe « Les Écologistes » de la région est disponible ici). Au programme, notamment :
– « accompagner, [dans les trains régionaux et les gares] à titre expérimental, un premier dispositif de reconnaissance faciale, uniquement accessible aux autorités compétentes » ;
– « déployer la vidéoprotection à l’intérieur des cars scolaires et interurbains » ;
– « poursuivre l’équipement en caméras de vidéoprotection en temps réel des trains régionaux » ;
– « renforcer le bouclier “vidéoprotection” avec 10 000 caméras supplémentaires et en l’étendant à la vidéoprotection intelligente ainsi qu’à l’expérimentation de systèmes innovants (exemple : la technologie biométrique…) ».
Logique sécuritaire sans fin
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Dans le document, Laurent Wauquiez revient ainsi sur sa politique de sécurité des dernières années : déploiement massif de caméras dans les gares, les trains et les lycées, financement de la vidéosurveillance en temps réel… Selon lui, cela ne suffit toujours pas : il faut surveiller encore plus et « intégrer de nouveaux espaces », comme les « stationnements des vélos, certains ascenseurs, passages souterrains, passerelles », sans oublier « l’ensemble des transports scolaires ». Filmer tout, tout le temps, en temps réel, ne plus laisser un seul espace de libre à l’anonymat. Peut-être rejoindra-t-il Christian Estrosi qui veut maintenant mettre des projecteurs de lumière ultra-puissants dans la ville qui se déclencheraient en cas d’attroupements : comme si l’ombre était liée à la criminalité.
On imagine tristement leur ville rêvée : partout de la lumière et des caméras, la ville transformée en un grande un espace où des robots dissèquent et analysent nos moindres gestes.
Reconnaissance faciale et analyse comportementale
Car évidemment, le projet de Laurent Wauquiez rejoint un son de cloches que l’on entend de plus en plus du côté des promoteurs de la Technopolice : toutes ces caméras ne serviraient selon eux à rien si des logiciels d’ « intelligence artificielle » ne venaient pas aider à alerter sur les comportements préalablement établis comme « suspects ». C’est une inversion de logique : alors que la vidéosurveillance est toujours contestée, et puisque son efficacité est régulièrement remise en question (la Cour des comptes en parlait encore en 2020), ses promoteurs affirment qu’il faut donc aller encore plus loin.
Dans la même lignée, Laurent Wauquiez veut expérimenter la reconnaissance faciale et financer l’équipement des communes en logiciels de vidéosurveillance automatisée (la délibération telle que présentée est d’ailleurs étonnamment floue : « reconstituer rapidement a posteriori le parcours de délinquants ou criminels dans les trains régionaux »).
Alors même que de tels dispositifs seraient illégaux car ils ne remplissent en aucun cas les critères posés par la loi française ou le droit européen (voir notamment la directive Police-Justice) : ils n’obéissent nullement à une « nécessité absolue », ne présentent pas les « garanties appropriées » et ne sont encadrés par aucun texte spécifique (comme l’exige pourtant l’article 10 de la directive Police-Justice).
C’est pour cela que nous avons gagné contre le projet de portiques de reconnaissance faciale à Nice et Marseille (voir notre article ici), que nous avons attaqué le projet de surveillance de Marseille (voir notre article ici) et que nous sommes en ce moment devant le Conseil d’État contre la reconnaissance faciale via le fichier des traitements des antécédents judiciaire (voir notre article).
Surenchère sécuritaire et élection présidentielle
Il est probable que Laurent Wauquiez et son équipe soient parfaitement conscients de l’illégalité de leur projet. On imagine que, comme Valérie Pécresse ou Christian Estrosi, la véracité de leur propos ou la légalité de leurs actions ne les intéressent que peu. Ils veulent avant tout mettre en avant une idéologie sécuritaire, qu’ils imaginent flatter une certaine catégorie d’électeurs en vue des échéances électorales à venir. A chaque échéance, ils iront donc un peu plus loin dans leurs propositions.
Il faut que cessent ces projets mis en place illégalement par la classe politique, comme l’usage de drones par la police l’année dernière et tous ces projets technopoliciers que nous avons pu participer à faire échouer. Il faut leur opposer, aujourd’hui et demain, notre refus de la surveillance biométrique et du tout-sécuritaire. Il nous faut dénoncer leurs fantasmes totalitaires. Nous appelons le conseil régional à s’opposer lundi prochain à ce projet de délibération.
Lu sur La quadrature du net