Le mépris des élu.es marseillais envers les habitant.es de la ville est définitivement sans borne. Responsables du drame de la rue d’Aubagne, iels en profitent pour expulser dans des conditions scandaleuses des milliers de gens. Lorsque les habitant.es manifestent leur colère, iels leur réponde par les gaz, les matraques et les flashballs. Des dizaines de blessé.es grave, une personne tuée. Lorsque des gens réquisitionnent un bâtiment vide (de la Mairie !) pour héberger des personnes expulsé.es et sans abris, iels envoient 50 keufs antiémeute pour les déloger.
Mépris envers toute la population ? Pas tout à fait.
Car pour les élu.es, les vraies victimes ne semblent pas être ces personnes qui sont jetées à la rue, ces personnes qui sont blessées, ces personnes qui sont tuées par leur incurie ou par leur police. Les vraies victimes, ce sont les commerçants du centre-ville touristique, le magasin Orange et la boutique de l’OM, le marché de Noël. Martine Vassal (LR), présidente du département et de la Métropole, et prétendante à la mairie de Marseille, a négocié la gratuité de 9 parkings souterrains pour les deux prochains week-end « « pour inciter les habitants à réinvestir le centre-ville pour y faire leurs courses de Noël » ». Négocié ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Que plutôt que de mettre de l’argent dans les transports en commun et dans le logement, Vassal utilise de l’argent publique pour s’assurer que les commerces à touriste du centre-ville se gavent ? Dommage que la presse ne donne pas plus d’information sur la nature de ces négociations.
Mais après tout, rien d’étonnant de la part de Vassal. C’est elle à travers le conseil départemental qui depuis des années préfère laisser des centaines de mineurs isolés étrangers à la rue en dépit de ses obligations légales, et qui pour cela a été condamnée de multiple fois. C’est elle qui n’a aucun scrupule à vouloir dépenser 1,8 million d’euros pour rénover les chiottes du cercle des nageurs, un club pour les élites marseillaise où seul les personnes parrainées peuvent devenir membre, pour la modique cotisation annuelle de 1500 euros...
Quelles mesures de soutien prises pour soutenir les commerçants de la Plaine ? Le marché populaire expulsé et divisé, les petits commerces contraints de baisser le rideau, pour pouvoir les racheter à bas prix pour les remplacer par des commerces avec plus de « standing » une fois la place gentrifiée.
Afin de ne pas rester en reste, Renaud Muselier (LR toujours), président de la région PACA, a débloqué 2 millions d’euros pour soutenir les commerçants et artisans des centres-ville. Partenaire de la gestion de la distribution, le Medef, bien sûr, la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI), et la Chambre des métiers et de l’artisanat régional.
La CCI de Marseille est elle aussi sur le coup : des dizaines de ses agent.es ont été mobilisé.es pour faire la collecte des contacts des commerçants, tenir un n° d’urgence pour leurs doléances, faire une liaison avec le PC de la police, etc. Petite dernière, la mise en place d’une « plateforme spéciale, destinée à faciliter les prises de rendez-vous entre les commerçants victimes d’actes de malveillance et les services de police » afin d’accélérer le dépôt de plainte. Pendant ce temps, les victimes de violences policière se font quasi-systématiquement refuser leur dépôt de plainte dans les commissariats. Cherchez l’erreur.
Moins réactive sur la question que pour les commerçant.es, on apprend dans la Provence que la Ville de Marseille a mise en place un « dispositif gratuit et confidentiel de soutien psychologique pour les personnes affectées par les événements de la rue d’Aubagne et les personnes réintégrant leur logement » depuis jeudi dernier. Ça ne fait jamais que 37 jours après l’effondrement des immeubles...