Marseille – la coupe est Plaine

Marseille. Son pastis. Son mistral. Son OM. Sa Canebière. Et... sa Plaine. Une place un peu absurde, vivante, bordélique et populaire, que voudraient bien « nettoyer » et « lisser » les aménageurs du nouveau monde. Heureusement, le projet ne fait pas l’unanimité.
Texte repris de l’excellent journal Article 11...

« C’est une vaste place encadrée de chaque côté par deux allées d’arbres. Au printemps, il y a dessus une foire », écrivait Jean Giono dans Noé (1947), en un passage dépeignant La Plaine. « Du temps de ma jeunesse, continuait-il, il y avait au centre de cette place un bassin dans lequel évoluait un bateau à rames à forme de petit paquebot et pouvant contenir une dizaine d’enfants. Un feignant costumé en matelot faisait faire pour deux sous trois fois le tour du bassin, lentement, avec de longues pauses. Cela s’appelait le tour du monde. Chaque fois que je descendais à Marseille avec mon père, il me payait ça. Je montais dans la barque et j’étais navré de le quitter, car il restait à terre. Il restait à terre et il faisait lentement le tour du bassin en même temps que moi, car il était navré de me quitter. Mais, dès que nous arrivions à Marseille, lui et moi, il me disait : Viens, Jean, je vais te payer le tour du monde.  »

Aujourd’hui, il n’y a plus de bassin sur La Plaine. Plus de bateau non plus, ni de « feignant costumé ». Mais « le tour du monde », on peut toujours le faire. Il suffit d’y passer du temps.

*

Pour tout Marseillais qui se respecte, même fraîchement débarqué, la place Jean-Jaurès, communément appelée La Plaine, est un endroit spécial, presque sacré. Un symbole. Non que cet espace rectangulaire situé dans les hauteurs de la Canebière soit particulièrement esthétique ou pratique – le proclamer reviendrait à s’enflammer un tantinet –, mais parce qu’il est habité d’un esprit particulier, aussi frondeur que débrouillard. Une fierté locale.

La Plaine, c’est un univers en soi. Avec ses quelques bars qui ne paient pas de mine mais regorgent de vie. Son marché tri-hebdomadaire (mardi, jeudi et samedi) aussi foutraque qu’accessible et fréquenté par les populations les plus pauvres de la ville. Son aire de jeu accueillant les enfants dans la journée et les gros bourrés la nuit. Ses soirs de foot (allez l’Ohème) où rien d’autre n’existe que le ballon rond. Son micro-jardin propice aux ébats nocturnes. Ses magnolias esseulés. Son aberrant parking perpétuel aux airs de casse-tête chinois. Ses trottoirs d’une largeur microscopique. Au vrai, tout y est plutôt brinquebalant. Comme rafistolé, de bric et de broc. Mais – bonjour lyrisme – tout a une âme.

C’est le samedi que La Plaine revêt ses habits les plus azimutés. Ce jour-là, le marché est si fréquenté qu’il semble littéralement déborder hors de la place. De l’avis général, on y trouve tout. Et son contraire. De l’électroménager aux contrefaçons, des barrettes à cheveux aux marrons chauds, des fripes à un euro aux parfums à prix dégriffés. Une sorte d’inventaire à la Prévert, version marchande. Et dont la bande-son vaut son pesant d’or en toc. Quelques aller-retours, et les bouts de dialogue s’entassent sur le carnet du plumitif en goguette :

« Il est fou, le marchand, vous dites, à faire des prix si bas ? Eh bien, oui, il est fou ! Barge ! »

«  Je vais vous dire, cette ceinture elle vous ira aussi bien à vous qu’à votre mari. C’est l’époque qui veut ça. Plein d’articles sont désormais mixtes. Depuis le Mariage pour tous, les codes ont changé. »

« Je l’ai vu à Téléachat ! Et maintenant, il est là ! C’est pas magique ? »

« Tu veux que je te casse la tête devant tout le monde, eh, fumiste ? Non ? Bah taille-toi, alors !  »

