Pour une démocratie réelle contre l’usurpation du pouvoir
Le 9 novembre 2020, au milieu d’une crise sanitaire, économique et sociale le Parlement péruvien a voté la destitution du président Martín Vizcarra pour “incapacité morale permanente”. Il fut remplacé par Manuel Merino, jusqu’alors président de la Chambre législative. Sur les 105 parlementaires qui ont voté la destitution, la plupart font l’objet de procédures judiciaires pour corruption. Ces 105 votes s’expliquent par des intérêts particuliers représentatifs d’une politique néolibérale et corrompue menée de longue date, aux dépens du peuple péruvien. Sous couvert d’un “acte démocratique” se cachait un coup d’État. Cependant, si la mobilisation sans relâche a réussi à faire démissionner Merino en moins d’une semaine, le Parlement n’a cessé d’instrumentaliser la conjoncture pour se disputer la part du gâteau. Un nouveau président et conseil viennent d’être élus par les parlementaires après de multiples négociations. Bien que ne faisant pas partie de la coalition putschiste, ce regroupement incarne un pacte politique qui ne remet pas en question le système actuel ni le modèle capitaliste ayant mené les péruvien.ne.s dans les rues.
Ce Parlement ne nous représente pas
Composé dans sa majorité des représentant.e.s les plus emblématiques du conservatisme politique, ses membres n’ont cessé de s’opposer aux luttes pour les droits en matière d’égalité de genre, d’égalité sociale et contre les discriminations. On ne peut que rappeler les propos racistes, sexistes, lgbtiphobes tenus par ses membres les plus représentatifs.
C’est pour cette raison que nous rejetons cette classe politique néolibérale et servile qui au milieu d’une pandémie tragique ne fait que s’affronter pour prendre le pouvoir. Nous nous déclarons en insurrection et faisons appel à la solidarité internationale pour demander :
1) La suppression de l’immunité parlementaire
2) Une assemblée constituante populaire pour une nouvelle constitution
3) La suppression de la loi 32023 et la modification du décret 1186 permettant l’usage abusif de la force de la part des agents de l’État ainsi que leur impunité.
4) Justice et réparation pour les victimes de la répression policière et de l’État
Solidarité contre la répression
Nous nous solidarisons avec la mobilisation populaire qui a lieu dans tout le pays, nous exigeons que le droit légitime à la manifestation et à la liberté d’expression soit respecté et nous condamnons fermement la violente répression policière (tirs de chevrotine et de gaz lacrymogènes, arrestations arbitraires, abus et attouchements à caractère sexuel) laissant un bilan d’au moins deux morts, des dizaines de blessé.e.s et plusieurs disparu.e.s. Composée dans sa majorité de jeunes, cette résistance nous représente par sa diversité : étudiant.e.s, travailleur.se.s, paysan.ne.s, ouvrièr.e.s, indigèn.ne.s, afro-péruvien.ne.s, migrant.e.s et personnes lgbtiq+. Jordán Inti Sotelo Camargo (24) et Jack Brian Pintado Sánchez ont été tués par des tirs de la police le 14 novembre. Ils resteront à jamais dans nos mémoires. Ni oubli. Ni pardon.
Nous appelons toutes les organisations syndicales, associatives et politiques à se joindre à notre appel.
Paris, 15 novembre 2020
Collectif Mémoire Contre l’Impunité
www.facebook.com/CoordinadoraMemoriaContraLaImpunidad
Vous pouvez rejoindre cette initiative et signer le communiqué en remplissant le formulaire ci-dessous.
Pour nous contacter, écrire à l’adresse mail suivante : coord.memoriacontraimpunidadfr@gmail.com