Toutes les 10 secondes, on coupe définitivement ou intégralement le sexe d’une fille sans même une anesthésie locale, parfois dès sa naissance. Savez-vous que cela arrive aussi en France, tout près de chez vous ?
Pourtant, tout le monde peut contribuer à remplacer les traditions qui font souffrir par des rituels de bientraitance autorisés par la loi. Vous aussi, vous pouvez faire cesser ces mutilations !
L’équipe de la Maternité Conception tiendra une permanence gratuite d’accueil, de soutien et d’information aux victimes d’excision, le lundi 6 février, de 10h à 17h, au théâtre Toursky, 16 passage Léo Ferré, à Marseille (3e).
L’équipe de la Maternité Conception, engagée dans le soutien aux victimes d’excision, tiendra une permanence d’accueil, de soutien et d’information,
le lundi 6 février, de 10h à 17h, au théâtre Toursky, 16 passage Léo Ferré, à Marseille (3e).Entrée libre.
À la Maternité de la Conception (AP-HM), une équipe médico-chirurgicale s’est organisée pour prendre en charge les femmes victimes de telles mutilations.
Le Pr Aubert AGOSTINI, la Docteure Emmanuelle COHEN-SOLAL et Françoise COURTOISIER, sage-femme coordinatrice, ont mis en place une permanence d’accueil, de soutien et d’information dans les locaux de la Maternité.
Depuis 2008, l’équipe s’est associée avec l’Union des Femmes du Monde-GAMS Sud, présidée par la comédienne Naky SY SAVANE.
L’Organisation mondiale de la Santé distingue 4 types de mutilations sexuelles féminines :
- La clitoridectomie : ablation partielle ou totale du clitoris.
- L’excision : ablation partielle ou totale du clitoris et des petites lèvres, avec ou sans ablation des grandes lèvres.
- L’infibulation : rétrécissement de l’orifice vaginal par ablation et accolement des petites lèvres et/ou des grandes lèvres, avec ou sans ablation du clitoris.
- Les formes non-classées de MSF : toutes les autres interventions nocives ou potentiellement nocives pratiquées sur les organes sexuels féminins à des fins non thérapeutiques.
Une question de vocabulaire. Excision ? Mutilation sexuelle féminine ? Mutilation génitale féminine ?
Excision, parlons-en ! utilise parfois indistinctement les termes de « mutilation sexuelle féminine » et « d’excision ». Notre réseau et ses adhérent-e-s sont mobilisé-e-s pour l’abandon de toutes les formes de mutilations sexuelles féminines. Nous utilisons néanmoins parfois le terme « excision » de façon générique, selon les contextes ou le public avec lequel nous dialoguons.
Nous privilégions également le terme mutilations « sexuelles » à celui de « génitales » car il reflète mieux l’ensemble des conséquences de l’acte sur la vie des femmes et intègre, en plus de l’atteinte physique, toutes les dimensions de la sexualité (psychologique, sociologique, anthropologique…).
Les justifications suivantes sont notamment invoquées par les groupes qui pratiquent l’excision :
Le contrôle de la sexualité des femmes et le maintien de la domination masculine : L’excision – en prévenant le désir sexuel, empêcherait les expériences sexuelles prénuptiales et ensuite les relations adultérines – garantissant ainsi l’honneur de la famille et du mari.
Les croyances liées à la religion : bien qu’aucun texte religieux ne prescrive la pratique – qui a d’ailleurs précédé l’apparition des grandes religions monothéistes – certains utilisent leurs croyances pour justifier l’excision. La pratique se retrouve aussi bien dans des populations musulmanes, chrétiennes ou animistes.
D’autres croyances, les mythes : certaines communautés pensent que l’excision favorise la fécondité des femmes ; qu’elle permet d’assurer une meilleure hygiène, de rendre les femmes plus attrayantes ou même de leur ôter les parties qu’ils considèrent comme masculines ou dangereuses telle que le gland du clitoris.
Le maintien d’une identité et d’une tradition culturelle : pour certaines communautés, pratiquer l’excision permet de perpétuer une tradition et de protéger une identité culturelle. L’excision est par exemple parfois associée à des rites de passage à l’âge adulte. Pratiquer l’excision pour préserver son identité culturelle, en particulier au contact de groupes qui ne pratiquent pas, peut jouer un rôle important, par exemple dans un contexte migratoire. Certaines familles peuvent parfois perpétuer la pratique en migration pour s’assurer de transmettre valeurs et identité culturelle.
