Se gargarisant de dessiner « la ville du futur », ces charognes voudraient en faire une « Safe City ». C’est à dire une « ville sûre » aux yeux des pour-la-loi (citoyen-ne-s, investisseur-euse-s, touristes ou nouveaux habitants friqué-e-s). Ils s’inspirent de dispositifs vendus à Mexico par Thalès ou à Chicago par IBM. Facilitée par l’ensemble d’outils de surveillance et d’(auto) fichage déjà présents (caméras, réseaux sociaux etc), cette gigantesque opération sert de gagne-gros, de laboratoire et de faire valoir à toute une ribambelle de crapules : de l’obscur start-upeur rêvant de « percer » aux groupes déjà trop vus, sans oublier leurs partenaires institutionnels (universités...), souvent fédérés en pôles de recherche spécialisés.
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Ce texte est issu d’une impulsion (un tantinet) masochiste : fouiller dans des sources plus douteuses les unes que les autres pour saisir – le plus concrètement possible – ce qui se trouve derrière les mots vaporeux du pouvoir, et mettre en lumière quelques-uns de ses fidèles collaborateurs. Balayer ou nier la menace représentée par ces nouvelles technologies serait absurde, mais prendre au mot leurs promoteur-euses (qui ont tout intérêt à nous faire croire en leur toute puissance) est hors de question. Nul doute que ces nouveaux outils présentent failles et dysfonctionnements, à l’instar des précédents. Tenter de comprendre comment les décideur-euses comptent maîtriser la ville nous semble une étape indispensable pour éviter la fascination ou la paralysie, afin de continuer à lutter contre cet existant mortifère.
Dans l’espoir (naïf) que cela reste digeste, nous avons choisi d’arrêter notre regard aux couches technologiques liées à la « Smart & Safe » City et de ne pas dérouler toute la pelote qui va avec : projets de restructurations urbaines [1], équipements des keufs et intensification de la chasse aux pauvres… Ces différents aspects sont pourtant indissociables.