Jeudi 17 novembre, suite à la tentative de membres de la famille Traoré de se rendre au conseil municipal de Beaumont-sur-Oise, les gendarmes avaient effectué une descente en représailles dans le quartier de Boyenval.
Le 22 novembre Youssouf, un frère d’Adama, été arrêté et placé en garde-à-vue (il est accusé "d’outrages et violences" contre des flics en marge du conseil municipal annulé). Le lendemain son autre frère Bagui était également arrêté, et les deux sont passés en comparution immédiate, qu’ils l’ont refusé. Ils ont été tous les deux placés en détention provisoire.
Dans la soirée, plusieurs véhicules (6 voitures et un bus) ont été incendiés (et la salle des profs d’une école aurait été visée) d’après les médias. 130 gendarmes sont intervenus dans le quartier, ainsi qu’un hélicoptère qui tournait déjà avant les premiers incendies.
Communiqué de presse du collectif La Vérité pour Adama suite à la mise en détention de Youssouf et Bagui Traoré, deux frères d’Adama Traoré. Mercredi 23 novembre.
Nous apprenons avec un grand choc ce soir la mise sous mandat de dépôt de nos frères, amis et fils, Youssouf et Bagui Traoré, au vu des faits dont ils sont accusés du 17 novembre dernier, devant la mairie de Beaumont sur Oise.
Ayant refusé la comparution immédiate, nous demandions leur libération jusqu’au jugement. Ils seront finalement gardés sous écrou jusqu’au 14 décembre prochain, date de leur jugement.
Neuf policiers municipaux portent plainte, les gendarmes de la ville sont témoins. C’est là une bien honteuse machination. Cette orchestration visant à leur criminalisation, nous l’attendions. Nous ne pouvons définir ce jugement que comme un acharnement. Youssouf et Baguy sont accusés "d’outrage, rébellion et violence" sans avoir ne serait ce que provoqué la violence des gendarmes. La police et les gendarmes présents devant la mairie ont gazé les habitants, mais ils n’attendent aucune sanction.
Des garanties ont été présentées pour assurer le bon déroulé du jugement, mais rien n’a été entendu. Pour preuve, Youssouf est père d’un enfant en bas âge et travaille dignement pour subvenir aux besoins de sa famille. Il n’a pas d’antécédent. Cette décision d’une grande sévérité n’est pour notre part pas justifiée. Nous savons aussi que cette criminalisation vient de plus haut que la mairie. Les gendarmes ont tenté d’intimider Bagui en lui disant tout simplement qu’Assa, sa soeur, devait faire profil bas et qu’ils n’appréciaient pas ses prises de paroles : "Dis à ta soeur qu’elle fait trop de bruit". Ces mots prouvent bien que nous devons faire face à des méthodes indignes de déstabilisations et d’intimidations. Après avoir les subi les pressions de la gendarmerie et de la mairie, voilà les pressions judiciaires.
Il est clair que nous avons besoin de tous les soutiens. Nous nous organiserons bientôt dans les prochaines semaines et nous vous invitons tous à nous rejoindre.
Nous ne reculerons pas sur notre revendication principale, qui est la mise en examen des gendarmes, pour la justice et la vérité pour Adama. Il est certain désormais que notre mobilisation et nos prises de décisions mettent ces institutions en difficulté, d’où cette obstination à vouloir condamner une famille toujours en deuil, en brisant leur cellule familiale.
Adama a été tué le 19 juillet lors de son interpellation par les gendarmes de Beaumont sur Oise et nous devons encore nous battre pour obtenir leur mise en examen. Ce soir, Youssouf et Bagui passent leur première nuit en prison.
Pas de justice pas de paix
Vérité pour Adama