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Au Rojhelat (Kurdistan de l’Est, en Iran)
Ramin Hussein Panahi, dont nous vous avions parlé au cours des derniers mois, vient d’être condamné à mort par le régime iranien. Ramin Hussein Panahi est un peshmerga du Komala, un parti de guérilla kurde iranien, en lutte contre le régime iranien depuis 1979.
Cette semaine, dix personnes ont été arrêtées dans différents villages de la région de Urmiyeh. Elles sont actuellement détenues pour « coopération avec un parti d’opposition kurde ». Ces arrestations font suite au mouvement de répression mis en place par la police iranienne, à l’encontre des manifestations contre le régime qui secouent le pays et de nombreuses villes du Kurdistan.
En juin dernier, suite à un affrontement avec les peshmerga du Parti Démocratique du Kurdistan d’Iran (PDKI), les pasdaran – Gardiens de la Révolution - iraniens ont fait des descentes dans les villages proches de Shnou (Oshnavieh). Sept personnes ont été arrêtées et sévèrement torturées, notamment avec des chocs électriques. Illes sont détenu.es à la prison d’Urmiyeh. Leur jugement a eu lieu le 14 janvier dernier. La Cour d’Urmiyeh a condamné l’un d’entre eux à mort et les autres à des peines de prison allant de 10 à 25 ans, au motif d’ « assistance à une action armée de membres du PDKI, en procurant un abri, de la nourriture ou des biens ». Certain.es ont également été condamné.es pour « appartenance au PDKI » et pour « propagande en faveur du PDKI ».
Le 21 janvier, la Cour d’Urmiyeh a également rendu un verdict pour deux autres prisonniers politiques de la prison d’Urmiyeh. Ils ont tout deux été condamnés à 4 ans d’emprisonnement, pour « coopération avec un parti kurde ». Leur jugement a été suivi d’un transfert immédiat dans la prison de Kerman, une ville située à plus de 1500 kilomètres de leur région et donc de leur famille. Les deux prisonniers avaient passé un mois en cellule de confinement dans Centre de Détention et de Renseignements, subissant interrogatoires et tortures avant d’être transférés à la prison centrale d’Urmiyeh.
Il y a trois mois, en Novembre 2017, nous vous avions parlé d’une émeute qui avait éclatée concernant le refus de la police iranienne d’enregistrer le dépôt de plainte pour agression sexuelle d’une petite fille, par le concierge de son école. 50 personnes participant aux émeutes ont été arrêtées. La plupart sont aujourd’hui sorties sous caution, mais 10 d’entre elles et d’entre eux restent enfermé.es à la prison centrale d’Urmiyeh sans indication quant à leur situation. Les personnes relâchées ont également témoigné des tortures qu’ils et elles ont subit après leur arrestation.
Le chanteur Peyman Mirzadeh vient d’être condamné à 6 mois de prison pour « propagande contre l’état », pour avoir chanté des chants révolutionnaires kurdes lors d’un mariage.
Au Bashur (Kurdistan du Sud, en Irak)
Au Bashur, une crise économique sans précédent a lieu depuis 2013. Les nombreux rebondissements politiques, dont celui du refus de l’indépendance du Kurdistan par le gouvernement irakien, intensifie cette crise. L’Irak est une république fédérale. Chaque région est autonome dans certains domaines, et prises de décisions. Certaines restent sous l’autorité du gouvernement central, établi à Baghdad. C’est ce gouvernement central, qui a refusé l’indépendance du Kurdistan irakien. Bien que l’indépendance n’ait pas eu lieu, et que son autonomie ait été réduite, le Kurdistan irakien continue d’avoir son propre gouvernement. Depuis plusieurs années maintenant, ce gouvernement kurde de la région du Kurdistan irakien fait des coupes drastiques dans les salaires des fonctionnaires, voire ne les paie plus du tout. L’année dernière, les instituteurs et institutrices ont été en grève pendant plusieurs mois pour dénoncer la corruption et réclamer leur salaire. Cette semaine, ils et elles se sont à nouveau mis.es en grève, et ont déclaré ne plus ouvrir les écoles jusqu’à ce que leur salaires leur soit entièrement versé.
Au Bakur (Kurdistan du Nord, en Turquie) :
Les raids de l’armée turque que l’on vous avez déjà annoncé il y a deux semaines dans la région de Silopi continuent. L’armée coupe l’électricité dans les villages avant de procéder aux opérations militaires. Une dizaine de personnes ont été arrêtées cette semaine. La Turquie a de nouveau bombardé les montagnes du Kurdistan Irakien, dans la région de Sharbajer, au nord de Suleimaniyeh, ainsi qu’à Qandil.
Le 22 janvier, les forces des HPG* ont frappé simultanément plusieurs bases militaires turques dans la région de Hakkari, en réplique à ces attaques de l’armée turque.
Le co-dirigeant du HDP* du district de Nusaybin, Ferhat Kut, a été arrêté lors d’un raid de la police turque, pour avoir assisté à une conférence de presse en soutien à la ville d’Afrîn, au Rojava (Kurdistan de l’Ouest, en Syrie). De nombreuses arrestations ont été effectuées à travers le pays pour avoir participé à des rassemblements en soutien à Afrîn. 15 personnes ont notamment été arrêtées à Istanbul. Enfin, Leyla Guven, co-responsable du DTK (Congrès de la société démocratique) a été arrêtée dans sa maison à Amed (Diyarbakir). Elle est actuellement toujours en détention.
Mercredi dernier, l’autorité turque d’information et de communication a bloqué tous les accès au site internet Jinnews, un site d’information par et sur les femmes kurdes en Turquie. Le site est à nouveau accessible à l’adresse : http://www.jinnews1.com/en
Au Rojava (Kurdistan de L’est, en Syrie)
Le 21 janvier dernier, l’armée turque a lancé une opération militaire de grande ampleur dans le canton de Afrîn. Afrîn est l’un des trois cantons (région administrative) au Rojava (Kurdistan de l’Ouest, en Syrie), administré par le Parti de l’Union Démocratique (PYD)*. Il a la particularité de ne pas avoir de continuité territoriale avec les deux autres cantons (Kobané et Jezireh). Le PYD, au pouvoir dans la zone depuis XXX, est une organisation sœur du PKK. La Turquie, en guerre sur son territoire avec le PKK, considère l’établissement du PYD à sa frontière comme une menace majeur. Ainsi, l’attaque d’Afrîn est à comprendre dans le contexte de la guerre de l’Etat turc contre les kurdes. Dans cette opération baptisée « Rameau d’olivier », l’armée turque effectue des bombardements, des opérations de survol aérien, et des opérations militaires terrestres. Au sol, ces troupes sont secondées à l’ouest par des unités de l’ASL (Armée Syrienne Libre). La Russie, présente en Syrie, s’est retirée de ses postes de contrôle, et a accepté l’entrée des troupes turques sur le sol syrien. Erdogan a menacé de faire échouer les pourparlers de paix, en Syrie, si la Russie ne laissait pas la Turquie attaquer les Kurdes. Les YPG, les Unités de Protection Civiles kurdes, quant à elles, concentrent leurs forces pour résister. Des troupes combattent au sol, défendant les villages de la ligne de front et des roquettes sont tirée sur les positions de l’armée turque en Syrie et dans la province de Hatay en Turquie.