«  Je vais vous dire, j’adore Hello Kitty ! J’ai quarante ans, mais je m’en lasse pas ! »

Un joyeux théâtre, regorgeant de bonnes affaires, d’embrouilles, de produits tombés du camion, de bruyant bagout et de tonitruantes civilités [1]. Si on y fait facilement le « tour du monde », ce dernier semble bien bordélique. Et c’est justement ce bordel qui constitue l’essence de La Plaine, sa vérité première. À savoir : l’inverse d’une « Fake Plastic City ». Imprévisible, ingérable, mal peignée et débraillée, parfois absurde, voilà La Plaine dans toute sa splendeur crue. À en croire le propriétaire d’une brasserie donnant sur la place, il y aurait même des crocodiles dans les canalisations [2]. Certes : ce n’est pas avéré.

« Ce qui fait le charme de cette place, c’est son irrationalité, expliquait Mehdi [3], un intervenant d’une soixantaine d’années, lors de la dernière réunion mensuelle de l’Assemblée de La Plaine, association d’habitants et d’habitués des lieux. Quel que soit le projet qui viserait à la modifier, il rationaliserait forcément l’espace. Ce n’est pas acceptable. Parce que toute démarche en ce sens se fera au profit de l’espace marchand. » Il insiste : cette place est parfaite comme elle est. À deux petites exceptions près : « Il suffit juste d’améliorer l’éclairage nocturne et d’installer de nouveaux urinoirs. Le reste est à refuser absolument. »

Ils sont nombreux à penser ainsi dans ce petit bout de Marseille, situé à cheval entre le Ier, le Ve et le VIe arrondissement. À « refuser absolument » que change l’essence de cet endroit qu’ils aiment, malgré ses criants défauts. Las. Cet attachement au lieu n’est pas partagé dans les hautes sphères marseillaises. Un désamour logique, ainsi que le rappelait en 2004 le très bon pamphlet La Fête est finie [4] :

« Un "quartier populaire" est avant tout un quartier habité, c’est-à-dire ingouvernable. Ce qui le rend ingouvernable, ce sont les liens qui s’y maintiennent. Liens de la parole et de la parenté. Liens du souvenir et de l’inimitié. Habitudes, usages, solidarités. Tous ces liens établissent entre les humains, entre les humains et les choses, entre les lieux, des circulations anarchiques sur quoi la marchandise et ses promoteurs n’ont pas directement prise. L’intensité de ces liens est ce qui les rend moins exposés et plus impassibles aux rapports marchands. Dans l’histoire du capitalisme, cela a toujours été le rôle de l’État que de briser ces liens, de leur ôter leur base matérielle afin de disposer les êtres au travail, à la consommation et au désenchantement. »

Oui, il est logique que les supplétifs de l’État se sentent peu d’affinités avec cette Plaine qu’ils ne peuvent pour l’instant modeler à leur guise. Trop d’ « habitudes, d’usages, de solidarités », trop de «  liens » qu’il convient de « briser » sans plus tarder. La mairie gaudinesque semble ainsi décidée à (tenter d’) extirper la racine rebelle et populaire de l’endroit, dans le cadre du maousse projet « Marseille Grand Centre-ville ». Les aménageurs municipaux ont déjà planifié un plan de rénovation, s’étalant de 2017 à 2019 et doté d’un budget prévisionnel de 11,5 millions d’euros. Aux manettes, une société publique locale affiliée à la Mairie, la Soleam (Société locale d’équipement et d’aménagement de l’aire marseillaise). L’objectif avoué, claironné : « Faire monter en gamme la place ». Il s’agirait carrément d’ « un enjeu majeur pour la requalification de tout le secteur [5] ». Bien dans l’air du temps.

