Un petit four, M. Geoffroy Roux de Bézieux ?

Plus d’une centaine de personnes se sont réunies à l’appel des gilets jaunes et de la CGT devant l’hôtel de Région le 23 janvier, à l’occasion des vœux de son président en compagnie du Medef. Sous les hués et les cris de « voleurs », les tristes costards noirs s’y rendant ont été égayés de jaune d’œufs.

Décidément, Muselier (président de la région PACA, LR) ne perd pas une occasion de s’illustrer ces temps-ci !

Après son pathétique « rassemblement pour sauver la République » du 7 décembre à la porte d’Aix qui « n’aura duré que 5 minutes » [[Marseille : court rassemblement sur la porte d’Aix pour "sauver la République" , La Provence, 7/12/18.]], et sa « cagnotte des policiers » dont « les fonds seront redistribués par une amicale qui a un partenariat exclusif avec Alliance police nationale » [1], il conviait ce mercredi 23 janvier à l’Hôtel de Région les « acteurs économiques » pour leurs présenter ses vœux. Par « acteurs économiques », on entend bien sûr grand chefs d’entreprise et affiliés, après tout c’était l’occasion de la signature d’une convention avec le Medef Sud en présence du président de Medef Geoffroy Roux de Bézieux...

La Provence et Muselier ne semblent donc pas considérer les 1400 délogé.es de Noailles et d’ailleurs comme des acteurs économiques, vu que l’action étatique en terme de relogement, plus de deux mois après les fait, se limite à l’annonce de la « mobilisation » de 75 logements. [2] Le même mépris touche les demandeurs.euses d’asile, expulsé.es la veille de la Halle Puget où l’incurie des pouvoirs publics les force à dormir à la rue, leurs affaires jetées aux ordures avant la nuit, au moment le plus froid de l’année ! Avait-on peur que cela fasse « tâche » si près de l’hôtel de Région qui devait recevoir le lendemain les vœux de la « start-up nation » ?

« 20 millions pour la Plaine, pas un thunes pour Noailles » peut-on lire sur une banderole en manif. Eh bien, il n’y a toujours pas une thune pour les délogé.es et les exilé.es contraint.es de dormir à la rue. Par contre la Région s’est fendu dès la mi-décembre d’une enveloppe « de 2 millions d’euros pour aider, "notamment les commerçants marseillais", qui sont en "très, très grande difficulté" » [3]. Enveloppe qui sera gérée par... le Medef bien sûr, avec les chambres de commerce et d’industrie et des métiers de l’artisanat.

Si l’arrogance et le mépris de ces élites ne semble pas connaître de bornes, leur inquiétude est néanmoins palpables. Alors que plus d’une centaine de personnes avaient répondu à l’appel des gilets jaunes et de la CGT à se rassembler devant l’hôtel de Région, la préfecture avait mobilisée presque autant de ses bonhommes en bleu et en civil. Mais toute cette flicaille n’a pu épargner aux bourgeois.es se rendant aux vœux ni les huées ni les jets d’œufs bien placés.

Notes :

[1Les bénéficiaires de la « cagnotte des policiers » sont liés au syndicat Alliance, Médiapart, 11/01/19.

[2« Les loyers seront réglés soit par les assureurs, soit par les locataires eux-mêmes » (75 logements débloqués rue de la République pour les délogés, Marsactu, 21/01/19.), on peut difficilement parler d’action décisive de l’État... alors qu’il suffirait de réquisitionner les logements vides !

[3Renaud Muselier appelle les gilets jaunes à "rentrer à la maison" La Provence, 13/12/18.

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