Le premier groupe, composé d’environ 50 exilés d’origine du Soudan (principalement du Darfour) a traversé la frontière à pied en marchant plus de 8km depuis la gare de Vintimille, le long des voies ferrées. Ils ont étés stoppés au passage à niveau de Menton Garavan par la police française. Quatre fourgons renforcés et deux voitures de police leur barrèrent le chemin. Face au refus des migrants de faire marche arrière, les forces de l’ordre ont réagi par l’usage de matraque (tonfas) et de pistolet à impulsion électrique (taser). Le groupe entier a ensuite été détenu par la PAF de Menton, et deux jeunes soudanais ont été particulièrement victime de violences policières si bien que l’un d’entre eux a dû être finalement emmené à l’hôpital avant d’être remis aux autorités italiennes. D’autres groupes de personnes en voyage ont étés également interceptés par la police tandis qu’ils marchaient vers la frontière et raccompagné à Vintimille.
En total, ce sont 34 personnes « sans-papiers », tous récemment débarqués sur les côtes siciliennes qui ont été détenus par la police italienne de lundi à mardi jusqu’à tard dans l’après-midi. Ils leurs ont prélevés leurs empreinte digitales et ont prononcé à leur encontre des obligations de quitter le territoire italien d’ici à sept jours.
Les migrants ont dénoncés des violences et des abus également de la part des autorités italiennes : cinq personnes ont étés littéralement malmenées afin de les faire obtempérer par la force à donner leurs empreintes digitales. D’autres ont subis des traitements extrêmement dégradants et violents allant même jusqu’à l’usage de pinces électrique sur les parties génitales (!).
Dans un climat d’abus de pouvoir permanent, qui ose se lever face au régime corrompu des frontières pour revendiquer sa dignité et la liberté de circulation se fait réprimer et punir de manière brutale.
Ces derniers jours dans la ville de Vintimille plus de 200 migrants dont des familles avec enfants en bas âge se trouvent bloqués, contraints à bivouaquer dans des conditions précaires et inhumaines. A même le sol de la gare ou sur la plage, sans couvertures ni nourriture suffisante, sans quelconque bien de première nécessité, ils sont sujets au harcèlement et aux violences quotidiennes des force de l’ordre.
Ce qui s’est produit ce lundi est le résultat de la ligne ferme tenue par les pouvoirs français et italiens et dont le souci central semble être de plonger dans l’invisibilité les personnes en voyage. Déjà, dans la matinée du vendredi 16 avril, la police italienne a fait évacuer les bords du parvis de la gare, en détruisant toutes les couvertures et les vêtements qu’ils y trouvèrent et en embarquant au poste 9 personnes toutes relâchées dans la journée avec un avis d’expulsion du territoire à effet immédiat. C’est donc une situation de répression sérieuse qui a lieu en ce moment à la frontière, une politique de « gestion » du « problème des clandestins » basée sur la violence et les expulsions systématique, qui cherche à faire taire et rendre invisible tous ceux qui voyagent.
“People die on the sea, freedom of movement to all” ; “We are all one, we want dignity” ; “Save us, do not push us back” ; parmi les pancartes que seraient dans leurs mains les migrants à peine relâchés.
Tandis que s’alourdit le bilan macabre des naufrages en méditerranée et que des refugiés meurent entre les mains de la police à Idomeni, à Vintimille, les personnes en voyage résistent. La frontière, comme ce qui s’est passé à Marseille ou à Taranto l’a encore récemment montré est partout et le prix à payer pour la liberté est fait de violences et de décrets d’expulsion. Le silence et la complaisance de trop nombreux d’entre nous ne peuvent néanmoins pas nous éviter d’entendre le cri cinglant d’individus qui, au risque de leur vie, recherchent la dignité et la liberté.