Avec le développement de la vidéo-surveillance algorithmique, particulièrement expérimenté à Marseille, il sera possible de : détecter automatiquement les regroupements, les personnes qui courent, qui restent statiques « trop longtemps », qui « dégradent » le mobilier urbain et même les personnes qui font demi-tour brusquement. Bref tout comportement suspect, « déviant ».
Au nom de quoi ? La protection des citoyen.ne.s, la sécurité, ou bien pour retrouver (ou du moins dissuader) le méchant qui aurait enlevé une hypothétique petite fille.
Sauf que si une personne veut kidnapper quelqu’un.e elle le fera, et si les citoyen.ne.s ont besoin d’être protégés c’est bien de la police. Car à Marseille comme partout ailleurs la police et l’institution policière tuent et répriment. C’est nier les violences systémiques que de croire que la vidéosurveillance nous protège.
L’aboutissement de cette « safe city » (un concept qui regroupe tout les mécanismes de surveillances urbaines) c’est une ville fluidifiée, sécurisée, planifiée, où chaque événement est anticipé, pacifié, géré, contrôlé, régulé. On peut voir la « safe city » comme l’aboutissement urbain de l’écologie de gouvernement : on y retrouve la même logique gestionnaire, protectrice, régulatrice, la même emprise mortifère.
Pour nous la sécurité c’est d’abord des logements dignes, un air sain, la paix économique et sociale, l’accès à l’éducation, la participation politique, l’autonomie patiemment construite : ces technologies n’apportent rien de tout cela. Elles sont un frein à l’organisation politique en autonomie. Le déploiement de la vidéo-surveillance tend surtout à rendre toujours plus compliqué l’appropriation de l’espace urbain par celleux qui y vivent. Celleux qui connaissent et habitent leurs quartiers, leurs rues.
A Marseille il est intéressant de remarquer que les caméras quadrillent les quartiers populaires, que ce soit le quartier de Noailles ou de la Belle de Mai, et disparaissent dans les quartiers riches : les dômes suspendus sont absents des rues qui bordent les villas de Perier. Là où on s’approprie quotidiennement l’espace public, là où la trame des liens entre humains est riche et complexe, là où finalement la vie déborde des cadres très limités imposé par la métropole, on cherche à contrôler, surveiller, réprimer. Pensez au marché de Gèze ou aux étals sauvage de Noailles, pensez à la bataille contre la « rénovation » de la Plaine et à tout les groupes d’ami-es qui investissent les rues du centre, pensez aux entraides de voisinages dans les quartiers nord ou à la lutte pour les jardins Levat, pensez à l’auto-organisation populaire face à la crise sanitaire.
Pour nous, écologistes, féministes, anarchistes, l’écologie c’est l’art d’habiter les milieux vivants, tout ce qui fait obstacle à l’écologie doit être combattus, dénoncés, détruits.
Sources
https://technopolice.fr/
https://www.laquadrature.net