- Grève d’une journée, encadrée par les syndicats : qu’est ce que ça veut dire pour nous ?
- Un an de lutte, de manifs non déclarés, de blocages, d’occupations, d’actions... Quelles sont nos forces pour poursuivre et étendre la lutte pour créer la rupture avec nos conditions de vies ?
- Quels espaces d’organisations structurons nous pour nous donner de la force au long terme et sortir de l’exploitation ?
- Au Chili, en Irak, en Iran, en Algérie, en Bolivie, à Hong Kong, partout où la lutte fait rage, comment construire notre propre force ?
A suivre, le compte rendu de la discussion que nous avons eu le jeudi 21 novembre 2019, au local camarade à Marseille :
Les syndicats ont posé une journée d’appel à la grève ce jeudi 5 décembre. Certes ils nous disent qu’elle peut être reconductible.
Or nous, travailleurs nous avons peine à y croire au vu de ce qui est posé dans nos lieux de travail en termes d’organisation et de moyens que l’on se donne pour cette journée et la suite. Il y a peu voire pas d’assemblées pour parler de cette journée sur les lieux de travail, encore moins pour parler de la suite. Cette date a été décidée par les directions syndicales. Ainsi, nous avons constaté pendant ce mouvement que la CGT n’a jamais été en mesure de mobiliser sa base alors que des syndiqués étaient largement présents dans nos rangs. Il nous importe peu au final de savoir si elle ne l’a pas fait à dessein ou par manque d’autorité sur ses bases : soit elle ment, soit elle nous est inutile.
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Il est clair que cette journée vient des organisations syndicales, elles ne représentent pas même 10% des travailleurs. Ces mêmes organisations syndicales ont à peine posé deux journées de grève en plein mouvement des Gilets Jaunes en février et en mars. Nous avons été très peu de travailleurs en mesure de nous mettre en grève faute de force, nous n’en avions tout simplement pas les moyens.
Et puis il y a grève et grève : il y a la grève d’opinion publique, où chacun vient en profitant du droit d’aller la faire - et encore faut-il se dire que si elle représentait une force collective, elle subirait vite les foudres des patrons. Ces grèves ne servent qu’à nous compter et nous gérer en engageant des négociations avec les patrons et le gouvernement.
Et puis il y a la grève comme acte de pouvoir. Celle où il s’agit pour nous de nous organiser collectivement pour faire plier ces patrons, de sortir plus forts de cette journée d’appel.
Des groupes de gilets jaunes appellent à faire des blocages pour faire perdre de l’argent aux grandes entreprises du CAC40. Or le blocage nous donnerait plus de force, nous travailleurs s’il était un outil pour soutenir les grèves. Il créerait un aller-retour entre les travailleurs à l’intérieur de leurs lieux de travail et ceux organisés à l’extérieur. Le blocage est alors un moyen pour étendre la lutte.
Alors nous qui avons tenté de lutter et de créer un rapport de force nous occuperons la rue ce 5 décembre, mais nous nous faisons aucune illusion quant aux structures qui ont appelé à cette journée. Elles ne nous apportent pas de force, si ce n’est de nous permettre de cesser le travail et de sortir dans la rue dans un cadre légal. C’est à cela que principalement servent les syndicats aujourd’hui.
Certains diront que cela leur est bien utile là où ils sont, d’avoir un préavis qui les protège. Nous leur répondons que la légalité ce n’est pas ce que nous avons acquis à travers la lutte. Nous nous sommes organisés en nous donnant des moyens illégaux de luttes : blocages, occupations, manifestations non déclarées.
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Les moyens légaux sont les outils d’encadrement de l’Etat. Ils ne répondent pas aux nécessités que nous rencontrons dans nos luttes, ils ne nous garantissent de rien, puisqu’en dernière instance, ceux qui sont chargés de faire appliquer cette légalité, sont la Police et la Justice obéissantes à l’Etat qui nous fait face. Ils sont les outils de sa vengeance contre nous.
Ainsi ces cadres définis sans que nous puissions y prendre part nous empêche de nous organiser et de créer un réel rapport de rupture avec l’Etat. Ils nous confortent et nous poussent au contraire dans un retour à la normalité.
Nous connaissons aujourd’hui ce qui fait notre faiblesse et notre force : notre dispersion.
Nous sommes isolés c’est notre faiblesse notre force c’est de s’affranchir des cadres légaux pour agir à plein d’endroits.
Si certains d’entre nous n’ont pas la force collective et la possibilité pour faire grève dans leurs lieux de travail nous pouvons permettre à des travailleurs d’entrer en grève.
Nous proposons d’agir collectivement et de manière coordonnée, c’est à dire de nous organiser : rendons nous dans les réunions sur nos lieux de travail, mettons en place des espaces d’organisation, posons notre propre agenda. Déterminons ensemble quels moyens nous nous donnons pour étendre la lutte à l’ensemble des prolétaires.
Au Chili, en Irak, en Iran, en Bolivie, à Hong Kong, partout où la lutte fait rage, c’est face aux mêmes murs que se trouvent ceux qui veulent sortir de l’impuissance : les matraques, les gaz, les balles, les mises à pied, les licenciements, la même violence. Il est plus que temps de construire notre propre force.
La loi n’est pas respectée, ni par l’Etat, ni par nous, en dernière instance
La loi n’est pas en mesure de répondre à nos besoins.
Nous proposons donc dès ce samedi 30 novembre à 19h, au local Camarade, 54 rue Esperandieu, après la manifestation de nous réunir pour parler de la grève, pour nous organiser et nous donner de la force.
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