Une pinède des calanques sera détruite pour l’extension d’une école de management

C’est le journal La Marseillaise qui a diffusé l’information début janvier, au moment de l’appel d’offres pour l’extension de la Kedge Business School, sur le campus de Luminy. 298 arbres doivent être abattus, pour une surface de 11.324 mètres carrés concernée par les travaux.

En plein coeur du massif des Calanques, le campus universitaire de Luminy ne cesse de se couvrir de toujours plus de béton. Des travaux ont d’ailleurs lieu le long de toute la route qui y conduit.

Mais si ces travaux servent à la remise en état de la route, début juin devrait commencer un autre projet, autrement plus destructeur, avec un budget de 19 millions d’euros : l’extension de la Kedge Business School, l’école d’économie implantée aux portes du Parc National des Calanques et des sentiers qui partent en direction de Sugiton et de la Candelle.

Bien que la zone fasse partie du parc et soit considérée comme du domaine vital de l’aigle de Bonelli ainsi que comme site classé, la Préfecture a exempté le 12 juillet 2017 le projet de la nécessité d’effectuer une étude d’impact environnementale préalable, suite à une requête de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Marseille.

C’est un an plus tard, à partir de début juillet 2018 (donc dans six mois), que les pins d’Alep et autres arbres doivent être abattus. En compensation, il est indiqué qu’il faudra "requalifier paysagèrement l’aire de stationnement", que des "terrasses boisées" seront mises en place, ainsi qu’une végétalisation de toitures. Des "dalles gazons" seront installées et 37 arbres "valorisés", selon un vocabulaire typiquement performatif.

Le permis de construire a finalement été délivré en août 2017.

David Coquille, de la Marseillaise, a mis en ligne à cette adresse une bonne partie des documents préfectoraux et des plans du projet afin de les rendre accessibles à tous et toutes.

La Kedge Business School est une école supérieure de commerce et de management et possède des établissements à Bordeaux, Paris, Toulon, et ici, dans les Calanques. On avait appris grâce à Nicolas Sarkozy que "l’environnement, ça commence à bien faire", que cela allait à l’encontre de la bonne tenue des affaires et que la nature devait être performante, exploitable, au service de l’économie libérale. On a ici un exemple concret, un parmi tant d’autres, de l’appropriation exclusive et de la suprématie des chantres du management sur les espaces naturels, sur un héritage commun, sur une merveille qui est à nos portes. Le tout pour former celles et ceux qui, au sortir de l’école, feront fructifier leurs profits et deviendront de nouveaux gestionnaires de l’exploitation.

Le rejet des boues rouges des usines de Gardanne dans les eaux des Calanques en sont un autre exemple du mépris industriel pour la nature, toujours d’actualité. Le déversement des égoûts de Marseille dans la calanque de Cortiou ne donnent pas un aspect plus reluisant à cette volonté de préserver le massif qui avait été à la base de la création du Parc naturel.

Une pétition a été mise en ligne ici pour le retrait du permis de construire.

Si cela n’est pas suffisant, peut-être faudra-t-il envisager de s’organiser physiquement pour défendre cette pinède, comme de nombreuses personnes le font déjà ailleurs en France et à l’étranger contre d’autres projets écocides. Car à moyen ou long terme, ces projets n’ont qu’une seule logique : l’extension, la multiplication, l’appropriation.

Préservons les calanques, refusons ce projet destructeur et le modèle de monde qu’il implique.
Mais voyons le bon côté des choses : la période juin/juillet est plutôt agréable pour passer du temps perchés dans des arbres. Peut-être nous verrons nous pour passer quelques jours et quelques nuits dans les hauteurs et entre les branches ?

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