*

Ça n’a rien d’un scoop : Marseille a beaucoup changé ces dernières années. Certains quartiers ont été vidés de leurs populations originelles, gentrifiés à grandes eaux. Le Panier, longtemps quartier populaire, est désormais presque totalement nettoyé de ses indésirables pauvres. Le Vieux Port s’est adapté aux touriste, multipliant les terrasses hors de prix et les pagnolades touristiques. L’Hôtel Dieu, anciennement hôpital publique, est devenu en 2013 un palace cinq étoiles. Jusqu’au Cours Julien, sympathique place située à proximité de La Plaine, qui se métamorphose progressivement en repère pour étudiants et populations culturalo-branchées – les bancs ont disparu, remplacés par des terrasses. Refrain connu. Si « la géographie […] sert d’abord à faire la guerre » [6], alors l’urbanisme contemporain est quand à lui un zélé auxiliaire de la guerre sociale.

Un processus d’aseptisation par l’aménagement que connaissent toutes les grandes villes d’Europe. Marseille y a pourtant longtemps résisté, du fait de l’enracinement des classes populaires en plein centre-ville [7]. Pour y remédier, la municipalité a récemment mis les grands moyens dans la rénovation de la ville et sa « métropolisation », notamment via la clinquante opération Marseille-Provence 2013 [8] (MP2013). Ce processus de vampirisation par la culture est désormais bien connu. Il est destiné à repousser les classes populaires loin des zones d’ « attractivité ». Alèssi Dell Umbria l’expliquait joliment dans un article publié sur A11 en 2013 [9] :

« Le Vieux Port a été piétonnisé et relifté high tech, [tandis] que les quais ont laissé place à une esplanade glaciale d’où tout banc public a été proscrit. Tout cela dans le cadre de MP2013, bien sûr. Comme la Rue de la République : maintenant, c’est ’’La Street qui bouge’’, ainsi qu’on peut le lire sur de grands placards. Dans quelle direction elle bouge, facile à voir : le bar Le Réverbère est devenu un Starbucks Coffee, un très ancien et charmant magasin de jouets un H & M, le petit restau chinois ouvert toute la journée une enseigne Nespresso... Le plus beau, c’est que le ramolli du bulbe qui a accouché de ce slogan a sûrement dû se palper 10 ou 15 000 euros pour cette trouvaille. ’’La Street qui bouge’’ ! Non mais tu le crois ? ! »

Pour ce qui est de « bouger », La Plaine s’y connaît pourtant très bien. Y est notamment organisé tous les ans un carnaval populaire braillard et bon enfant. Tout l’inverse d’une animation touristique ou d’une opération promotionnelle. Et c’est bien là que le bât blesse : pas question que les gens du coin se retrouvent pour faire la fête et conjurer les temps présents sans se placer sous la haute juridiction de la culture municipale... Début 2014, la police est donc brutalement intervenue pour stopper les festivités. Un épisode évoqué en images dans La Fête est finie [10], très bon documentaire de Nicolas Burlaud (sortie nationale le 4 novembre), consacré aux processus de rénovation mis en place conjointement à l’opération MP2013. Le film démontre habilement que la culture est désormais un parfait cheval de Troie pour toute municipalité décidée à livrer sa ville à l’argent-roi. « L’année Capitale de la culture, sera une machine de guerre pour transformer Marseille en métropole  », s’enflammait à l’époque un certain Jacques Pfister, alors président de la chambre de commerce ainsi que de l’association MP2013. Ainsi fut fait.

Un carnaval populaire ne peut être réduit à sa dimension festive. Il se fonde généralement sur une réappropriation de la rue et sur la mise en scène des travers des puissants. En 2014, avant que les matraques n’interviennent, celui de La Plaine s’attaquait à la rénovation sauce MP2013, notamment via le procès de l’effigie en carton d’un hôtel de luxe. Devant une foule convaincue et vociférante, un homme costumé finissait par livrer son verdict : « Aujourd’hui, ils veulent donner Marseille aux riches. […] Si on est venu sur cette place, c’est pour faire le procès de ces riches, de toutes ces politiques. […] Je déclare l’accusé coupable. Et je le condamne à être brûlé, sur cette place. [11] »

Dont acte : woush.

