Tabassé au fond d’une rue par deux flics le 20 février 2018

Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019, les policiers en question ne parlent plus de "braquage", mais assurent avoir "poursuivi un jeune qui s’enfuyait". Ils devaient être jugés le jeudi 17 octobre dernier. L’audience a été repoussée au 12 mars.

Les deux flics accusés devaient être jugés ce jeudi 17 octobre 2019. L’audience a été reportée au 12 mars par la présidente du tribunal correctionnel de Marseille. En effet, seulement 20 minutes avaient été prévues dans une après-midi où 14 affaires devaient être traitées.

Le 20 février 2018, Ishaq, un lycéen de 16 ans vivant dans le Lot-Et-Garonne, est en vacances chez ses deux grands frères marseillais. L’aîné lui demande d’aller lui acheter des cigarettes, dans une épicerie de nuit. Il est 22h30. En sortant de la supérette, Ishaq reçoit un coup de fil et s’enfonce dans la traverse débouchant sur une voie ferrée, tout en discutant au téléphone. Une voiture de police rentre dans la rue mal éclairée.

Le policier avant est descendu du Peugeot Break 307 en me disant : "Qu’est-ce que tu fais ici ? Décale-toi"(...). Puis le même a fait comme s’il allait passer à côté, mais arrivé à ma hauteur, il s’est tourné, et sans me dire quoi que ce soit, il m’a porté un coup de poing au niveau de l’œil droit.

Le jeune homme raconte avoir ensuite subi un véritable passage à tabac. Coups de pied et de poing sur le corps et au visage. « Je leur disais : qu’est-ce que j’ai fait ? En retour, ils m’insultaient de “tapette”, en me disant de la fermer. Ils m’ont aussi dit “sale Arabe”, “bougnoule” ». Emmené aux urgences par les pompiers, Ishaq souffrait de multiples lésions, dont une fracture du plancher de l’orbite.

"Ils lui ont dit qu’il y avait eu un braquage et qu’il ressemblait au braqueur recherché", a expliqué alors l’avocate d’Ishaq, "mais l’enquête de l’IGPN a démontré qu’il n’y avait jamais eu de braquage". Dans le rapport de l’IGPN, remis en avril 2019, les policiers en question ne parlent plus de "braquage", mais assurent avoir "poursuivi un jeune qui s’enfuyait" sans jamais le toucher. Pourtant l’ADN des deux policiers était bien présente sur le blouson de l’adolescent, ainsi que sur un stylo du syndicat Alliance Police nationale.

Contre toutes violences policières, pour que ces tabassages n’arrivent plus, contre toutes les versions mensongères plus ou moins bien agencées des flics face aux violences qu’ils ont commises, rejoignez les appels à commémorer la mort de Zineb Redouane, assassinée par un CRS le 1er décembre dernier dans le quartier de Noailles.

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