Depuis plusieurs années, Erdogan impose petit à petit une véritable dictature en Turquie et s’impose comme le relais incontournable des intérêts impérialistes occidentaux au Moyen-Orient.
En effet, depuis la répression des mouvements sociaux et de contestation du pouvoir en place, notamment autour du parc Gezi près de la place Taksim à Istanbul en 2013, jusqu’aux interventions armées de l’Etat turc qui se sont soldées par la mort de nombreux civils, aux liens plus que troubles avec Daesh, contre l’expérience révolutionnaire du Rojava, Erdogan a progressivement mis en place un véritable régime d’exception.
Depuis 2015 des massacres de centaines de civils kurdes ont été perpétrés par l’armée turque, comme à Cizre, sous prétexte de lutte "anti-terrorriste" contre le PKK. Ces derniers mois, notamment suite à la tentative de « coup d’Etat », la répression est encore montée d’un cran, occasion pour l’arrestation massive (en dizaine de milliers) d’universitaires, de militants et de journalistes, ainsi que la fermeture de plusieurs journaux d’opposition, qui sont depuis longtemps dans la ligne de mire du pouvoir. Certains attendent pendant de longs mois un procès, d’autres ont été condamnés à de lourdes peines avec accusation de terrorisme ou de soutien à action terroriste.
Ces derniers jours, la touche finale de la mise en place d’une véritable dictature de parti unique a été mise en place avec les arrestations des partis d’opposition de gauche, notamment les responsables et les élus de la nouvelle coalition de gauche HDP et de sa déclinaison, locale, le DBP (y compris les maires élus de Diyarbakir). Cette coalition avait dépassé un bras de fer il y a quelques mois pour obtenir des sièges au Parlement à la grande colère de Erdogan. Le HDP vient d’annoncer l’arrêt de toutes ses activités au Parlement face à ces arrestations. Aujourd’hui, dans le contexte de l’Etat d’urgence décrété en Turquie depuis plusieurs mois, qui vient d’être prolongé, ainsi que celui de guerre avec des offensives répétées de l’armée turque au Kurdistan, et en Syrie, le pouvoir de Erdogan n’a aucune limite en termes de répression des opposants dans son pays qui osent lever la voix contre les massacres perpétrés et sa politique guerrière. Inutile de préciser que la répression syndicale n’y échappe pas non plus dans ce paysage, et le droit de grève ne peut plus être exercé en Turquie depuis plusieurs années.
Pendant ce temps-là, l’Etat français comme l’Union européenne laissent faire sans rien dire, voire renforcent la position d’Erdogan et appuient tacitement sa dictature. Avec en toîle de fond un double intérêt : la gestion des migrants fuyant les guerres du Moyen-Orient par la Turquie, sur la base d’accords entre l’UE et la Turquie ; le soutien à la Turquie dans son rôle d’allié pivot pour la sale guerre en Syrie, notamment pour éviter que l’expérience révolutionnaire du Rojava ne renforce son caractère d’alternative concrète à Daesh, et plus largement la volonté d’imposer la présence des armées turques dans toute la région comme avec la présence de ces troupes à Mossoul contre la volonté des Irakiens et des Kurdes, mais avec l’assentiment tacite de la France et des Etats-Unis…
La Confédération nationale du travail-France (CNT-F) appelle :
- à soutenir toutes les mobilisations sociales en Turquie, en France et partout ailleurs, contre la dictature d’Erdogan en Turquie ;
- à la libération immédiate de tou-te-s les prisonnier-ère-s politiques dans les prisons turques ;
- à soutenir le Rojava, et le peuple syrien, contre Daesh, l’Etat turque, le régime autocratique syrien d’Assad et les intérêts impérialistes occidentaux ;
- à soutenir le peuple kurde dans son combat pour la liberté.
La CNT-F exige en outre l’arrêt de toute collaboration entre l’Union européenne, donc l’Etat français et la dictature d’Erdogan en quelque matière que ce soit. Elle exige en outre l’arrêt des bombardements en Syrie et les massacres de civils qui s’ensuivent.
Contre toutes les dictatures, contre l’impérialisme, solidarité internationale !
Le Secrétariat International de la CNT-F.