Le rendez-vous avait été appelé pour 14h30 sur La Plaine, pour ensuite se diriger vers le local des petits fachos ouvert au 14 rue Navarin (les deux portes de bois situées à droite de la porte d’entrée principale de l’immeuble, avis aux amateurs/amatrices) depuis un peu plus d’un an. Celui-ci avait déjà reçu une visite ’amicale’ de plus d’une centaine de personnes au cours du mouvement contre la Loi Travail ce printemps, qui avaient détruit ses portes alors que l’AF avait fait venir ses membres de tout le pays.
Ce 8 octobre, la situation est un peu différente : l’Action Française appelle en effet à une réunion de rentrée, chose intolérable dans le quartier (duquel ils se prétendent représentants, quand bien même ils prennent régulièrement des seaux d’eau sur la gueule devant leur local). A l’instar de la fois précédente, la zone avait été militarisée par la police. Toutes les rues alentours étaient bloquées par des barrages et des fourgons, boucliers et casques en tête. Selon la Provence, 80 agents de la "République vieillissante" (selon leurs propres termes) étaient présents pour défendre les royalistes. Ce sans quoi ils auraient été tout à fait incapables de survivre à la journée.
Les plus de 300 personnes présentes ne se sont pas pour autant laissées impressionner, et les rues du quartier de Lodi où se trouve le local de l’AF ont entendu les slogans antifascistes [1] résonner, le tout sous de nombreux applaudissements de gens attablés aux bars ou regardant passer la manifestation depuis leur fenêtre.
Tout comme le 16 avril, les royalistes étaient donc casqués et protégés par la police. Mais ils étaient cette fois beaucoup moins nombreux que précedemment, car ils n’ont pas réussi à mobiliser au niveau national comme auparavant. Pour rappel, leur local avait tout de même été détruit le jour même au cours d’une manifestation.
La manifestation, déterminée, est passée rue de Tilsit, rue de Lodi, a continué à tourner autour des barrages imposés par la police pour finalement s’installer rue des Bons Enfants, où quelques accrochages ont eu lieu : les flics, en fiers protecteurs de l’extrême-droite, ont balancé du gaz, une grenade assourdissante et des coups de matraque (on compte a priori cinq blessés dans nos rangs, dont une triple fracture des métacarpes et des lésions dues aux éclats de la grenade). Par la suite, le cortège s’est reconstitué pour retourner vers la Plaine, toujours en chantant ses chansons et ses slogans, sans perdre son énergie.
Aujourd’hui, la ’rentrée de l’Action Française’ a donc sacrément été perturbée. Eux qui clâment sur le net (le seul endroit où ils ont de l’audience) que cette rentrée a été un succès (et qui se sentent obligés d’écrire un article chaque fois qu’ils réussissent à coller un autocollant : un grand bravo) doivent apprécier le fait que des dizaines de flics soient nécessaires pour leur permettre la moindre sortie publique. Mais ils n’en sont plus à une contradiction près. Nous invitons d’ailleurs tout le monde à consulter leur stratégie médiatique et misérabiliste, qu’une de nos sources nous a fait parvenir il y a quelques temps et qui démontre à quel point ceux-ci sont "à la traîne" (encore une fois selon leurs propres termes).
Facile de prétendre que "demain leur appartient" quand ils se cachent derrière les barrières policières mais qu’ils ne représentent que dix personnes, si leurs petites potes d’autres villes ne les rejoignent pas.
Ce qu’a montré la manifestation d’aujourd’hui, c’est bien que demain, c’est loin, en ce qui les concerne. Et qu’aujourd’hui n’est pas de tout repos non plus. Les multiples slogans ’Sortez du local’ qui n’ont été suivis d’aucune réponse posent d’emblée la problématique : ils font les malins mais n’ont pas les moyens d’être à la mesure de leur prétention. Ni au niveau politique, ni au niveau physique.
Et ils n’auront toujours jamais assez d’espace pour répandre leur idéologie nauséabonde (autant qu’absurde) dans nos quartiers. Ils ont été absents pendant des mois, incapables de tenir la situation. Il ne tient à pas grand chose de les dégager de nouveau.
Comme le dit la sagesse populaire, AF = Lapin. Aujourd’hui, ils n’ont pas pu fuir, à cause des cordons de police. Demain (qui leur "appartient"), ils auront intérêt à fuir, parce que la police ne sera plus là pour les protéger.
Big up à toutes les personnes présentes.