Noailles le nid d'abeilles from primitivi on Vimeo.
Rappelons que pas loin de là, la Soleam est aussi responsable du projet de restructuration de la Plaine, très contesté, et dont les travaux devraient débuter d’ici peu.
Dès que l’on gratte un peu, dans chacun de ces deux cas, on se rend vite compte que sous couvert de la restructuration, de "l’amélioration" ou autres termes généralement connotés positivement, l’un des buts recherchés à travers ces travaux est d’attirer des habitants mieux lotis et plus riches. Le slogan qui s’étale depuis des années sur la façade de l’ilôt des Feuillants en pleins travaux, "Une Canebière pour tous les Marseillais", est à ce titre particulièrement éloquent.
En effet, qui pourra se loger dans l’hôtel 4 étoiles prévu à cet endroit ? Qui fréquentera le SPA et la brasserie de luxe qui devraient investir le rez-de-chaussée ? Certainement pas "tous les Marseillais". Et encore moins celles et ceux qui habitent tout près. Fait unique en France pour une ville de cette taille, le centre-ville de Marseille est encore très populaire, quand les classes sociales les plus pauvres sont généralement repoussées en périphérie dans d’autres villes.
Le projet de restructuration du centre-ville de Marseille, à Noailles, à la Plaine, vient s’aligner sur cette volonté de la Mairie de devenir une ville comme les autres : attractive, touristique, agréable, positive. Toujours en positif. Mais il y a toujours quelqu’un qui y perd : les habitants. Ces plans urbanistiques appliquent à la lettre un vieux slogans des Jeunesse identitaires, groupe d’extrême-droite qui affirmait sur des autocollants : "Vivre ensemble, oui, mais sans eux".
Dans La société du spectacle, Guy Debord disait que "l’urbanisme est cette prise de possession de l’environnement naturel et humain par le capitalisme qui, se développant logiquement en domination absolue, peut et doit maintenant refaire la totalité de l’espace comme son propre décor."
Même si Marseille fonctionne parfois selon ses propres règles et sa propre logique, elle est aujourd’hui en plein processus de réintégration dans un cadre économique national plus classique. La capitale de la culture, celle du sport, les Jeux olympiques à venir en 2024 s’inscrivent directement dans cette dynamique.
Ils n’ont clairement pas encore gagné. Mais la ville a déjà bien changé. Pas sûr que ce soit en bien. Pourquoi, par exemple, mettre trois ans à construire une ligne de tram rue de Rome aors qu’une ligne de métro y existe déjà, quand les quartiers nord souffrent très clairement de la désserte ridicule en termes de transports publics ?
L’une des réponses possibles est qu’il ne faudrait pas faire venir encore plus de pauvres dans le centre-ville : le projet, c’est justement de les en chasser. Et c’est intolérable.