*

11 octobre 2015. L’Assemblée de La Plaine, association fondée il y a quelques années pour porter la parole des habitants du coin, organise une journée d’information sur le projet de rénovation. Cela se passe sur la place même, au soleil. Une centaine de personnes y assistent. Des commerçants. Des habitants de longue date. Des nouveaux venus. Des jeunes et des vieux. Le dialogue n’est pas toujours évident – parfois ça crisse, des points de vue divergent –, mais il progresse cahin-caha, malgré les incessants grésillements d’un micro récalcitrant. Avec cette évidence répétée par tous : « On est un quartier populaire, on lutte tous ensemble. »

Ce n’est pas la première fois que les aménageurs de ville en toc s’attaquent à La Plaine. Il y a une quinzaine d’années, de patibulaires grilles ont été installées autour du petit parc, malgré les protestations des habitants. À la même époque, le terrain de foot que plébiscitaient les mômes du coin a été transformé en terrain pour boulistes – moins bruyants, moins agités. Plus récemment, un arrêté préfectoral a interdit la vente de boissons alcoolisées dans les petites épiceries environnantes ; des descentes de police très médiatisées ont même eu lieu. Mais jusqu’ici, la bête gentrificatrice avançait encore à couvert. À pas prudents. Le nouveau projet s’inscrit dans une autre dimension – main-basse sur la place.

Si les détails de l’opération envisagée par la municipalité ne sont pas encore connus (plusieurs projets sont en concurrence), il semble évident que le marché sera l’une de ses premières cibles. « Ils veulent supprimer ce marché pour gens modestes, estime Christine, très remontée. Exactement comme ça s’est passé avec celui du Prado : il a été rénové et tout a changé, depuis les populations qui le fréquentent jusqu’aux forains qui y travaillent. De Nice à Marseille, c’est partout pareil. »

Trop bordélique, trop « bas de gamme », le marché présente en effet peu d’intérêt pour les populations – plus riches – qui sont censées être séduites par le projet de rénovation. Pour Sabine Bernasconi, maire Les Républicains des Ier et VIIe arrondissements, citée par La Provence, il est en tout cas temps d’agir : « Cette place, il faut l’aérer, la réorganiser, lui redonner des fonctions lisibles. Le marché doit aussi être repris en main. » Même son de cloche chez le groupe d’assistance à maîtrise d’ouvrage Samop, téléguidé par la municipalité et la Soleam pour poser les bases du programme d’aménagement : « Ce ’’programmiste’’, écrit La Provence, ne part cependant pas à tâtons : d’ores et déjà, la Ville lui a soufflé ses souhaits, à savoir se doter d’un ’’beau marché qualitatif’’ [12], ’’faire monter en gamme’’ la place en ’’s’appuyant sur ses qualités architecturales et paysagères’’ et en renforçant la part du végétal, dégager les façades pour créer des terrasses, des cheminements piétons et cyclistes agréables, réduire la place de la voiture... »

Derrière la novlangue fleurie des aménageurs, toujours friands d’envolées végétales et « qualitatives », transparaissent toutes les caractéristiques d’une gentrification en bonne et due forme. Il s’agit d’enjoliver la carte postale à destination des touristes et promoteurs. De quoi faire monter rapidement le prix du foncier. Attirer d’autres populations. D’autres commerces. Saboter le marché populaire. Et, in fine, virer les gueux. Une vraie montée en gamme. « On connaît tous la suite, résume un intervenant. Ils veulent aseptiser ce lieu, comme ils l’ont fait au Panier ou aux Terrasses du Port, comme à Paris ou New York. »

*

Idéaliser béatement La Plaine serait une erreur, disent de nombreux habitants. Un tic de transfuge parisien débarquant la bouche en cœur (à l’image de votre serviteur) et minimisant l’envers du décor. Au vrai, tout n’est pas rose. Et les chantiers légitimes ne manquent pas. Améliorer l’hygiène et la gestion des déchets. Réparer l’éclairage publique. Repenser la circulation automobile. Des domaines que la mairie a justement déserté depuis un bail, bien décidée à laisser pourrir la situation [13].

