Depuis 2 semaines, c’est une véritable chasse aux personnes sans papiers que mènent les flics dans les rues de Briançon. 5 personnes ont été arrêtées en une semaine, instaurant un climat de peur pour nos ami.e.s dès qu’iels mettent le pied dehors.
Située à 10 kilomètres du col de Montgenèvre, Briançon est la ville la plus proche de la frontière. C’est dans cette bourgade que se trouve le refuge solidaire, lieu d’accueil très temporaire pour les personnes éxilé.e.s qui décident parfois de s’installer pour du long terme dans le Briançonnais.
Il faut rappeler que le milieu solidaire briançonnais est diversifié. Il compte des organisations dont les modes d’actions légaux ne sont pas tant de faire des vagues localement mais plutôt de porter des recours à l’échelle régionale, nationale voire européenne. En complément, des collectifs aux modes d’action plus radicaux, sont bien décidés à lutter contre la frontière au sein de cette ville calme où l’on vient faire du ski, pas de la politique. Ouvrir des squat en fait par exemple partie.
Alors que cette cela n’était pas arrivé depuis 3 ans, mercredi 1er mars, trois amis habitant à Briançon sont controlés par la police aux alentours de 18h en rentrant d’une distrib’ au restos du coeur. Pour les deux n’ayant pas de papiers français, s’ensuivent 24 heures de rétention administrative. Ils sortent le lendemain, avec une OQTF (Obligation de quitter le territoire français), une IRTF (Interdiction de retour sur le territoire français) d’une durée de 2 ans, et 45 jours d’assignation à résidence avec pointage quotidien. Nous sommes alors désemparés face à cette situation.
Cinq jours après, lundi 6 mars (la veille du procès du squat) quatre ami.es habitant également à Briançon sont de nouveau controlé.es autour de 17h, Cette fois-ci à peine à 40 mètres du refuge. Une fois de plus, nos ami.es sont amené.es au commissariat, et placés en retenue admnistrative. Un rassemblement spontané a immédiatement lieu. Après qu’un flic ait été chahuté, le climat de la soirée sera globalement tendu : 6 flics en panique complète face à une trentaine d’individus chantant Bella Ciao. Ils ne mettront le nez dehors qu’en nous pointant de leurs tasers.
Le lendemain, après la manif contre la réforme des retraites, nous remontons au commissariat et manifestons devant le poste en bloquant la route jusqu’à la sortie de nos camarades. Ils sortent finalement, après 24H au poste, avec une OQTF, une IRTF et un pointage quotidien pendant 45 jours. Ce second coup de pression devant le commissariat aura au moins servi à envoyer un message clair aux flics : leurs pratiques destructrices de vies ne resteront pas sans réaction. La tête qu’ils tiraient à la libération des camarades et le verre d’eau que l’un d’eux a jeté sur nous depuis l’étage sont bien un aveu de l’humiliation qu’ils ont subi ce jour là.
Ces deux vagues d’arrestations ont eu lieu dans la semaine qui a précédé le procès du squat. Nous nous y sommes rendu.e.s massivement le 7 mars sans nos potes enfermés au commissariat, assignés à résidence ou craignant d’être arrêtés, qui voulaient venir en soutien. Nous étions pourtant plus d’une vingtaine sur les bancs du tribunal, dont deux potes n’ayant pas de papiers européens qui ont pris le risque de se déplacer à Gap malgré le contexte.
Jusqu’à présent, les personnes exilé.e.s n’étaient victimes de contrôles au faciès que dans la zone-frontière de Montgenèvre, sous l’autorité de la PAF (police aux frontières), qui s’applique, avec le renfort de gendarmes mobiles, à réprimer toute tentative d’entrée en France de personnes exilées, avec des méthodes violentes*. Quant à Briançon, c’est une ville dont la "sécurité" est gérée par la police nationale, qui ne faisait jusqu’ici que peu de cas de la présence de personnes n’ayant pas les bons papiers.
Il s’agit d’un énième double discours de la mairie de Briançon, qui d’un côté appelle ouvertement à fermer la frontière (le maire étant d’ailleurs régulièrement reçu en grande pompe par son pote ministre violeur Gérald Darmanin) mais est bien contente que le refuge solidaire fasse le travail qu’elle ne veut pas accomplir : offrir un accueil décent aux personnes arrivant en France. Surtout que les personnes ne sont ainsi pas trop visibles et ne font pas "tâche" dans le cadre idyllique présenté aux touristes... Beurk.
Le message de la mairie, par l’intermédiaire de la police est clair : les personnes éxilées sont tolérées pour peu qu’elles ne s’avisent pas de s’installer. Par ces actions, ils ne nous laissent qu’une solution : penser une riposte politique forte et ne plus laisser nos ami.e.s se faire embarquer au nom d’un défaut de papiers "valables". La première fois, nous avons voulu croire à un cas isolé. La deuxième, nous avons compris la démarche répugnante. La troisième, s’il y en a une, nous ne laisserons pas passer. Si les ami.e.s qui vivent dorénavant ici et qui désirent y travailler, ne peuvent plus sortir dans les rues, dans leurs rues, sans peur, ce sont tous nos lieux d’accueil et de vie qui deviendront des espaces d’enfermement. Et nous ne l’acceptons pas.
Au-delà d’une valeur d’information, cette article a pour but d’appeler toustes celleux qui auraient le temps, la volonté, et l’énergie de penser cette riposte à nous rejoindre, pour combattre la frontière et son monde.
Pour rappel, une grande maraude aura lieu samedi 18 mars à Montgenèvre, contre la loi Darmanin... en espérant vous y voir nombreux.ses !
l’ultrasupermégaturbogauche briançonnaise
* https://mars-infos.org/violences-a-la-frontiere-dans-le-6768