Révoltes et mouvements sociaux au Paraguay

Des manifestations contre une réforme constitutionnelle permettant la réélection du président ont fait un mort et une centaine de blessés vendredi 31 mars.

Plus de deux cents arrestations, l’édifice du Congrès saccagé et partiellement incendié, des vitres brisées, des carcasses de voitures brûlées : tel est le bilan de la nuit d’affrontements entre la police et plusieurs centaines de manifestants la nuit du 31 mars au 1er avril. « Plus jamais la dictature », scandaient les manifestants. La situation continuait à être tendue, dimanche 2 avril, à Asuncion, la capitale paraguayenne.

Les manifestants protestent contre le vote au Sénat d’une réforme de la Constitution permettant la réélection du président, ce qui n’est pas permis aujourd’hui. L’opposition est en effet attachée au mandat unique prévu par la Constitution de 1992, votée après le retour de la démocratie, pour empêcher que s’installe de nouveau une dictature comme celle du général Alfredo Stroessner (1954-1989), qui a été la plus longue d’Amérique du Sud.

A un an de l’élection présidentielle, le texte permettrait à Horacio Cartes, du parti Colorado (conservateur), au pouvoir depuis 2013, de briguer un nouveau mandat ; mais le permettrait aussi paradoxalement à son opposant Fernando Lugo (gauche), l’ex-président (2008-2012) et ancien évêque. L’actuel présisdent, Horacio Cartes, est l’un des entrepreneurs les plus riches du pays. Il a régulièrement été éclaboussé par plusieurs affaires de corruption. M. Lugo, l’ancien président, avait quant à lui fait l’objet d’une destitution éclair, un an avant la fin de son mandat, suivie d’une cascade de scandales sexuels. Autant dire que les Paraguayens n’ont pas envie de voir leurs deux tronches, briguer pour un nouveau mandat !!!

Les sénateurs d’opposition proches de l’ex-président Lugo ont approuvé la réforme, mais ceux du PLRA ont dénoncé un « coup parlementaire » et ont appelé à la « résistance ». « C’est un projet dictatorial de Horacio Cartes avec la complicité de Fernando Lugo », a affirmé le sénateur libéral Carlos Amarilla.

Le jeune président de la formation d’opposition Jeunesse libérale, affiliée au PLRA, Rodrigo Quintana, 25 ans, est mort dans la nuit de vendredi à samedi, en plein coeur des manifestations. Il a été tué d’un tir dans la tête par un policier, qui a été identifié et arrêté. Et va surement payer pour ce qui a tut l’air d’un assassinat politique. Mais on va pas le pleurer pour autant... D’autres opposants libéraux ont été blessés par des balles en caoutchouc.

La Chambre des députés, où le gouvernement dispose d’une large majorité, doit approuver à son tour la réforme de la Constitution. En cas d’approbation par les deux chambres, le Tribunal supérieur électoral doit organiser un référendum dans un délai de trois mois.

Au delà de ces débats constitutionel et parlementeurs, rappelons tout de même que la grande majorité des 6,7 millions de Paraguayens vivent dans la pauvreté extrême et que cette explosion de violence s’est produite alors que se tient à Asuncion une assemblée de la Banque interaméricaine de développement (BID).

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