Pour les tenants de la résistance, il y a donc une ligne de crête à tenir. D’un côté, refuser d’un bloc les projets des édiles et de leurs affidés. De l’autre, prendre en compte les revendications basiques des populations concernées.
Deux impératifs difficilement conciliables, sauf à se retrousser collectivement les manches. Un nouvel intervenant, largement applaudi, résume la question : «  Il faut prendre le destin de la place en main, nous devons nous charger nous-mêmes de l’améliorer. Boulonner des bancs, par exemple. Ou construire des urinoirs. Avec sur chaque réalisation un panneau indiquant ’’Offert par l’Assemblée de la Plaine’’. »

Ils sont nombreux à le penser : couper l’herbe sous le pied des aménageurs permettrait de garder la main sur les événements. De ne pas suivre un agenda sur lequel les habitants n’ont pas de prise. De prendre les devants, en quelque sorte.

Inscription sur le cours Julien
Inscription sur le cours Julien

Le chantier de résistance n’en est qu’à ses débuts. Alors qu’architectes et paysagistes en charge du grand chambardement seront désignés en janvier 2016, les indésirables commencent tout juste à s’organiser – aux aguets. Avec notamment l’instauration d’un repas de quartier bimensuel, rassemblant les bonnes volontés dans une joyeuse ambiance [14]. Ou le nécessaire travail d’information et de documentation mené sur ce sujet et depuis longtemps par les aminches de Primitivi. Les premières pièces du puzzle.

C’est peut-être Nadir, figure de la place, toujours là, toujours vociférant, qui en fin d’assemblée résume le mieux l’état d’esprit des habitants, tous postillons sortis : « Les gens, je vous aime et je vous adore. En attendant, je vous le dis : révolution pour le quartier de la Plaine ! »

Notes :

[1Une atmosphère bien rendue il y a quelques années par un reportage de Radio Grenouille, « Le souk de La Plaine », à écouter ICI.

[2« Ça fait quinze ans qu’ils doivent déboucher les canalisations, s’enflammait-il il y a quelques semaines, lors d’une réunion d’habitants. Attends, y a des crocodiles qui y traînent, je te jure. Pas des rats, pas des chatons... des crocodiles ! »

[3Les prénoms des habitants ont été changés.

[4Cité fort à propos dans un récent article de Lundi Matin, « Les forains contre la métropole ».

[5Expressions utilisées dans un article de La Provence, en date du 17 septembre 2015, « À La Plaine, une nouvelle place d’ici 2019 ? »

[6Titre d’un célèbre ouvrage d’Yves Lacoste.

[7Situation que Jean-Pierre Garnier a très bien résumée dans son livre Une violence éminemment contemporaine (Agone, 2010). Ainsi que dans les entretiens (ici et ici) et chroniques (voir la version papier d’A11) qu’il nous a accordés.

[8Capitale européenne de la culture.

[9« Lancement de Marseille 2013 – La Corée du Nord revisitée fluo et fun », article publié le 3 juillet 2013.

[10À ne pas confondre avec le pamphlet du même nom cité précédemment dans l’article.

[11La police est intervenue alors que l’effigie en carton brûlait toujours. Et la voix off de résumer : « Dans la ville nouvelle, la rue n’est pas le lieu où le peuple s’invente, en faisant l’expérience collective de lui-même. Tout au plus un espace de représentation spectaculaire, qui met tout à distance, qui s’interpose entre nous et le monde. »

[12Il s’agirait aux dires de certains d’un marché provençal, succursale alimentaire de Plus belle la vie, avec lourde insistance sur les cigales et l’huile d’olive.

[13Ainsi de ce pylône électrique embouti il y a quelques années par un camion. Les fils électriques gisaient au sol, raconte un Marseillais de longue date. Et devant l’inaction municipale, ce sont des habitants qui se sont chargé de régler le problème.

[14Le premier avait lieu dimanche dernier. Au soleil, avec fanfare de rigueur et reprise enflammée de « Belsunce breakdown » – « Tout part et vient d’ici. Tu contestes ? Prépares ton testament, gars ».

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