Les fonctionnaires des frontières sur la route des Balkans incisent des mains, humilient et déportent

Les fonctionnaires des frontières sur la route des Balkans incisent des mains, humilient et déportent.

Le Border Violence Monitoring Network (BVMN) a révélé 20 cas de refoulements illégaux en juin et a documenté les expériences de 351 personnes dont les droits ont été violés à la frontière extérieure de l’UE. Les personnes sur place ont enregistré divers actes cruels et abusifs commis par des agent·e·s d’au moins dix autorités nationales différentes. Quelques-uns des développements décrits dans la politique frontalière européenne sur la route des Balkans :

  • Croatie : Dans la région frontalière, des policier·e·s ont blessé des exilé·e·s lors de refoulement en leur infligeant des coupures de couteau dans les mains. Cela a été fait dans le but spécifique de dissuader d’autres réfugié·e·s sous les yeux desquels ces actes ont été commis. Les cicatrices restantes seront aussi visibles par tous les résident·e·s dans les camps. En outre, il y a eu plusieurs cas de coups de crosse de fusil sur la tête de exilé·e·s. Ensuite, les plaies saignantes ont été badigeonnées de nourriture comme du ketchup - une cruelle moquerie envers le gens. À l’intérieur du pays, des gens sont à nouveau morts. Probablement six personnes sont décédé·e·s en essayant de traverser les rivières Mrežnice et Korona. Leur nombre exact est difficile à déterminer, car les cadavres disparaissent souvent dans la rivière. Les deux rivières traversent le centre du pays et sont un bon exemple du fait que les régions frontalières ne sont pas les seules à être dangereuses le long des voies de migration. À l’intérieur du pays également, il y a du profilage racial, des arrestations et des refoulements sans aucun avis officiel. Une enquête sur l’utilisation des fonds de l’UE soulève des questions sur le rôle de l’UE dans ce scénario violent. En 2018, l’UE a accordé à la Croatie 6,8 millions d’euros pour la sécurité de ses frontières. Un système de contrôle est censé être mis en place pour garantir que toutes les activités des autorités frontalières soient "proportionnées" et conformes aux droits fondamentaux et à la législation européenne en matière d’asile. Cependant, cela n’a jamais vu le jour. Des 300 000 € (sur les 6,8 millions) prévus pour les structures de contrôle, un total de 84 672 € a été alloué à la police croate. Le reste a été réorienté vers d’autres usages ou n’a pas été dépensé du tout. L’UE finance donc directement une autorité policière impliquée dans des pratiques illégales de refoulement.
  • Roumanie : Des violences physiques et psychologiques sont également commises par les fonctionnaires des frontières. Des personnes ont été blessées par des câbles et des matraques. Les frontières sont sécurisées par la force afin d’éviter que des demandes d’asile ne soient faites dans le pays.
  • Grèce : Selon la nouvelle exigence d’accréditation, en plus des ONG dans les camps, de nombreux groupes sont touchés par la criminalisation : les organisations ou collectifs qui fournissent une aide de solidarité dans la rue, en fournissant de la nourriture ou des services médicaux, par exemple. Dans ce contexte, les exilé·e·s ont été emmenés par les autorités avec la promesse d’une légalisation et se sont retrouvés en Turquie quelques heures plus tard après une déportation collective.
  • Italie : La tromperie se produit également en Italie, où les autorités prennent les empreintes digitales des exilé·e·s et leur suggèrent qu’ils pourront désormais demander l’asile, pour ensuite les expulser vers la Slovénie et les refouler en chaîne à travers au moins deux autres frontières. Dans un discours public devant le Comité Schengen, le ministre de l’intérieur Lamorgese a expliqué qu’entre le 1er janvier et le 25 juin 2020, 343 personnes dont les empreintes digitales ont été lues dans le système EURODAC ont été forcées de retouner en Slovénie.
  • Serbie : Après qu’il soit devenu presque impossible de demander l’asile en Hongrie, de plus en plus de personnes se rendent en Serbie, qui n’était jusqu’à présent pour beaucoup qu’un pays de transit. Actuellement, 6 000 personnes vivent dans camps officiels. Il devient maintenant évident qu’il est extrêmement difficile d’y demander l’asile également : la procédure n’est pas claire, les délais sont courts, tous les documents doivent être remplis en serbe et il y a un manque de conseillers juridiques. Seuls 3 % des réfugié·e·s sont enregistré·e·s comme demandeurs ou demandeuse d’asile. En outre, la "loi sur les étrangers" a été modifiée pour faciliter les expulsions et des accords de réadmission ont été conclus avec l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan.

Le rapport présente les données et les histoires des personnes en fuite. Ils rendent visible l’ampleur de la violence aux frontières - la violence physique et psychologique toujours menaçante, les humiliations, les fausses promesses, les refoulements. Chaque cas est l’histoire individuelle d’une personne à qui l’on refuse toute valeur dans cette blanche Europe.

PS :

Extrait de la revue de presse antiraciste du 21 juillet 2020, disponible sur antira.org.

Antira.org est une revue de presse hebdomadaire suisse-allémanique dont l’objectif est de constituer une ressource pour les luttes antiracistes grâce à une analyse de l’actualité et des transformations du racisme systémique

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