Fernando Barcenas Castillo a été condamné à 5 ans et 9 mois de prison, accusé d’avoir mis le feu au sapin de Noël de l’entreprise coca-cola. Miguel Angel Peralta Betanzos a été violement arrêté pour son appartenance à l’Assemblée Communautaire d’Eloxochitlán de Flores Magón de Oaxaca en tant qu’indigène mazatèque.
Texte de Fernando Barcenas :
Depuis la prison Nord de la ville de Mexico, 1er Décembre 2016
Dans les prisons de la ville de Mexico l’isolement est utilisé comme mesure disciplinaire massive afin d’extorquer et d’extirper aux âmes prisonnières jusqu’à leurs derniers centimes.
« À l’intérieur » de ces villes où vivent mal plus de 50.000 prisonnier-e-s, le capitalisme est tel qu’il est, il ne se déguise pas, ni ne porte de masques démocratiques. Et de nos jours il annonce clairement sa loi élémentaire : nous, les marginaux, nous serons exterminés. Mais pas avant d’avoir offert jusqu’à la dernière goutte de notre travail d’esclave, de notre sueur mal payée au goût amer, amer parce que nous savons que c’est contraire à notre propre volonté.
Cependant ils dictent les conditions de la participation à leur commerce : « Monte dans le fourgon, sinon il va te renverser ». Ils demandent cyniquement à ce que nombre de lâches rejoignent les rangs de la mafia, car ils savent qu’ils n’auront pas le courage d’abandonner leur confort.
Et pourtant la prison n’a pas toujours été comme ça…
Le déluge de drogues qui s’y abat en a fait une immense maison de fous, où les besoins des prisonnier-e-s sont attisés afin de mieux les escroquer, les poussant vers une vie d’automates aux ordres du commerce…
C’est pour cela qu’il est si important de ne pas cesser d’imaginer et d’être sensible. En effet ils essaient de nous convertir en machines de guerre.
Maintenant il ne reste que l’action et la solidarité, sachant que la prison n’est rien d’autre que la société dans laquelle nous vivons.
En guerre jusqu’à la liberté totale.
Lettre de Miguel Ángel Peralta Betanzos :
Depuis la Maison d’Arrêt de Cuicatlán, Oaxaca
Inadapté-e-s (Inadaptadxs)
Montagnes, plantations de café, sources qui jaillissent de la terre,
animaux sauvages de la forêt, arbres innombrables, masques, maisonnettes
que berce le vent, chemins, fleurs : tous enveloppés dans l’épais
brouillard de la nostalgie.
Je m’éveille, la pluie s’intensifie, mes ailes mouillées pèsent mais elles
continuent à voler.
Mon ombre lance des coups de pied contre les portes de la machine, passe
au travers des mailles, escalade les tours de contrôle, brouille les
radios de communication, croise les murs, tisse des rêves et habite dans
des frontières imaginaires.
Mon ombre se nourrit de la flamme de la pensée, elle parle une langue
ancestrale et ne se laisse pas domestiquer, elle se révèle à la lumière
du jour, et se grise de liberté.
Mon ombre est l’ombre de tous les hommes du nombril du monde et devient
escargot.
Mon ombre brise les charnières de l’État ;
Et jamais, plus jamais elle ne sera piétinée.