Le titre du texte est un mensonge. La seule raison pour laquelle ce ’’schisme’’ existe est parce que l’auteur et ses adeptes l’ont répété avec persistance au cours des vingt dernières années. En plus de ça, l’individualisme anarchiste et l’anarchisme social partagent une longue histoire à se tolérer, sinon travailler ensemble. Bookchin ignore commodément le fait que de nombreux.ses anarchistes individualistes étaient membres de la première internationale au côtés des anarchistes sociaux et même de marxistes. Il y à peut-être eu des tensions entre ces groupes, mais pas de schisme jusqu’à ce que Bookchin en crée un.
Il commence par aller à travers l’histoire de l’anarchisme individualiste, faisant en sorte de les qualifier de terroristes assez rapidement : « Les anarchistes individualistes ont commis des actes de terrorisme qui ont donné à l’anarchisme sa réputation de conspiration violente et sinistre. »
C’est évidemment faux, tel que le montre le livre The anarchist beast de Nhat Hong. Si Bookchin savait ce dont il parlais, il aurait su que la tendance a considérer les anarchistes comme terroriste avait commencé bien avant les années 1880. Oui, certain.e.s anarchistes individualistes étaient des terroristes mais l’anarchisme était déjà considéré ainsi. Les actions de terroristes ne sont pas ce qui établi l’appellation, mais plutôt la peur de celleux au pouvoir et leur besoin de discréditer l’anarchisme.
« En dépit d’avoir confessé une idéologie anarcho-communiste, des nietzschéen.ne.s comme Emma Goldman sont restés cul et chemises en esprit avec les individualistes. »
Ici, nous voyons Bookchin utiliser Nietzsche comme une insulte, en plus de l’utiliser pour discréditer Emma Goldman. Goldman a fait bien plus pour avancer l’anarchie dans ce monde que Bookchin, et l’a souvent fait au côtés d’anarchistes aux tendances plus sociales. Où se trouve alors le schisme ? Bien sûr que Bookchin veux décrédibiliser Goldman, puisque sa vie elle-même prouve faux la thèse qu’il avance.
« La période permettait difficilement aux individualiste, d’ignorer, au nom de leur ’’unicité’’, les besoins d’une forme d’organisation révolutionnaire énergique et des programmes cohérents et irrésistibles. »
Dépassant le XIXe et début du XXe siècle, Bookchin se déplace dans le temps en suggérant que les anarchistes sociaux du passé avaient des « programmes irrésistibles » Qu’étaient-ils exactement ? S’allier avec le fascisme rouge des staliniens en Espagne et se faire assassiner ? Pendant que les anarchistes individualistes se sont concentré.e.s sur des actions a plus petite échelle, mais celles de plus grandes envergures des anarchistes sociaux des années 1930 ont littéralement abouti à du fascisme. Il me serait difficile d’appeler ça irrésistible ou cohérent.
« Ces postures à la mode, qui suivent presque toutes les tendances yuppies du moment... »
C’est autour de ce point que le texte de Bookchin abandonne sa désillusion historique pour aller du côté des attaques nominatives et en lamentation. Bookchin est la dernière personne qui devrait se plaindre de quoi que ce soit ayant à voir avec la mode ! Regarde son chapeau ! Il a constamment l’air de ressembler à la manière dont il pense que les ouvrier devrait ressembler, et un sens de la mode autre que son soi-disant ’’ligne de montage-chic’’.
« Les années 1990 sont inondées de soi-disant.e.s anarchistes qui, hormis leur théorie radicale flamboyante, cultivent un anarcho-individualisme des derniers jours que j’appellerai un anarchisme de ’’mode-de-vie’’. Ses préoccupations avec l’unique et son unicité et ses concepts polymorphes de résistance érodent constamment la nature socialisante de la tradition libertaire. »
Ici, Bookchin essaye de faire de l’anarchisme individualiste un anarchisme de ’’mode-de-vie’’ de son invention. Il prétend que cet anarchisme s’attaque à la nature socialisante de l’anarchisme ? Qu’il en soit ainsi ! La tradition socialisante de l’anarchisme est ce qui dans son histoire à menés les anarchistes à s’unir, puis plus tard se faire assassiner par des socialistes et des communistes. Si l’érosion de cette nature socialisante est ce qu’il faut pour que les anarchistes arrêtent de penser que les traditions gauchistes ont leurs meilleurs intérêts à cœur, alors érodons !
