C’est la ville de Marseille qui était donc propriétaire du 63. Elle devait y installer une micro-crèche. Il était a priori inhabité. En revanche, l’immeuble du 65 rue d’Aubagne était habité. Selon Marsactu « quelques minutes avant l’effondrement, du linge séchait aux fenêtres du premier étage. » Lors de l’intervention des secours, un troisième bâtiment, le 67, s’est également effondré, après avoir été évacué.
L’immeuble du 63 rue d’Aubagne avait déjà fait l’objet d’un arrêté de péril et d’une mise en sécurité dans le cadre des missions d’ « éradication de l’habitat insalubre » piloté par la société Marseille Habitat. Cette société d’économie mixte est l’organe de la mairie en charge de la gestion, préemption, « revitalisation », « revalorisation » et « requalification » du patrimoine immobilier Marseillais. C’est via cette société que la mairie préempte les bâtiments et les achète à bas coût, devenant propriétaire de vaste « îlots », dont le réaménagement est ensuite confié à l’une des autre société d’économie mixte dans laquelle elle a des part ou des intérêts.
La fameuse SOLEAM, dont l’adjoint au maire est également directeur, fait partie de ces sociétés d’économie mixte, en charge du réaménagement urbain à Marseille. Dans le cadre de l’opération d’aménagement « Grand Centre Ville », la ville de Marseille avait confié en 2011 la réalisation de l’aménagement du quartier Noailles à la SOLEAM.
Entre l’absence de fond investi dans la réhabilitation de certains immeubles vétuste (drame qui aura peut-être coûté la vie de quelques personnes) et les 400 000 euros investis à la Plaine pour la construction du mur, on est en droit de se demander comment la SOLEAM pense -t-elle ses priorités.
Dépenser 20 millions d’euros pour gentrifier une place qui ne nécessite que quelques réparations et ne rien investir dans la rénovation d’immeubles délabrés, c’est un choix. De la farce grotesque au drame, il n’y a qu’un pas que la SOLEAM franchis allégrement en réaffirmant son mépris des classes populaires, et en assumant le fait que ses profits valent plus que nos vies !