À Montpellier, justice de fafs

Deux mois après l’attaque fasciste à la fac de droit de Montpellier avec la complicité du doyen Philippe Pétel, l’affaire "piétine." Témoins intimidés ou non-entendu, aucune mise en examen, déni d’accès au dossier pour les parties civiles, il semblerait qu’on cherche à étouffer l’affaire.

Petit survol d’une affaire de justice à deux vitesses, alors que la répression tant policière que judiciaire s’abat avec violence sur le mouvement social.

Cela commence avec la police, moins zélée apparement quand il s’agit d’intervenir sur une action fasciste. Elle laisse s’échapper le commando le soir de l’agression, intimide un témoin, refuse d’entendre des témoignages. À cela on peut ajouter « des "délais de médecine légale repoussés" pour l’examen des coups et blessures, l’absence "d’expertise psychologique" et des prises de dépositions "en dix minutes" au commissariat, » la liste commence à être longue. [1]

La justice quant à elle fait preuve d’un surprenant manque d’intérêt envers les vidéos « accablantes où l’on distingue des visages non dissimulés d’agresseurs présumés » offerte depuis plus d’un mois par la LDH. [2] Manque d’intérêt qui semble s’étendre aux parties civiles à qui elle refuse de fournir une copie du dossier. Comme le rappelle Montpellier Poing Infos, en « tant qu’ancien directeur de l’institut d’études judiciaires [pendant 20 ans], Philippe Pétel a formé de nombreux magistrats de la ville, et cette proximité pourrait expliquer une certaine tolérance judiciaire. »

Même réluctance il semblerait du côté de l’administration de l’université. Les personnels reconnus par les étudiant-e-s agressé-e-s sont toujours en poste sans avoir été inquiétés. Aucune mesure n’a été prise à l’encontre des deux inculpés hormis leur suspension, pas même la mise en place d’une commission disciplinaire. Alors que, selon Libération, l’enquête administrative de l’Inspection Générale de l’Administration de l’Éducation Nationale qui vient de se terminer établit la responsabilité de Pétel et Boissezon, [3] et « préconiserait "d’entamer des mesures disciplinaires à l’encontre du doyen et de l’enseignant mis en cause". »

Justice de classe, justice de fafs...

Notes :

[2« "On a écrit au procureur puis au juge d’instruction il y a plus d’un mois", rappelle Sophie Mazas, présidente de la LDH 34, qui trouve regrettable que ces éléments restent "inexploités". Et ce alors que certaines personnes reconnues par des victimes sont toujours en poste au sein de l’université. Selon l’intersyndicale, certaines ont même surveillé les étudiants lors des examens et vont désormais les évaluer... » La Marseillaise.

[3« "en donnant l’ordre de libérer le passage, d’ouvrir le portillon d’accès du parking et en effectuant plusieurs allées et venues entre entre le parking et le hall" la responsabilité de Philippe Pétel "s’avère pleinement engagée dans l’intrusion du commando cagoulé". Celle de Jean-Luc Coronel de Boissezon "est également engagée, en accueillant le commando sur le parking et en participant à l’expulsion violente" » Libération.

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