Parmi les risques auxquels sont exposées les filles et les femmes victimes d’excision, il est possible de citer :
- Des douleurs intenses : la vulve, les lèvres et le clitoris sont des parties du corps très innervées. Couper des tissus sensibles des organes génitaux cause des douleurs extrêmes, d’autant que les mutilations sexuelles féminines sont rarement pratiquées sous anesthésie. Par ailleurs, la cicatrisation peut se révéler douloureuse dans des contextes où le suivi des soins reste précaire. Tout au long de leur vie, les femmes peuvent continuer à ressentir des douleurs en raison de l’emprisonnement ou de l’absence de protection des terminaisons nerveuses.
- Des saignements voire une hémorragie. Des saignements se produisent de façon immédiate. Dans certains cas, il s’agit même de véritables hémorragies, pouvant alors entrainer la mort.
- Des infections : les conditions d’hygiène précaires (par exemple le fait d’utiliser le même instrument pour exciser plusieurs filles) peuvent être à l’origine d’infections. Par la suite, les mutilations sexuelles féminines peuvent entraîner de multiples infections vulvaires, urinaires ou gynécologiques, qui peuvent mener à la stérilité. La diffusion des infections sont susceptibles d’entraîner des septicémies qui, sans traitement adéquat, peuvent être mortelles.
- La mort peut être causée au moment de l’acte par des hémorragies ou des infections, y compris le tétanos et le choc.
- Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) : l’utilisation d’un même instrument non stérilisé pour l’excision de plusieurs filles est susceptible d’accroître le risque de transmission du VIH. Par ailleurs, l’augmentation du risque des saignements au cours des rapports sexuels, qui est fréquent lorsque la désinfibulation est nécessaire, peut accroître le risque de transmission du VIH.
- Les filles et les femmes ayant été infibulées sont particulièrement exposées aux problèmes urinaires et menstruels : la fermeture quasi complète du vagin et de l’urètre peuvent empêcher l’urine et les menstruations de s’écouler normalement.
- Les conséquences sur la vie sexuelle : les femmes ayant subi une mutilation sexuelle peuvent connaître des douleurs ou un plaisir sexuel diminué au cours des rapports sexuels, par exemple en raison des dommages liés à l’ablation de tissus sensibles tel que le gland du clitoris, de cicatrices résultant de leur excision ou encore de souvenirs traumatisants liés à l’intervention.
- Les complications obstétricales : les femmes ayant subi une mutilation sexuelle féminine sont plus exposées à des complications telles que des saignements excessifs, des déchirures du périnée et ont souvent recours à des épisiotomies. Un travail prolongé ou un accouchement difficile peuvent être à l’origine de fistules obstétricales, qui deviennent alors des conséquences secondaires des complications liées aux mutilations sexuelles féminines. Un accompagnement médical adéquat des femmes à l’accouchement réduit le risque de complications obstétricales : Une femme excisée vivant loin d’un poste de santé, en milieu rural a beaucoup plus de risques de complication qu’une femme excisée vivant dans un pays où le système de santé et développé et accessible.
- Les répercussions sur le nouveau-né : les résultats d’une étude menée par l’Organisation mondiale de la Santé sur 28 000 femmes dans différents pays, prouvent que les mutilations sexuelles des mères ont des conséquences négatives sur les nouveau-nés : les taux de décès périnatal chez les nouveau-nés sont plus élevés pour les enfants des femmes ayant subi une mutilation sexuelle que pour les enfants des femmes n’ayant pas subi de mutilation (supérieur de 15 % pour les enfants dont les mères ont subi une mutilation de type I, de 32 % lorsque les mères ont subi une mutilation de type II, et de 55 % lorsqu’il s’agit d’une mutilation sexuelle de type III)
- Les conséquences psychologiques : beaucoup de femmes décrivent les mutilations sexuelles féminines comme un traumatisme, en raison de la douleur extrême ressentie au moment de l’acte, du choc et de la force utilisée pour les empêcher de bouger. La douleur et/ou l’hémorragie peuvent entraîner un choc au moment de la mutilation. Des études ont également montré que les femmes excisées peuvent avoir une plus grande crainte des rapports sexuels ou connaître un état de stress post-traumatique, d’anxiété, de dépression, de perte de mémoire.