« L’unique, et plus précisément son incarnation à travers divers modes-de-vies est devenue l’idée fixe de nombreux.ses anarchistes après les années 1960, qui perdent contact avec le besoin d’une opposition organisée, collectivisée et programmée, à l’ordre social existant. »
Ce dont Bookchin ne se rendait pas compte, c’est que ce genre d’opposition collectiviste et programmée est devenu une partie intégrante de l’ordre social existant. Les politiques de masse et leurs programmes de changements sociaux font maintenant parti du status quo. Le système lui-même préférerait que les gens imitent ses structures et jouent à l’intérieur de ses règles plutôt qu’à travers l’infini diversité de formes de résistance à la portée de chacun.e. L’État comprend comment gérer les mêmes résistances dogmatique qu’il connais depuis des siècles. Celui-ci n’est pas préparé pour une explosion d’individualité, fluides et innombrables dans leurs possibilités.
« l’anarchisme de ’’mode-de-vie’’ comme l’individualisme porte en lui un dédain pour la théorie »
Oui ! C’est bien ça. Nous méprisons celleux qui fétichisent la pensée en se cachant de l’action. À la différence de Bookchin, qui a passé sa vie à écrire une douzaine de livres et plusieurs autres textes, les individualistes voient le monde comme le parchemin sur lequel écrire. L’action vaux plus qu’un million de mots, et est aussi la manière la plus efficace de donner lieu à davantage d’actions. Des gent ont théorisé sur les mêmes choses depuis des siècles maintenant, avec très peu de conséquence. Ce sont les personnes qui se sont engagé.e.s à les mettre en pratique plutôt qu’à macérer dans la théorie qui ont ont le plus fortement tenu tête au pouvoir.
« Le prix que l’anarchisme aura à payer s’il permet à ces déchets de de remplacer les idéaux libertaires d’une époque précédente pourrait être gigantesque. »
C’est ici que nous voyons que Bookchin n’est pas intéressé à opposer le pouvoir en tant que tel, tandis qu’il utilise l’anarchisme comme moyen de contrôle. Comme la citation précédente le montre, il est plus intéressé par l’anarchisme en tant qu’idéologie statique, plutôt qu’une tentative fluide par des gens de ne pas se faire dominer. Il se préoccupe de l’anarchisme en tant qu’entité monolithique, parce qu’en tant qu’idéologie unique et dogmatique, l’anarchisme deviens une autre boite dans laquelle contenir les idées des gens, et ainsi contrôler leurs actions.
« Ainsi, plutôt que de mettre à jour les sources des pathologies sociales et personnelles actuelles, l’antitechnologisme nous permet de remplacer spécieusement le capitalisme par la technologie, ce qui permet simplement de faciliter l’accumulation de capital et l’exploitation du travail en tant que causes sous-jacentes de la croissance et de la destruction écologiques. La civilisation, personnifiée par la ville en tant que centre culturel, est détournée de ses dimensions rationnelles, comme si la ville était un cancer vigoureux plutôt qu’une sphère potentielle pour universaliser les rapports humains... »
Bookchin tente aussi d’attaquer des courants de pensée comme le primitivisme ou la critique de la civilisation, mais ne fait que prouver qu’il ne comprend pas les critiques apportées par ces tendances. Les idées anti-civilisationnelles ne sont généralement pas ’’contre’’ la technologie mais insistent plutôt sur le fait d’avoir un rapport d’honnêteté à son égard. La technologie qui existe, le fait à cause d’un système de coercition mondialisé. En tant qu’anarchistes, il nous faut critiquer ce système et comprendre que sans coercition, la technologie moderne n’existerait tout simplement pas. Les personnes critiquant la technologie le font souvent, non pas pour l’opposer en tant que tel, mais pour opposer la manière avec laquelle elle est produite. La proclamation de Bookchin sur ’’l’anti-technologisme’’ est soit une incompréhension, soit une falsification volontaire.
Il s’agit également de noter que Bookchin vulgarise ici encore le primitivisme et les idées anti-civilisationnelles en faisant une équivalence de la civilisation et des villes. Il n’ose pas se confronter à la conception de la civilisation de Fredy Perlman comme racine de toute les hiérarchie, et de la domination. Plutôt, Bookchin, montre sa lâcheté en traitant les idées anti-civilisationnelles à un niveau superficiel, et en évitant toute pensée plus profonde sur le sujet.
« L’anarchisme ’’mode-de-vie’’ doit être vu, dans le contexte social présent, non seulement des ghettos noirs démoralisés et des banlieues blanches réactionnaires, mais aussi des réserves amérindiennes, ces centres ostentatoires de ’’primalité’’ dans lesquels des gangs de jeunes autochtones se tirent dessus uns sur les autres, dans lesquels le trafic de drogues est rampant et où des graffitis accueillent les visiteur.se.s, y compris au site sacré de Window Rock. »1
Aucune déblatération d’un vieil homme blanc ne serait complète sans déclaration qui conclurait par quelque chose ressemblant à du racisme confus. Bookchin essaye en fait de prétendre que l’anarchisme individualiste ou ’’de mode-de-vie’’ serait responsable ou lié à l’extrême marginalisation des gens de couleur ? Je pense que cette responsabilité est liée au capitalisme et aux structures racistes qu’elle a créé et non à un spectre individualiste.
« L’anarchisme social, à mon opinion, est fait d’un bois tout à fait différent, et l’héritier de la tradition des lumières... »
Après le racisme finement voilé, Bookchin sort enfin son jeu avec cette admission de ses véritables prédécesseurs... les archétypes des ’’vieux types blancs’’ des lumières. L’anarchisme de Bookchin ne prend pas racine dans le simple désir de ’’ne pas vouloir de dirigeant.e.s’’, mais est lié au suprémacisme libéral et blanc des lumières.
« Ça décrit la dimension démocratique de l’anarchisme comme administration majoritaire de la sphère publique. »
Bookchin ne peut pas se débarrasser de ses idées étatistes dès lors qu’il commence à parler de ses notions de communalisme. Il ne s’arrête pas pour penser « Et si la majorité ne veux pas administrer quoi que ce soit ? » Pour lui, l’anarchisme est seulement un autre système de gouvernance, même ’’majoritaire’’. L’anarchisme deviens donc moins ’’pas de dirigeant.e’’ et davantage ’’tout le monde dirige.’’
« Souverain.e, auto-suffisant.e, ’’l’individu.e’’ a toujours été une base précaire sur laquelle ancrer un point de vue libertaire de gauche. »
Clairement, Bookchin ne crois pas en aucune sorte de renversement égalitariste, ou il ne rejetterait pas alors si rapidement l’individuel. Des individu.e.s libres et puissant.e.s forment des sociétés libres et puissantes, et devraient absolument être la base de la liberté. Il n’est pas possible d’imposer un système aux gens et de les appeler libre ensuite, peu importe à quel point celui-ci serait inclusif.
« La démocratie n’est pas antithétique à l’anarchisme, et la règle majoritaire et les décisions non-consensuelles ne sont pas non plus irréconciliables avec une société libertaire. »
N’importe quelle sorte de règle... N’importe quelle sorte de décision non-consensuelle est antithétique à l’anarchisme. Ici, encore une fois, Bookchin montre son désire de contrôler d’autres au nom de la liberté. Il tente littéralement de réconcilier les outils mêmes de l’État et l’anarchisme.
« Qu’aucune société ne puisse exister sans structures institutionnelle est une évidence pour quiconque n’a pas été stupéfait par Stirner et ses semblables. »
À nouveau, son étatisme flagrant est mis à nu. Est-ce que les ’’structures institutionnelles’’ ne sont pas un autre nom pour la ’’gouvernance’’ ? Il est évident qu’étant donné les nombreux plans de sociétés que Bookchin a créé au cours de sa vie, il se voit lui même, sinon au gouvernail, au moins comme théoricien de ces ’’structures institutionnelles’’. Bookchin est incapable de les rejeter parce qu’il les vois comme des instruments à utiliser pour gouverner d’autres gens.
« Certainement, il n’est déjà plus possible, à mon opinion, de s’appeler anarchiste sans ajouter un adjectif qualificatif pour se distinguer de ces anarchistes de mode-de-vie. »
Une fois de plus, Bookchin nous montre qu’il est bien celui essayant de diluer l’anarchisme en y ajoutant des qualificatifs et des appendices. Si l’anarchisme peut être flouté par des adjectifs, alors son véritable sens de ’’pas de dirigeant.e.s’’ peut être dilué et même changé en quelque chose d’autre.
« Une simple opposition à l’État pourrait bien unir le lumpen fascisant au lumpen stirnerien, un phénomène qui n’est pas sans précédents historiques. »
Bookchin finit avec une touche de mépris de classe, utilisant les mêmes termes que Marx pour parler avec dédain de toute une sous-classe de gens. Bookchin, le ’’bon ouvrier’’ doit réprimander et même châtier. Dans une poussée d’ouvriérisme, il joue la carte habituelle des gauchistes et s’enfonce dans des revendications de fascisme, laissant aller la notion qu’il ai jamais eu aucun argument au départ.
Cette dernière lamentation de ’’fascisme !’’ montre vraiment ses véritables intentions. Il est prêt a utiliser la menace du fascisme pour faire peur à celleux qui n’auraient pas été convaincu d’obéir une fois arrivé.e.s à la fin de son texte. Cette déclaration finale illustre parfaitement l’autoritarisme se présentant sous le masque de l’anarchisme que Bookchin exemplifie.
« Suis mes plans ’’organisés’’ et ’’cohérents’’, ou alors t’es un fasciste ! » se lamente-t’il.
Ok Bookchin...